
9 juillet 1968 - "Politique étrangère encore, 43 morts, 67 blessés, tel est ce bilan du bombardement de Suez effectué hier par l'artillerie israélienne..." La voix de Jacqueline Baudrier soliloque depuis quelques minutes à l'antenne de France Inter. Fernand Mathias ne l'écoute plus. Les yeux bleu-gris perdus dans le vague, l'homme s'abandonne aux images et à ses souvenirs qui reviennent invariablement pour ce jour anniversaire.
9 juillet 1968-9 juillet 1918. Il y a cinquante ans, pratiquement heure pour heure, alors qu'il était au 36e régiment d'infanterie, il était évacué d'Antheuil, dans l'Oise, le cou et le poumon perforés par une balle. Cinquante ans ! Un demi-siècle exactement. Que de chemin parcouru depuis sa mobilisation, en août 14, au 24e régiment d'infanterie. Un mois plus tard, il avait été blessé à Loivre d'une balle au pied. Soigné, il était venu regonfler les effectifs du 36e RI, en novembre 1915, décimé par les combats dans Neuville-saint-Vaast.

A la démobilisation, après sept années sous les drapeaux, Fernand avait retrouvé une activité dans les chemins de fer dans la région rouennaise. Il aurait pu, comme beaucoup, se sentir écrasé par ces années de souvenirs sanglants. Il n'en avait rien été. Cette guerre se terminait. Une nouvelle démarrait, cette fois pour son village normand, Alizay, dans l'Eure. Il s'était distingué, là encore, par quelques "hauts faits" : ses trois mandats de maire (1953, 1959 et 1965), l'extension industrielle du bourg après la Seconde Guerre mondiale, la sérénité retrouvée de ses habitants, l'implantation de la Société industrielle de cellulose en 1954, la visite de Nikita Khroutchev... Et puis il y a avait sa femme Augustine, qui avait été sa "marraine de guerre" : le 19 octobre prochain, presque un mois avant le cinquantenaire de l'armistice, ils allaient fêter leur jubilé de vie commune. Décidément, la fin de cette année allait être chargée !
monsieur, j'ai découvert par hasard ce site et permettez moi de vous féliciter pour le travail remarquable, précis et passionnant de cette quête d'un passé si tragique. Cet hommage à ces hommes qui se sont sacrifiés est bouleversant et se lit comme un roman.
RépondreSupprimercontinuez je viens sur votre site comme si j'allais au cinéma avec joie et envie.
Merci beaucoup pour vos compliments. Cet hommage, je l'espère, ne va pas se terminer de sitôt. La séance va continuer...
RépondreSupprimerun compliment, un encouragement, une poignée de main, une médaille, une accolade pour votre travail et l'émotion du souvenir que l'on ressent à la lecture de votre blog. Bravo.
RépondreSupprimerMalo
Je prends tout, mais je laisse la médaille ! Merci à vous
RépondreSupprimerJérôme