Détail du Triomphe de la mort (1562), de Pieter Bruegel l'Ancien, musée du Prado.Le 15 juillet 1915, Etienne Tanty, jeune soldat au 129e régiment d'infanterie, écrit du village de Neuville-Saint-Vaast à sa famille :
"Qu'est-ce que Neuville aujourd'hui ? Un tas de pierres, de boue, de linge déchiré et pourri, de ferraille et de débris humains ? Il y en a d'autres qui vivent pendant ce temps, qui jouissent de la lumière et des plantes. Mais trouvez-moi donc dans l'univers un être qui mène une existence comparable ! Qu'est-ce que ça me fout votre patrie et tout le fourbi, qu'en ai-je, moi ? Cocu, battu et content ? Non ! Et trop heureux encore de se fourrer dans un coin de cave, sur quelques fétus de paille pourrie, pleine de poux, de mouches et de moustiques et de la sale boue des souliers, exposés à entendre déclencher la fusillade et à y partir dans la pluie, les décombres, les mitrailleuses et les torpilles qui s'effondrent sur les sapes repérées. Obligées de faire, à l'occasion, un tas d'âneries qui peuvent passer par la cervelle de quelque officier à l'abri dans son gourbi et qui s'en fout alors des marmites et de la pluie..."
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