Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

28 mars 2012

La presse en revue, semaine 32

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

En France  Le député du Nord, Jean-Jacques Candelier (voir RP 23, 30, 31), à l'initiative d'un projet de loi de réhabilitation des fusillés pour l'exemple, vient d'adresser une lettre portant plusieurs questions à Marc Laffineur, secrétaire d'état aux Anciens combattants, qui demandent précision sur ses déclarations à l'Assemblée nationale le 12 janvier dernier, lettre reproduite sur le blog d'Eric Viot Les Blessures de l'Ame. ● Le maire de Verdun a répondu au courrier de Sylvie Genevoix au sujet du transfert des cendres de l'écrivain Maurice Genevoix au Panthéon (voir RP 26) et précise sa pensée : ce qu'il regrette, c'est "l'inclusion d'un tel transfert dans le cadre du programme officiel national de la Commémoration du centenaire de la première guerre mondiale".

Dans les régions ● Selon L'Alsace, une étude sur le "tourisme mémoriel" (voir RP 13, 24), réalisée dans six départements français (Bas-Rhin, Meuse, Calvados, Somme, Var et Haute-Vienne), montre que son poids économique est loin d’être négligeable. ● A l'occasion du centenaire de 2014, selon Le Dauphiné, la commune nord-iséroise de Pressins veut reconstituter dans un champ loué pour l'occasion 200 mètres de tranchées, ouvertes au public, dans le cadre du festival des Historiales. Le site devrait être articulé sur "trois lignes de front" et la manifestation prolongée jusqu'en 2018. ● Le quotidien Ouest-France revient sur l'été 1918 dans la ville de Redon  (Ille-et-Vilaine), où "5 400 soldats américains ont investi la ville, ses manoirs, ses châteaux, ses parcs et ses places"....  ● ... et se fait l'écho, dans son édition du 17 mars, de la démarche d'un collectif de Saint-Nazaire qui se bat pour la réhabilitation de fusillés pour l'exemple de Loire-Atlantique. ● Que faire du monument allemand du cimetière Saint-Charles à Sedan (voir RP 28) : le démolir ou le conserver ? L'Union-L'Ardennais poursuit le débat sur son site dans un article paru le 15 mars dernier. ● Rassemblement de collectionneurs le week-end du 31 mars à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) avec un groupe de reconstitution habillé en soldats allemands de la Première guerre mondiale. Un des participants explique ses motivations pour porter l'uniforme à La Voix du Nord (photo).

Hors de France ● L'inventaire des 100 000 monuments aux morts, et leur éventuelle restauration pour le centenaire de 2014, se poursuit en Angleterre dans le cadre de la campagne "Lest We Forget", initiée par le Sunday's Telegraph, qui a reçu l'appui du gouvernement. ● A Londres, l'Imperial War Museum dévoile ses projets d'agrandissement de ses salles (voir RP 29) consacrées - entre autres - à la "Grande Guerre", rapporte le site MayorWatch. (en anglais) ● Un Anglais amateur d'objets sur les zeppelins est en passe de vendre la totalité de sa collection, soit 15 tonnes d'objets divers (photos, instruments, jouets, photographies...), rapporte le Dailymail. (en anglais) ● Selon la BBC, le duc de Kent, président de la Commonwealth War Graves Commission, vient de récompenser trois Anglais qui ont géolocalisé, depuis cinq ans, près de 20 000 sites et tombes de soldats dans le monde entier. (en anglais) ● En Belgique, le Conseil des ministres a approuvé la structure d'organisation de la commémoration de la Première Guerre mondiale en Belgique. Selon une dépêche du site RTLinfo, la Wallonie et la fédération Wallonie-Bruxelles consacreront respectivement 33,4 et 4,1 millions d'euros aux commémorations de la Première Guerre mondiale. ● Selon le site Northumberlandnews.com, près de  4000 étudiants des régions canadiennes du Northumberland et du Durham sont attendus à Vimy (Pas-de-Calais), début avril, pour commémorer le 95e anniversaire de la bataille de 1917.(en anglais) 

Dans l'agenda...  ● Le programme de la journée de commémoration du 16 avril 2012 au Chemin des Dames est à télécharger sur le site du CRID. Au programme : marche commentée (5h15 et 21h00), spectacle de chansons, veillée musicale et une présentation de l'ouvrage de Denis Rolland sur Robert Nivelle... ● Du 19 mai au 30 septembre, le musée de Meaux ouvre sa première exposition temporaire sur le monument symbolique qui garde son entrée The Marne Battle Monument et son créateur, l'artiste Frederick MacMonnies.
A voir, à lire et à écouter...  ● A lire : le numéro 24 de La Lettre du Chemin des Dames vient de paraître. En "une" : le porfolio d'un sergent photographe, un dossier sur les "refus de soins", l'inscription du nom caporal Lefèvre sur le monument de Morfontaine... Pour ceux qui ne sont pas abonnés (c'est gratuit), la Lettre est à télécharger ici. ● A lire Articles et discours de guerre de Georges Clemenceau 1914-1918, textes recueillis et édités par la société des amis de Georges Clemenceau, préface de Jean-Jacques Becker, éd. Pierre de Taillac, 23 €  ● A lire La première guerre d'Hitler, de Thomas Weber, éd. Perrin, 25 €. ● A lire Écrire sa guerre. Témoignages de soldats canadiens-français, de Michel Litalien, Outremont, Athéna éditions, 39 € (lire une recension sur le site du Crid). ● A voir : dans le cadre du cycle de conférences dédié à la Grande Guerre, la mairie du XIe arrondissement organise une projection-débat autour du film Journal d'un médecin dans les tranchées, de Joëlle Novic, à partir du journal de Lucien Laby, médecin et soldat. Vendredi 30 mars à 19h, salle des mariages,12, place Léon Blum, Paris. ● A voir : la Maison de l’histoire de France a mis en ligne sur son site Internet, une carte interactive des "mille lieux d’histoire et de mémoire" présents sur tout le territoire français. Pour l'heure, quelques musées consacrés à la Première Guerre mondiale y figurent.  ● La Commission Armées-Jeunesse (CAJ) du ministre de la Défense vient de diffuser un nouveau rapport sur le thème du devoir de mémoire et du sens à donner aux manifestations commémoratives officielles. La brochure peut être directement téléchargée à cette adresse.  ● Dans un communiqué mis en ligne le 20 mars dernier, l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) présente ses fonds privés sur la Première Guerre mondiale qui rassemblent 16 000 photographies sur un corpus total estimé à 72 000 clichés. ● A écouter : Caroline Lachowsky a reçu le 19 mars, dans le cadre de son émission "Autour de la question" sur Radio France International, François Cochet, au sujet de son dernier livre Armes en guerre. ● A écouter encore : le musée Impérial de la Guerre de Londres poursuit sa série de podcasts consacrés à l'engagement des Tommies pendant la Grande Guerre. Le 13e feuilleton revient sur l'attaque au gaz, à Ypres, en avril-mai 1915, où dans des enregistrements de survivants témoignent de leurs combats.


Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

22 mars 2012

L'invité du 36e : l'exercice de stèle de Claude Duneton

L'écrivain Claude Duneton s'est éteint hier à l'âge de 77 ans. C'est donc avec une certaine émotion que je remets en ligne l'entretien qu'il m'a très gentiment accordé à son domicile parisien en juin 2009, où il raconte la genèse de son roman-vrai "Le Monument" (qui fut, entre autres, à l'origine de ce blog). L'occasion de saluer une dernière fois cette homme qui ne voulait pas que l'on oublie trop vite les "tourlourous" de sa Corrèze morts sur les "champs d'honneur".

Si la pierre angulaire de ce blog est le 36e régiment d'infanterie, elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre de "glaneurs de l’Histoire" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains… – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Claude Duneton est de ceux-là. Il y a peu, il réhabilitait la mémoire du sous-lieutenant Paul-Albert Granier, poète mort en 1917. Et en 2003, il achevait de raconter l'histoire des 28 soldats de sa commune dans un magnifique roman-testament Le Monument. Pour nous, il revient sur la genèse de ce livre.

En sous-titre du Monument, on lit "roman vrai". Qu'est-ce qu'un "roman vrai" ?
Avant la sortie du livre, j'ai essayé avec l'éditeur de trouver un sous-titre. Je ne voulais pas appeler Le Monument "roman", point final. Roman, ça veut dire quoi ? Ce texte n'était pas un reportage, il était une reconstruction. En anglais, on aurait pu appeler ce texte "non-fictionnal novel". Et puis, quelqu'un a suggéré "roman vrai" et j'ai été content de cela : Le Monument est un roman, mais sur des bases authentiques.

Vous portiez ce livre en vous depuis longtemps ?
Non. Deux choses ont déclenché cette envie d'écriture. J'ai commencé à travailler sur ce projet en 2001. Nous venions alors de passer l'an 2000. Un jour dans mon village de Lagleygeolle (en Corrèze, NDR), je me suis mis à regarder le monument aux morts. Il y avait cette longue liste et je me suis dit : "Merde, la moitié des noms, je ne sais absolument pas qui c'est". À part quelques noms que j'identifiais, comme celui du fils du forgeron – il s'appelait Antoine Arfeuil –, l'absurdité de cette situation m'est apparue encore plus fort. J'ai été alors pris d'une émotion à l'idée que ces hommes étaient totalement oubliés et qu'ils s'étaient fait saigner pour rien du tout : pour l'Europe, le machin, tout ça... Et tout à coup, ce sentiment s'est démultiplié : nous n'étions plus au 20e siècle, nous n'étions plus au siècle de cette guerre, et ces soldats devenaient aussi vieux que les soldats de Napoléon ou ceux qui s'étaient battus à Waterloo. Cela m'a serré le coeur. On ne savait même pas qui était ces garçons. C'était trop injuste.

Et la deuxième raison que vous évoquez ?
Et puis, il y a eu la sœur d'Arfeuil : elle était de 1900, elle est morte en 2000. Cette femme, je la connaissais bien. Je m'asseyais à côté d'elle dans le bourg, on bavardait, et je n'avais jamais pensé à lui demander qui étaient tous ces gens inscrits sur le monument. Or, elle savait tout ! Et le fait qu'elle soit disparue, je me suis dit qu'il n'y avait plus personne. Les autres habitants du village étaient nés en 1921. C'était donc fini... J'ai pensé qu'il faudrait retrouver ces soldats, retrouver qui ils étaient. Et puis une pensée m'est venue : "Oui, mais c'est toi l'écrivain de la commune. Ce serait peut-être à toi de faire ce travail." Alors je me suis dit que j'allais le faire. Comme un devoir.

Ressentiez-vous de la culpabilité vis-à-vis de ces hommes, de cette culpabilité que vous mentionnez dans votre livre : "la culpabilité des survivants" ?
Je me sentais probablement en dette vis-à-vis d'eux. Coupable : non. Je ne me sens pas coupable ni responsable de quoi que ce soit, mais cette liste de noms... On ne savait plus du tout qui étaient ces gars...

Il y a enfin le coup de gueule de votre père, le 11 novembre 1964, lors de la cérémonie qui figure au début de votre livre. Cette colère est-elle aussi à l'origine du roman ?
J'ai évidemment repensé à l'explosion de mon père, lorsqu'il s'était mis à hurler ce jour-là : "Ah nom de Dieu, elle était belle la guerre ! Vous pouvez en faire des simagrées. Ça vous va bien." La guerre de 14-18 lui avait toujours paru une boucherie inutile, même en la faisant. Alors oui : j'ai fait ce livre un peu comme si c'était lui qui l'avait écrit, avec ses idées à lui. Après tout, mon père m'a un peu nourri. Symboliquement, c'est comme si c'était lui qui racontait cette histoire. Il n'aura pas lu Le Monument, car il est mort en 1966, mais je pense qu'il aurait été très heureux de ce livre...

Ah oui ?
Oh là oui ! Il l'aurait lu, relu. Il aurait été content, comme si c'était lui qui l'avait écrit. J'en suis absolument sûr. Le Monument est ouvrage pieux en réalité !

Une autre chose surprend dans Le Monument : vos "personnages" parlent en occitan. Pourquoi ?
Avant Le Monument, je n'avais jamais écrit quelque chose sur Lagleygeolle et je me le reprochais. J'avais écrit sur la langue française, sur moi, etc. Pas sur mon village ! Et j'avais toujours remis de parler de ce sujet, sans doute à cause de ce problème de langue. Vous savez, il y a des romanciers comme Michelet – des gens très bien d'ailleurs –, qui reconstruisent le passé et font parler leurs personnages en 1920 ou à une autre époque en leur faisant dire : "Où vas-tu Marie cet après-midi ?" Mais ils ne parlaient pas français chez nous ! Et je ne peux pas supporter de faire des trucs qui ne sont pas véridiques... Avant Le Monument, cela avait toujours été une barrière. Alors je me suis dit, avant la rédaction de ce livre, que mes personnages allaient parler occitan. Dans mon dernier roman, La Dame de l'Argonaute*, je raconte l'histoire d'une fille qui part de Juillac, en Corrèze, et devient une grande scientifique autodidacte. Lorsqu'elle est revenue chez elle, en 1916, personne ne parlait français...

Comment avez-vous démarré vos recherches pour Le Monument ?
Alors, je suis allé à la mairie, et j'ai vite retrouvé des actes d'état-civil. Mais ça a été difficile. Avec bonheur, une copine m'a aidé, et tout le monde s'y est mis : une secrétaire de mairie, des gens du village... Après ce travail, je suis parti à Tulle, aux archives départementales. Et là-bas, j'ai déniché les fiches de mes gars. Sauf que j'ai dû tout éplucher. Alors, bien évidemment, je suis tombé sur des patronymes que je ne connaissais pas, et je ne savais pas du tout où habitaient ces hommes... La commune de Lagleygeolle compte en effet beaucoup de hameaux. J'étais très embêté. J'ai rencontré aussi d'autres problèmes : en relisant les fiches matricules j'ai repéré un homme qui n'était pas porté sur le monument…

Le fameux Pierre Manimont ?
Oui. Sa fiche disait qu'il était originaire de Jugeals-Nazaret, domestique chez Feix, au hameau du Flomont, avant de partir à l'armée. Le grand Pierre,… Il mesurait un peu plus d'1,70 m. Heureusement, j'ai demandé à une femme qui animait un club de généalogie, Chantal Sobieniak, de m'aider dans mes recherches. Elle était très experte et elle m'a aidé à résoudre beaucoup de problèmes (une plaque a été apposée sur le monument pour réparer cet oubli, voir la photo ci-dessous, NDR).

Vous ne vous êtes donc jamais autorisé de licence littéraire pour écrire la vie d'un homme ?
Ah non ! Aucune licence littéraire : je me suis assez enquiquiné pour savoir où ces garçons vivaient vraiment !

Vos travaux de recherche se sont arrêtés là ?
Non ! Muni de toutes ces informations, il ne me restait plus qu'à aller à Vincennes, au Service historique de la défense, et lire un par un les Journaux de marche et d'opération (JMO) des régiments dans lesquels ces hommes avaient été engagés. C'était encore l'époque où on lisait ces documents sur microfilm. Il fallait prendre des notes…

Aviez-vous un "bagage" culurel sur l'armée française avant 14 et la guerre 14-18 pour écrire votre roman ?
Pas vraiment. Avant de me mettre à écrire, je ne savais pas combien il y avait d'hommes dans un régiment, dans une compagnie, ce qu'était une escouade... Il m'a fallu apprendre. Mais c'était délibéré : je ne souhaitais pas, en effet, avoir une vision synthétique de cette période. Je ne savais rien, par exemple, sur la bataille de la Marne, sur la Somme, je n'avais rien lu sur Nivelle, Mangin… J'ai découvert tout cela au fur et à mesure, en lisant les Journaux de marche et d'opération. Et je crois que rester au ras des tranchées, avec mes mecs, donne une vérité au livre.

Venons-en aux influences. Avez-vous lu des romans ou des témoignages avant la rédaction proprement dite ?
Pas plus ! Je n'ai pas plongé dans des romans ou des témoignages pour garder sur ce sujet une virginité. Je n'ai pas bouquiné Genevoix, Barbusse, Dorgelès… Je devrais maintenant, mais pour Le Monument je n'ai rien lu, à l'exception des archives, de la presse de l'époque et du, roman largement autobiographique, La Peur, de Gabriel Chevallier. Mais je n'ai découvert ce livre qu'après avoir commencé la rédaction du Monument.

Pourquoi faire une exception avec Chevallier ?
On m'avait parlé de Chevallier, et je me suis aperçu qu'il parlait exactement de la guerre 14-18 comme mon père : ces années avaient été une vraie connerie, une escroquerie d'une méchanceté terrible… Mon père a fait la guerre avec la trouille au ventre du début jusqu'à la fin. Et il ne s'en cachait pas. Il n'était pourtant pas dans les pires conditions : il était dans les crapouillots, l'artillerie de tranchée, après avoir été dans le train. Il ne montait pas à l'assaut avec l'infanterie…

Vous êtes également allé sur les champs de bataille. Sur la quatrième de couverture du Monument, il y a une photographie de vous près de la plaque commémorative à la mémoire du soldat Lauregans, entre Ecurie et Neuville-Saint-Vaast…
Cette photo a été prise par ma fille Louise. J'ai été dans tous les endroits que je relate dans le livre. Je ne conçois pas d'écrire des trucs si je ne sais pas de quoi je parle. Et puis, en allant sur le terrain, les choses s'éclaircissaient. Les JMO prenaient un sens. Pour la Somme, le neveu d'Antoine Arfeuil, qui vivait dans la région, m'a amené à l'endroit exact où son oncle a été tué. C'est la seule fois où j'ai été guidé sur les lieux. Pour le reste, je me suis débrouillé. C'est comme ça que j'ai découvert les alentours d'Ypres. J'ai résidé pendant trois mois à la Villa Mont-Noir, qui est une résidence d'écrivains, où j'ai rédigé une grande partie du livre. J'ai pu faire ainsi de fréquents aller-retour à Neuville-Saint-Vaast. J'étais tout près de la Belgique, de Poperinge, d'Ypres…

Et vous êtes retourné à Verdun pour les besoins du livre ?
Non, car aucun soldat de Lagleygeolle n'y a été tué. J'y suis quand même passé avec Louise, car ce lieu signifie beaucoup pour moi. Pendant toute mon enfance, j'ai entendu parler de Verdun. Mon père, quelques jours avant sa mort, criait dans son lit :"Pourquoi ils ne m'ont pas tué à Verdun ?"

Certains paysages vous ont-ils plus marqué que d'autres ?
Oui, le plateau de Lorette. C'est un endroit vraiment étonnant. J'ai découvert aussi les vallées autour de Saint-Mihiel. On comprend bien ce qui s'est passé. Je ne connaissais pas non plus les Eparges. J'ai été très étonné par les Ardennes belges, comme Bertrix, où a été tué le petit Jules Giscard, et qui m'a demandé un vrai travail d'enquête.

Au final, combien de temps cela vous pris pour rassembler toute cette documentation ?
Dans les deux ans.

Combien de temps a duré l'écriture du Monument ?
À peu près un an. Mais à des rythmes parfois très poussés. A la villa Mont-Noir, il y a eu ainsi trois mois d'écriture intense, c'est-à-dire de 4 ou 5 heures du matin jusqu'à 10 heures du soir.

Que ressentiez-vous au fur et à mesure de l'écriture ?
J'ai été très troublé par cette expérience. Je suis très rationnel, mais certaines choses que j'ai écrites m'ont profondément bouleversé. Je vais vous donner un exemple : lors des deux dernières semaines d'écriture du bouquin, j'ai essayé de rentrer en contact avec les descendants du soldat Michel Manimont. Je savais que Michel avait une petite fille, qui vivait à Toulouse. Dans les quinze derniers jours, cette femme m'a donc appelé. Elle avait été élevée par sa grand-mère, la femme de Manimont, qui lui avait beaucoup parlé de Michel. Et vous savez ce qu'elle me dit : "Ma grand-mère et Michel s'aimaient beaucoup, ils s'adoraient, etc." Et moi qui avait, au préalable, construit tout le livre sur l'adoration de Michel pour sa femme ! Oh que j'étais mal ! Après ce coup de fil, j'ai passé une demi-heure atroce. J'ai eu l'impression que tous ces mecs m'avaient guidé, que Michel m'avait suivi, qu'il était dans la pièce…

Comme si vous aviez été accompagné par les mânes de Michel et de tous les autres...
Oui. Oh que j'ai eu peur ! Je vais vous donner un autre exemple avec Victor Jugie, qui meurt dans mon livre alors qu'il creuse une tranchée au petit matin. J'avais écrit qu'il prenait un coup de baïonnette dans la gorge. Quelques semaines après la parution du bouquin, j'apprends que, selon la tradition familiale, il s'était fait égorger… Ça fait beaucoup de coïncidences, vous ne trouvez pas ?

Propos recueillis par Jérôme Verroust, juin 2009. Merci à Mireille et Joël Picard pour la photo du monument de Lagleygeolle.

Le Monument, de Claude Duneton, éd. Seuil (9 €) ou Balland (20 €). À lire : La Dame de l'Argonaute, de Claude Duneton, éd. Denoël, 20 €.

19 mars 2012

La presse en revue, semaine 31

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

En France ● Période électorale oblige, l'hebdomadaire Marianne consacre un article, sous la plume de la directrice adjointe de la rédaction, à l'intérêt que quatre candidats aux présidentielles portent à l'histoire. ●  Nicolas Sarkozy s'est rendu mercredi 14 mars, en tant que président de la République, à la grande mosquée de Paris pour y rendre un hommage aux combattants musulmans morts pour la France pendant la Première guerre mondiale (1914-1918), rapporte La Croix.

Dans les régions ●  La Voix du Nord est revenu plusieurs fois, la semaine passée, sur la disparition de Jean Letaille (photo), historien à Bullecourt (Pas-de-Calais), qui a consacré sa vie à entretenir l'amitié franco-australienne. L'homme disparaît à quelques jours de l'ouverture de son musée (le 25 avril), qui retrace les combats ayant eu lieu autour de son village, d'avril à mai 1917, lors de la bataille d'Arras. ● Le petit musée d'Erquinghem (Nord) propose une exposition temporaire sur le révérend britannique David Railton, "le premier qui a eu l'idée de célébrer un soldat inconnu", selon La Voix du Nord. ●  Après les chutes de neige et les pluies qui ont suivi, les sapes de la Grande Guerre réapparaissent dans la campagne loossoise, (Nord). Un abri vient ainsi d'être redécouvert selon La Voix du Nord. ● Ce même quotidien revient sur la conférence du député Jean-Jacques Candelier, à Lewarde, pour la réhabilitation des «fusillés pour l'exemple» de la guerre 14 (voir RP n°30), "des hommes qui avaient eu le courage de dénoncer la barbarie et l'incompétence de leurs supérieurs", selon le député. ● A lire dans le magazine interactif Obiwi, un reportage qui explique comment des passionnés ont reconstitué dans le jardin d’un particulier une tranchée 1914-1918, à Mogeville (Meuse). ● Selon L'Union-L'Ardennais, les restes de deux soldats de la Grande Guerre ont été découverts dans le secteur de la Main de Massiges (Champagne), lors de travaux de réaménagement des tranchées par l'association en charge du site (avec diaporama). Aucune plaque d'identité n'a été découverte, mais les boutons des uniformes, ornés d'une ancre marine, prouveraient que ces hommes étaient des coloniaux. ● La Nouvelle République dresse le portrait de l'entreprise Classique Aéro Service, située à Orbigny (Indre-et-Loire), "la seule qui restaure en France des avions de collection en bois des années 1910, 20 et 30", dont certains datant de la Première Guerre mondiale.

Hors de France ● Environ 650 heures de films datant de la Première Guerre mondiale ou consacrées à cette période vont être numérisées et mises à disposition sur le portail internet www.europeanfilmgateway.eu ainsi que sur la librairie numérique européenne Europeana (www.europeana.eu), selon un communiqué du Deutsches Filminstitut. Le site internet du projet est d'ores et déjà en ligne : http://project.efg1914.eu/  ● Le site de l’International Society for First World War Studies, qui réunit dans son comité éditorial la plupart des grands historiens anglo-saxons de la Grande Guerre, vient d'ouvrir une nouvelle page bibliographique collaborative, qui emprunte à plusieurs sources. ●  Selon le site de la RTBF, une exposition historique, commémorant le centenaire de la déclaration de guerre d'août 1914 aura lieu à Liège, au Grand Curtius, en 2014. Elle sera orientée, entre autres, sur la résistance de Liège et l'occupation de la ville de Louvain en août 14.

Dans l'agenda...  ●  A voir, à l'occasion du 94e anniversaire du commandement unique à Doullens, deux expositions jusqu'au 1er avril : "Carnets intimes d'un poilu 14-18", " Reconstitution d'un poste de secours" et "Les soldats inconnus de la Grande Guerre, vus par des enfants de CM2" au Musée Lombart-Chapelle de Louvencourt ; "L'après-guerre : gueules cassées, société civile et militaire, décorations et monuments aux morts du doullennais" dans la salle du Commandement unique, hôtel de ville de Doullens. Avec, en outre, des visites gratuites, des conférences. Programme à télécharger ici.
A voir, à lire et à écouter...  ● Le n° 266 de la Revue Historique des armées vient de paraître. Consacrée aux relations militaires entre la France et le Canada, elle contient un article sur le 22e bataillon canadien-français, qui combattit dans les tranchées de France et de Belgique, de 1915 à 1918. ● A lire également, sur le site Lisa revues, un article sur "George Desvallières et la Grande Guerre" (voir RP n°7). ● A voir, à Nantes, à la galerie MélanieRio, selon le site Paris-Art, une exposition photographique consacrée au "Dark tourism", qui montre "l'ambigüité de l'engouement pour le tourisme de guerre ou le tourisme mémoriel". ● A lire sur le site Sources de la Grande Guerre, le premier volet d'un "billet-feuilleton" sur le programme Europeana 1914-1918 et sa genèse. A noter que l'intégralité d'une journée d'information (qui a eu lieu le 16 décembre dernier), ayant trait à cette initiative, avec les présentations des communications, articles et parcours des intervenants, a été mise en ligne récemment sur le site de la BnF. ●  A lire, sur le site Auracan, une interview de Romain Hugault à l'occasion de la parution de sa BD, parue récemment, Le Pilote de l’Edelweiss. ●  Sur le site Ceux de 14, Michel Merckel présente son livre 14-18 : le sport sort des tranchées (éd. Le pas d’oiseau, 20 €) où il explique comment la Première Guerre mondiale "a servi de tremplin au sport moderne français et en a favorisé la diffusion". L'ouvrage est préfacé par l'ancien athlète et secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports Roger Bambuck.


Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

12 mars 2012

Verbatim martial

Ci-contre et ci-dessous : trois images tirées de l'adaptation cinématographique des Croix de bois, de Raymond Bernard (1931), qui reconstitue l'attaque du village de Neuville-Saint-Vaast. Selon Laurent Véray, dans son livre La Grande Guerre au cinéma, le tournage du film fut effectué sur le champ de bataille lui-même, en Champagne, aux abords du fort de la Pompelle, où le sol était resté comme en 1918. Les séquences dans le village furent réalisées dans un décor, reconstitué par le directeur artistique Jean Perrier.

Dans la production testimoniale autour du 36e régiment d'infanterie et son rôle à Neuville-Saint-Vaast, certains documents peuvent être lus avec circonspection. Tel le long rapport baptisé Extraits de quelques récits vécus des combats de Neuville-Saint-Vaast. Le document jauni, long de 19 pages, aujourd'hui conservé sous la cote 24N83 au Service historique de la défense, à Vincennes, rassemble, par compagnie, un certain nombre de témoignages des trois régiments de la 5e division d'infanterie, dont quelques-uns du régiment de Basse-Normandie (dont nous avons déjà donné des extraits ici et ). Signé par le général de division Charles Mangin, il  rassemble ce qu'a dénoncé, en son temps, l'écrivain Jean-Norton Cru dans son essai Témoins (1929) : "Optimisme irraisonné sur nos troupes et nos armes ; calomnie du courage de l'ennemi et rabaissement de sa force ; formes de style fausses et exagérées empruntées à la presse , qui dénaturent les faits et les sentiments du front ; mots pompeux et creux qu'on croirait réservé au chauvinisme de l'arrière". Il n'empêche qu'entre les lignes, on peut y retrouver un certain nombre d'informations sur les conditions des combats en juin dans le petit village d'Artois.

Tous les préparatifs de combats insistent ainsi sur la difficulté de leur mise en oeuvre. "Nous partons prendre nos positions sous un bombardement terrible, de plus l'eau commence à tomber, elle est accueillie d'abord avec joie, car elle rafraîchit, mais tout de suite elle devient gênante à l'excès dans les boyaux qu'il nous faut traverser, nous avons peine à avancer, nous marchons dans un dédale de sapes dont le fond par la pluie a été transformé en véritable cloaque." En outre, "le ravitaillement devient de plus en plus difficile en raison de la position avancée" et "les hommes meurent de soif".
A quelques heures de l'assaut, le dispositif se met en place. "C'est le lendemain matin que devait avoir lieu l'attaque générale (...) et le jour levant trouva les mitrailleurs occupés au minutieux nettoyage de leurs pièces. On poussa même les précautions jusqu'à enrouler les affûts et les pièces dans des toiles de tente afin que les observateurs ennemis ne puissent repérer les emplacements que les mitrailleurs allaient occuper dans leurs futures positions." Au réglage savant (l'attaque du 5 juin racontée par le 7e Cie du 129e RI "fut exécutée par vagues successives, 5 vagues de 60 hommes") succède une ruée incontrôlée, avec un mot d'ordre : "Pas de formation savante". Et pour cause : à certains endroits, les lignes se touchent pratiquement. ("En débouchant de la parallèle de départ, la première vague devait se précipiter sur une barricade construite en sacs de terre et située à 30 mètres de la parallèle".)
Les officiers s'élancent avec leurs hommes : "Le lieutenant (...) organise son attaque en faisant placer lui-même des sacs à terre en escalier pour permettre aux hommes de sortir plus promptement. (...) Puis il gravit le talus et sort de la tranchée le sabre haut : les hommes le suivent et disparaissent dans un nuage de fumée." L'usage demeure le même d'une unité à l'autre : "A 8h30 les compagnies étaient prêtes baïonnettes au canon, grenades à la main, et quand les officiers crièrent : "En avant" d'un coup de main, les parapets de sacs étaient renversés et tout le monde s'élançait vers les lignes ennemies." Invariablement, "la plupart sont fauchés, l'un d'eux revient le visage ensanglanté et tombe inanimé dans la tranchée. (...) Le lieutenant reste encore debout avec deux ou trois hommes, il marche droit vers la tranchée allemande, il la voit pleine de Boches, il décharge son revolver sur eux et excite ses hommes à jeter des bombes et des grenades." Puis, "quelques soldats sautent dans la tranchée et commencent le nettoyage à coups de grenades". "On se porte en avant (...) : vivement la compagnie progresse dans les boyaux, sautant par-dessus les barrages pour aller plus vite. En un moment toute la ligne a avancé, dépassant l'objectif donné. Vivement on s'installe, on fait des créneaux en vue d'une contre-attaque." 
La "musique des grenadiers" dans les Croix de Bois.
Outre les tranchées, dans les rues de Neuville-Saint-Vaast, les soldats doivent franchir des barricades. Avant l'assaut démarre "la musique des grenadiers : les grenadiers sont debout sur la brèche, ils lancent leurs produits avec dextérité, mais trouvant le fourbi gênant, au diable tout l'équipement... les cartouchières... le bidon... et certains d'entre eux se présentent en bras de chemise, manches retroussées jusqu'aux coudes." Puis les attaques par "vagues" du 5 juin se succèdent. Après la première vague,  "la 2e vague arrive alors à la rescousse et franchit la barricade (...) puis les 3e, 4e et 5e vagues, chacune tentant de dépasser l'autre. L'élan des hommes est tel (...), le dédale des cours, des sapes, des maisons est si compliqué que les vagues ne tardent pas à se disloquer et que l'action de chefs devient difficile à se faire sentir. (...) Bien que tous les soldats connaissent le but à atteindre, chacun d'entre eux s'emploie (...) à coopérer à l'action d'ensemble. Là un soldat prend le commandement de ses camarades et les fait fouiller une maison, là un sous-officier fait construire une barricade pour empêcher le retour offensif, etc." Le nettoyage peut alors commencer. "Au mur mitoyen avec les Allemands, et tout de suite à travers les créneaux et par-dessus les murs, elle commença à les harceler de grenades et de coups de fusils, visant tous ceux qu'on apercevait par les fentes des portes ou les fenêtres. Puis à l'aide de bombes incendiaires, on mit le feu à la charpente. Le lieutenant qui la commande, répartit ses hommes dans les maisons les plus proches et fait fouiller les caves, d'où partent les coups de feu. C'est alors, dans l'intérieur des maisons, la lutte au corps à corps, les grenades se lancent en pleine poitrine, les coups de feu partent à bout portant, les hommes ouvrent leur couteau et s'en servent." Quelquefois, le piège se referme sur les quelques soldats qui sont passés : "Quelques Boches à plat ventre, faisant les morts, nous laissent passer puis nous tirent dessus à bout portant." Pendant que certains font le coup de feu, d'autres entassent rapidement pierres, sacs, etc. dans le but d'édifier une barricade. "Elle fut vite terminée et tous alors se donnèrent le plaisir de descendre encore quelques Boches dont les corps servirent à finir leurs barricades car ils manquaient de matériaux." Puis la progression reprend...


10 mars 2012

La presse en revue, semaine 30

Après quelques jours de vacances, suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

En France ● C'est paru dans toute la presse et il n'y a pas lieu de renvoyer sur un titre en particulier ou une analyse : la loi fixant au 11 novembre de chaque année la commémoration de tous les morts pour la France a été publiée au Journal officiel du mercredi 29 février 2012. Il y est précisé que lorsque la mention "mort pour la France" a été portée sur l’acte de décès, l’inscription du nom du défunt sur le monument aux morts de sa commune de naissance ou de dernière domiciliation, ou sur une stèle placée dans l’environnement immédiat de ce monument est obligatoire. La demande d’inscription peut être faite auprès du maire de la commune ou à défaut par les autorités militaires, les élus nationaux et locaux, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre par l’intermédiaire de ses services départementaux et les associations d’anciens combattants et patriotiques ayant intérêt à agir. ● Selon L'Est Républicain,  lors de la profanation de quatre caveaux  dans l’Ossuaire de Douaumont, le 8 mars dernier, des "crânes" et des "ossements" de combattants de 14-18 ont été nuitamment volés. Les cryptes rassemblaient des reliques des secteurs de Froideterre, Fleury, Cote 304 et Samogneux. Une enquête est en cours.

Dans les régions ● Selon Le Courrier Picard, en Haute-Picardie, "certains hôtels déjà complets pour le centenaire de 14-18". Sans surprise, ces réservations seraient effectuées par des Anglais. ● Le week-end dernier, Gérard Longuet, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, présidait la cérémonie inaugurale des travaux de rénovation du monument ossuaire de la Haute Chevauchée en Argonne, rapporte L'Union. L'occasion d'évoquer la création d'un futur musée à ciel ouvert pour les cérémonies de 2015. ● Le 2 mars dernier, le député du Nord Jean-Jacques Candelier, à l'origine d'une  proposition de loi relative à la réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple de la guerre de 1914-1918 a organisé une conférence sur ce sujet à Lewarde (Nord), qui a réuni une cinquantaine de personnes (voir RP 23). ● Le 9 mars dernier, dans le cadre du 14e Printemps des poètes et de l'autisme, grande cause nationale 2012, s'est tenu au musée de la Grande guerre du Pays de Meaux un concert de l'Ensemble Calliopée, sur le thème "L'Enfance face à la violence". Ce spectacle réunissait de jeunes autistes âgés de 14 à 20 ans sensibilisés à l'histoire de la Première Guerre mondiale. ● Selon La Voix du Nord, en prévision des festivités liées au centenaire de la première bataille pour Cambrai de novembre 1917, le 118 REM, régiment britannique, viendra à Flesquières (Nord) au grand complet, à l'occasion de cérémonies commémoratives autour du "tank" Deborah. ● L'Union du Cantal revient sur le travail de mémoire d'un retraité de l'Education nationale sur le régiment de réservistes, le 339e RI. ● La vie de Clémenceau "à partir de 1917 et de la Grande Guerre" sera bientôt portée à l'écran, selon le site Toutelatele. Le téléfilm sera réalisée par Olivier Guignard ("Un Village français", "1788... et demi...") et "le Tigre" sera incarné par Didier Bezace. ● A lire une interview de Kamel Mouellef, qui revient sur la genèse de la BD Le Jasmin et la Boue (éd. Tartamudo, 14 €) dans El Watan (voir RP spécial 11 novembre). Avec son travail, le co-auteur espère "contribuer à la transmission de la mémoire pour que la jeune génération s’approprie son histoire".

Hors de France ● Le coup d'envoi des "journées d'action" dans le cadre de l'opération Europeana 1914-1918 a débuté. Ces derniers jours, des opérations de collectes se sont déroulées à la Bibliothèque nationale de Luxembourg et au musée du Lancashire, au Royaume-Uni. Prochaines étapes : la bibliothèque nationale d'Irland (21 mars), et en Slovénie, à la bibliothèque France Bevk (28 mars). Rappelons que cette campagne a pour but de "contribuer à l’émergence d’une mémoire européenne" de la Grande Guerre. Elle s'adresse aux citoyens de dix pays qui ont la possibilité de partager leurs archives familiales, sous la forme d’objets et de témoignages, sur un portail Internet dédié à la Première guerre mondiale qui se focalisera sur les "histoires vécues" (pour plus d'informations télécharger ce dépliant). ● Aux Etats-Unis, une dépêche de Reuters US évoque la rivalité qui oppose Kansas City et Washington DC pour abriter un mémorial "national" de la Première Guerre mondiale (voir RP 28). ● Le réseau de recherche sur le patrimoine mondial et le tourisme (université de Mont Saint Vincent, Halifax, Canada) lance une enquête internationale sur Internet sur les perceptions et les représentations de la Première Guerre mondiale, les valeurs attribuées au patrimoine et aux lieux de mémoire, et les liens entre patrimoine de la Grande Guerre et tourisme. ● Selon une dépêche Associated Press, le ministre polonais de la Défense aurait décoré un vétéran de 112 ans qui se serait battu dans les unités de cavalerie polonaises de la Première Guerre mondiale.

Dans l'agenda...  ●  La Société des Lettres de Bar-le-Duc organise le jeudi 15 mars une conférence sur "Pétain et Verdun : de la réalité au mythe", animée par Jean-Pierre Harbulot (Université Henri Poincaré à Nancy). ● Les 22 et 23 mars prochain, colloque "Sur les chemins de la Grande Guerre" au théâtre du Familistère de Guise. Selon son dossier de presse "ce colloque international réunit des chercheurs d’horizons divers autour de l’étude des déplacements, depuis la logistique militaire et l’expérience combattante de la marche jusqu’aux itinéraires, pendant et après-guerre, des civils et aux traces de ceux-ci dans les collections muséales." ● L'exposition "Missing of the Somme" (du 19 avril au 25 novembre, à l'Historial de Péronne) dévoile son programme dans un communiqué : "A travers le parcours de plus de 150 soldats britanniques, l'exposition «The Missing of the Somme» explore le destin de ces hommes qui ont profondément marqué la société britannique, dont le souvenir continue à être vivant, encore aujourd'hui. L'exposition présente l'incroyable travail de Pam et Ken Linge, qui ont réuni 8 000 portraits sur 73 000 noms inscrits sur le Mémorial de Thiepval. Aussi, les thèmes du deuil et du souvenir sont abordés avec les lieux de commémorations, la construction de cimetières, le travail de la Commonwealth War Graves Commission (CWGC) et le témoignage des familles de soldats disparus. Enfin, l'exposition traite du tourisme de mémoire comme prolongement du pèlerinage des familles après-guerre." (voir RP 20).
A voir, à lire et à écouter...  ● A lire Deux guerres totales 1914-1918 1939-1945 : La mobilisation de la nation, de Dominique Barjot, éd. Economica, 35 €. Selon sa présentation, ce livre "décrit la mobilisation des hommes dans la Grande Guerre, le fanatisme technologique de la guerre moderne et la mobilisation économique de l'arrière". ● A lire la BD Pour un peu de bonheur, de Laurent Galandon et A. Dan, Bamboo, 13,90 € qui évoque le retour des gueules cassées chez eux après la guerre (lire une interview de l'auteur sur le site ToutenBD).

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?