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La tombe d'Adrien Laloé aujourd'hui,
à Ifs-sur-Laizon. |
Avec le mois d'avril, les bombardements reprennent dans le secteur du bois de Beaumarais. La canonnade des Allemands, à coups de 150, de 77... est dirigée sur le mont Hermel, les bois de Beaumarais, et plus particulièrement sur Chaudardes, où les soldats du 36e régiment cantonnent, à 4 kilomètres de la première ligne. Du 13 au 17, le petit village est arrosée quotidiennement. Le 16 avril, c'est le drame : après une interruption de près de vingt jours, la danse macabre redémarre. Trois hommes sont tués, comme le rapporte ce compte-rendu rédigé par le commandant du 2e bataillon : "
A 17h, un premier obus de gros calibre tombait dans la partie sud-ouest du village, sur une maison inoccupée. Une sentinelle de la 8e compagnie [il s'agit du Coutançais
Pierre Robert],
placée dans le rue en face, fut projeté contre le mur et tué. Un deuxième obus dans la partie centrale du village éclatait au-dessus de l'entrée d'une cave dans laquelle une section de la 5e compagnie était en train d'entrer. Deux hommes furent tués [le Parisien
Fernand Bodeux et un soldat natif du Loir-et-Cher,
Louis Franchet]
et quatre blessés. Six autres obus tombèrent dans le même îlot de maisons, ne causant que des dégâts (très importants). Les deux derniers tombaient sur deux maisons de la sortie nord du village ne causant que des dégâts. Sur les 4 blessés, un seul est grièvement atteint à la tête. Les autres ne le sont que légèrement aux membres. Le médecin du bataillon fait un compte rendu sur la gravité des blessures. Tout le monde est dans les caves et j'ai prescrit que cette nuit les hommes y coucheraient."
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Le cimetière militaire de Romain pendant la guerre. |
Quelques jours plus tard, la mort s'invite dans les bois de Beaumarais. C'est au tour du Verdunois
Jules Mérienne (12e
Cie) et du Caennais
Lucien Lapersonne (8e
Cie) de tomber sous les obus dans les bois de Beaumarais. Puis,
le 23, la faucheuse, jamais bégueule, revient à Chaudardes, cueillir
Adrien Laloé, soldat de la sixième compagnie. Pauvre Adrien... Né à Chef du Pont, dans la Manche, en 1886, il avait rencontré Désirée Catherine, qu'il avait suivie dans la grande plaine de Caen, au hameau de Condé-sur-Ifs. A la déclaration de la guerre, il s'était retrouvé naturellement dans le régiment du Calvados. Jusqu'à ce jour, où blessé avec un de ses camarades, il sera secouru par le médecin aide-major Emile Beix (le même qui a tenté de sauver Wiart,
un autre Adrien, chef de bataillon, d'une blessure infligée par un tireur d'élite allemand). Mais cela ne suffira pas. Adrien sera enterré dans le cimetière militaire de Romains, et son acte de décès ne sera retranscrit que deux mois plus tard. A la fin de la guerre, sa dépouille reviendra dans le village de son épouse, où elle repose désormais au pied d'une épitaphe à demi effacée par le temps et les pluies..
Merci encore à Valérie Lecroq pour ses photos sur Adrien Laloe.
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