(Ci-contre : en novembre 1914 (supposé), la 9e compagnie, qui sera décimée le 1er juin. Son commandant pose avec son sabre, le sous-lieutenant Girard. Lieu : château de Saint-Thierry ? Photo DR)
Après le récit de la 10e compagnie, ce 1er juin, déplaçons la caméra au centre du champ de bataille de Neuville-Saint-Vaast, dans l'actuelle rue Marron (voir cette photo), axe d'attaque de la 9e compagnie du 36e régiment d'infanterie. Chaque maison de cette ruelle est occupée par des Allemands. Certains bâtiments, comme le groupe de maisons baptisé "C3", sont de véritables fortins retranchés. Pour progresser, la 9e compagnie doit également s'emparer de barricades, comme celle qui relie les maisons B2 à B1 et qui est armée d'un canon de 77. Voici la retranscription de cet assaut que l'on peut lire dans un ensemble de rapports rédigés après le 10 juin 1915, et signés par Mangin, général de la 5e division.
"Le 1er juin, à 18 heures, la 9e compagnie reçoit l'ordre d'attaquer la barricade et le groupe C3 (voir ce plan) en liaison à gauche avec la 12e compagnie et à droite avec la 11e (récit à lire ici). Le lieutenant Girard commandant la compagnie se lance à l'assaut de la barricade à la tête de deux sections de sa compagnie commandées par le sous-lieutenant Cabonat (il s'agit, en réalité, du sous-lieutenant Cabouat) et l'adjudant Costantini. Le commandant de la compagnie encourageant ses hommes de la voix court d'un bout à l'autre de la barricade activant le lancement des grenades, lancement dont il donne lui-même l'exemple. L'adjudant Costantini, grièvement blessé, ne veut pas quitter sa place de chef de section. Une seconde blessure l'achève."
La barricade prise, le canon de 77 est alors retourné. La confusion du combat est indescriptible. Les Allemands qui occupent encore les caves des maisons conquises continuent de tirer par les soupiraux et occasionnent de nombreuses pertes. Pour les faire fuir des incendies sont déclenchés. Mais les brasiers rendent les liaisons difficiles. Une lutte très vive s'engage dans les rues et les maisons à coups de grenades.
"À gauche, les sections de Neufville et Rousseau se lancent à l'assaut du groupe de maisons C3. Le sous-lieutenant Rousseau est tué. Le sergent major Dupre prend le commandement de sa section (il prendra le commandement de la compagnie par la suite, NDR). Le sous-lieutenant Neufville est blessé ; forcé de se replier avec sa section, il se rejette à l'assaut quoique blessé ; blessé une deuxième fois, il relance une troisième fois sa section contre les murs de la maison C3, mais cette attaque échoue. Une troisième fois touché, il passe alors le commandement de sa section à l'aspirant Masse (il s'agit du frère de Pierre Masse, NDR) qui est bientôt lui-même blessé. Les débris de la section de Neufville se retranchent alors dans ses emplacements, cependant que la section Dupre va renforcer sur la barricade les deux sections commandées par le lieutenant Girard.Et l'on vit alors cette chose magnifique et presque surhumaine : de 20 heures à 2 heures du matin, c'est-à-dire pendant six heures, un sergent, le sergent Aurousseau, le caporal Mouillard et le soldat Lepeley qui, debout sur la barricade et sans armes, se faisaient passer des musettes remplies de grenades, tuaient ou blessaient les groupes allemands sans cesse renouvelés derrière leurs retranchements. Plus d'officiers, le sous-lieutenant Cabonat (Cabouat) ayant été blessé peu de temps après le lieutenant Girard. Le sergent major Dupre commandait la compagnie dont l'effectif été réduit de 122 hommes et dont les cadres n'existaient pour ainsi dire plus."
Au cours de la nuit, une lutte très vive se développe autour de la barricade. Les grenades font bientôt exploser les munitions placées près du canon de 77. Cet incident cause de nombreuses pertes et l'ennemi en profite pour reprendre la barricade et la maison E1, au croisement de la rue Verte et de la Grande Rue. Le groupe de maisons C3, où la section de Neufville découvre de nombreux cadavres carbonisés, est également évacué devant la violence de l'incendie. Forcée de se replier au petit jour, la 9e compagnie finit par réoccuper ses premiers emplacements.
Pourquoi ce blog et comment le lire ?
Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.
Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.
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9 janv. 2009
Rue Barbare
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