Les pages d'histoire du 36e régiment d'infanterie

14 mars 2010

Funeste Brimont

A gauche : le secteur de Brimont le 13 septembre. La flèche rouge montre pour l'armée française l'axe de l'attaque du 129e RI, la bleu, celui du 36e RI.

Funeste Brimont… Avec Charleroi, Douaumont, Neuville-Saint-Vaast et quelques autres sites, cette petite colline tranquille de la Marne appartient sans doute aux lieux où le 36e régiment d'infanterie fut le plus éprouvé. Du 13 au 17 septembre, selon un rapport rédigé par le lieutenant-colonel Bernard, commandant du 36e RI, pour tenter de déborder l'ennemi retranché dans le château de Brimont, la ferme de l'Espérance, le village de Bourgogne, positions organisées avec autant de soin que des ouvrages de sièges, les pertes vont atteindre 750 hommes*. De surcroît, lors de ces funestes journées, deux bataillons de la 10e brigade, un du 129e RI et un du 36e RI, vont être capturés**.
A quoi ressemble le paysage que découvrent ces hommes le 13 septembre au matin ? L'historique du régiment du Havre nous décrit plus longuement ces lieux : "Un large glacis descend du village de Saint-Thierry jusqu'à la dépression du ruisseau des Fontaines, qu'empruntent le Canal de l'Aisne à la Marne et la voie ferrée de Laon à Reims. Cette dépression s'étrangle entre le pied du glacis, marqué par le village, le château de Courcy et le mamelon isolé de Brimont, dont les pentes sont couvertes de bois. Le Canal et la voie ferrée, en profonde tranchée, formant un obstacle qui n'est franchissable qu'en quelques point très espacés. La route de Courcy à Brimont franchit le Canal et la voie ferrée, puis traverse la Verrerie entre l'usine à droite et les maisons ouvrières à gauche ; elle monte ensuite à travers bois jusqu'au village de Brimont, situé sur la crête. A la sortie Nord de la Verrerie, un chemin se détache à droite, suit le pied du mamelon et conduit au Château de Brimont, situé dans le fond du vallon descendant du village de Brimont vers le sud et vers la dépression du Canal."
Quatre-vingt seize ans plus tard, les lieux n'ont pas changé.  Une fois sorti des petits pavillons qui bordent la sortie de Courcy, vous retrouvez les ponts franchis, le 13 septembre, par le 129e et l'emplacement de la Verrerie, aujourd'hui occupé par une petite cité ouvrière, construite en 1923. Le régiment du Havre s'y retranchera pendant cinq jours, avant de subir une contre-attaque allemande qui jettera la panique dans ses rangs. De même, vers le sud-est, on aperçoit toujours les bois de Soulains où le 36e se protégera tant bien que mal des bombardements de l'artillerie allemande et où de nombreux contre-attaques furent enrayées "à la baïonnette". Dans ce petit boqueteau, le 14 septembre au soir, le commandant Navel, du 2e bataillon, recevra l'ordre d'aller occuper le château de Brimont, situé un kilomètre plus au nord, et dont une tour se dresse encore. Il y sera rejoint vingt-quatre heures plus tard par le premier bataillon du 129e. Mais ceci est une autre histoire que nous allons découvrir.

*Rapport rédigé le 21 septembre 1914.
** Le bataillon du 36e est non comptabilisé dans les 750 hommes évoqués par Bernard. Un premier bilan établi à Chenay le 21 septembre 1914 fait état pour les hommes pris au piège du château de Brimont de huit officiers et 650 hommes de troupe (pour le 36e RI), et de neuf officiers et 800 hommes de troupe (pour le 129e RI). Pour le 36e RI, certaines études mentionnent des pertes globales du 13 au 17 septembre de 1 564 hommes de troupe et 22 officiers.

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