Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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18 nov. 2008

L'invité du 36e : une saison peu uniforme, vue par Laurent Mirouze

De la fin de l'été 14 au printemps 15, qui marque l'arrivée du drap "bleu horizon" dans les uniformes, les habits des soldats connaissent une véritable refonte. Retour sur cette "révolution de velours" avec Laurent Mirouze, auteur du livre, avec Stéphane Dekerle, de L'armée française dans la Première Guerre mondiale*, paru récemment, qui nous a commenté spontanément 5 photographies du 36e régiment d'infanterie. Merci à lui !

← La Neuvillette (Reims), décembre 1914 (détail). "Voilà un soldat qui a déjà deux mois et demi de campagne : il porte un uniforme de la collection de guerre qu'il a touché au moment de la mobilisation. Il est parti équipé de neuf, mais premier signe d'adaptation, il a mis ses chaussettes sous ses guêtrons (la bande molletière n'arrive qu'en décembre 1914) et, semble-t-il, un pull-over sous sa capote. On est donc encore dans la période où l'on use les uniformes du temps de paix. Un détail : cet homme porte un col droit. Certains officiers et sous-officiers vont très vite l'abandonner pour un un col rabattu large, qui n'irrite pas la peau du maxillaire inférieur."

→ Plaine de Courcy, novembre 1914. "Cette photo est intéressante pour un détail : si la zone claire sur la manche droite de la capote de ce soldat est un galon, elle signifie l'introduction des galons réduits. En août et septembre 1914, beaucoup de cadres et d'officiers français sont en effet abattus par des tireurs d'élite allemands, qui étaient des soldats formés pour cela dans les compagnies d'infanterie. Dans les carnets, on note ainsi beaucoup d'exemples où des sous-officiers et des officiers français se disent personnellement visés. On a donc demandé aux officiers d'abandonner le plus rapidement possible leur vareuse pour la capote de troupe, avec des galons dont la taille était réduite."

← Plaine de Courcy, novembre 1914. "Cette photo est symptomatique de l'époque : le soldat à gauche possède une cartouchière en cuir ; celle de droite est en tissu. Cela résulte certainement de la pénurie de cuir qui est intervenue à ce moment-là. Pour pallier à cette carence, on fabriquait alors des "équipements de substitution" dans une grosse toile : des ceinturons, des cartouchières, des brelages, etc. Ces équipements de mauvaise qualité ne tiendront pas longtemps la vie en première ligne, et lorsque l'intendance aura rattrapé son retard et fabriquera de nouveau des effets en cuir, ces "ersatz" seront utilisés principalement pour l'instruction dans les dépôts."

→ Bois de Beaumarais, hiver 1914. "Cette "intersaison" de l'hiver 1914-1915 est très disparate du point de vue des uniformes, qui perdent complètement leur aspect militaire. Sur cette photo, les soldats portent des effets qu'ils ont touché à la mobilisation, avec des vêtements qui ont été envoyés par les familles, qui ont paré tant bien que mal aux carences de l'intendance avec des tricots, des chaussettes, des gants, des cache-nez. Les soldats font pratiquer aussi souvent des améliorations sur leurs habits : des poches sont cousues sur les capotes, on fait des bandes molletières à partir de tissus que l'on a découpés, etc. Puis, progressivement, avec l'arrivée des hommes du dépôt, on voit apparaître les nouveaux uniformes avec le fameux drap "bleu horizon". Dans ces uniformes, priorité est donnée à la fabrication des capotes et des képis. Enfin, à partir du printemps 1915 interviennent les distributions massives de la nouvelle collection. Le panachage est terminé."

←Bois de Beaumarais, printemps 1915. "Les soldats ici ont touché leur nouvel uniforme depuis quelques heures – on le voit le drap est raide, les plis sont cassants, les deux soldats n'ont pas encore mis leurs insignes sur les cols... Ils portent la nouvelle capote Poiret ! Cette capote était très facile à fabriquer. Elle était construite dans une seule pièce de drap et on la taillait très vite. Sa couleur bleue résulte d'une pénurie d'alizarine, la plante à partir de laquelle on extrayait la garance, qui était essentiellement produite par les Allemands. Sans alizarine, les Français ont donc fait des mélanges à partir d'indigo et de blanc, ce qui a donné le bleu clair, qui plus tard a été appelé le "bleu horizon". Il y a une très légère nuance entre les deux uniformes sur la photo : il y avait en effet beaucoup de variétés dans les draps, qui venaient aussi bien d'Espagne, d'Angleterre, voire des Etats-Unis..."

* Si vous voulez en savoir plus, lisez le remarquable ouvrage de Stéphane Dekerle et Laurent Mirouze L'armée française dans la Première Guerre mondiale, éd. Verlag Militaria, 99 €. Renseignements et bonnes feuilles : voir ce blog.

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