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Reconstruit à l'emplacement du précédent domaine, le château de Brimont apparaît
encore aujourd'hui enfoui dans sa cuvette au milieu des arbres. |
On ne fait pas la guerre avec des "Si..." Et pourtant, qu'il me soit permis ici de me poser une question. Si mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly n'avait pas été désigné pour jouer les flanc-gardes d'un
assaut avorté le 14 septembre, aurait-il fait partie de ceux de sa compagnie qui, dans la nuit du 14 au 15, réussirent à se glisser au nez et la barbe des lignes ennemies pour aller occuper le château de Brimont ? Mon aïeul, comme nombre de ses camarades, aurait alors certainement été fait prisonnier. Car la demeure, bordée par un grand parc, se révéla être un véritable guêpier pour les deux bataillons de la 10e brigade qui s'y risquèrent. Un récit dactylographié adjoint au Journal de marche du régiment, sans doute rédigé par le capitaine Meunier de la 7e compagnie lors de sa captivité, nous en dit un peu plus long sur ces trois journées.
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Le château de Brimont de 1914 vu du nord-est.
C'est par ce côté que l'attaque du château par les
Allemands, le 17 septembre, démarre. A gauche de la tour,
on devine le toit de la chapelle (Photo DR). |
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Le 14 septembre 1914 au soir le 2e bataillon du 36e est de nouveau dans les bois de Soulains et attend de nouveaux ordres. Les hommes prennent quelques repos en
attendant la distribution de vivres annoncée, mais le commandant Navel (
que Fernand Le Bailly a vu, le 5 juin, lire l'appel de Joffre)
donne l’ordre d’occuper le château de Brimont immédiatement mettant le
bataillon en marche sans attendre le retour des corvées envoyées aux
vivres. La 5e compagnie s’avance à droite parallèlement à la route
conduisant au château. La 7e compagnie à gauche de cette route ; les
deux autres compagnies (la
6e et la 8e)
suivent. Les deux compagnies de tête contournent de
chaque côté l’enclos formé par le château, son parc et la ferme. La 7e compagnie pénètre dans le château par une brèche faite dans la
grille par le bombardement. La 5e compagnie par une porte de la ferme
trouvée ouverte. Je me rencontre avec le capitaine Thil, commandant la 5e compagnie, au centre de l’enclos. Il fait une nuit
profonde, impossible de rien voir. On entend seulement, tout près,
l'ennemi qui abat des arbres.
Des petits postes sont placés en avant
des bâtiments et je dispose le reste de la compagnie dans le parc,
derrière le château. Pendant ce temps, les deux compagnies de queue ont pénétré dans le parc en se frayant une brèche dans
la clôture.
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La façade sud et la terrasse du château de Brimont, en 1914,
donnaient sur le parc (Photo DR). |
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Le jour va paraître, les patrouilles partent explorer les
abords de la position, mais reviennent bientôt ayant rencontré les
allemands qui se retranchent à la lisière du bois qui domine le château.
Dès qu’il fait assez clair, le commandant Navel examine les abords de
la position. Nous sommes dans un creux dominé par le bois de Brimont,
dont nous sommes séparés par un glacis de 130 à 150 mètres de large
dénudé et à pente assez raide. Sur la face de droite un mouvement de
terrain distant d’à peu près 200 mètres nous masque la vue, à gauche des
champs de betteraves nous séparent de la Verrerie que l’on n’aperçoit à
environ un kilomètre et que nous croyons savoir occupé par le 129e
régiment d’infanterie.
Face à l’ennemi, le château, des communs et
des bâtiments de ferme offrent une ligne continue de murs. Il en est de
même sur une grande partie de la face de droite composée de bâtiments de
ferme et de murs du parc. Les deux autres face sont limitées par
l’entourage en grille les grillages du parc. Pour le moment, elles
n’auront besoin que d’être surveillées. Une aile du château est en
ruines, quelques bâtiments de la ferme sont endommagés. Le bombardement a
en outre tué une quantité de bestiaux qui commencent à se décomposer."
(
A suivre...)
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