Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

30 mai 2012

Fauché en août : Pierre Amar (1892-1914)

Le cyrard et sous-lieutenant Pierre Amar, de la 9e compagnie du régiment de Caen, n'aura pas plus de chance que son chef de bataillon Auguste Bouleis : blessé mortellement le 22 août 1914 sur le champ de bataille, il sera enseveli dans une tombe provisoire, à proximité de l'ex-café Léonard (voir photo ici). Il repose aujourd'hui à la nécropole de la Belle-Motte, à Aiseau (tombe n° 537, photo).

26 mai 2012

La presse en revue, semaine 39

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

En France L'exposition "1917" (site officiel) a ouvert ses portes le 26 mai dernier au Centre Pompidou-Metz, et ce, jusqu'au 24 septembre 2012. "Exposition océan", selon les mots de Laurent Le Bon, directeur du Centre (source AFP), cette manifestation inaugure en France le cycle des manifestations du centenaire de la Première Guerre mondiale en interrogeant la création artistique sur une seule année. Elle combine les arts plastiques et visuels, les documents historiques mais aussi les armes et les objets militaires. Le mot d'ordre est donc la pluridisciplinarité, selon Le Républicain Lorrain, et mêle de multiples niveaux de lectures (source : suite101). Plusieurs pièces d'importance sont à voir, comme Parade, "le plus grand Picasso du monde", selon Lor'actu, le char FT 17, qui inaugure l'exposition, ou la discrète installation autour des petites poupées de laine Nénette et Rintintin, racontées par le blog Lunettes Rouges.

Dans les régions ● Selon L'Union, un hommage à Maurice Genevoix a été rendu le 24 mai dernier, à Reims, en présence de sa fille. Etaient présents Bernard Maris, conseiller scientifique de la Mission de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, et l'écrivain Michel Bernard, auteur d'un livre sur Genevoix (éd. Table Ronde). ● Le petit musée de Belleau (Aisne) a rouvert ses portes, et ce, jusqu'à fin octobre, selon L'Union, qui lui consacre quelques lignes. ● Lecture-spectacle, le 18 mai dernier, à l'alvéole 14-18 de la Coupole Sainte-Omer autour du journal intime de Käthe Kollowitz, artiste allemande qui, en 1914, perd son fils Peter (source La Voix du Nord). ● Selon le blog L'Histoire en rafale, un défilé aérien s'est tenu au-dessus du célèbre mémorial La Fayette le 26 mai. Le monument vient (enfin) de faire l'objet d’une convention, signée le mois dernier, entre la France et les Etats-Unis pour sa restauration.● La commune de Barbechat (Loire-Atlantique) va rénover son carré militaire 14-18. Ouest-France revient sur son histoire.

Hors de France
 ● La région de la Vénétie se prépare pour le centenaire, selon le site bassanonet.it (en italien). ● Démarrage le 17 mai dernier, au musée d'art contemporain Maxxi, à Rome, d'une exposition intitulée "To Face. Landscape along austrian and italian front of the First World War", autour des travaux photographiques de Paola De Pietri, selon le quotidien Libero (site officiel). Les 21 œuvres de cette exposition sont des vues des lieux où se sont déroulés les combats de la Première Guerre mondiale, en Italie.  ● Le monde de la maquette militaire au 1/6 va-t-il s'inspirer de la Première Guerre mondiale ? The Mirror raconte la genèse d'une figurine, aujourd'hui commercialisée, à Bonner Springs, au Kansas (en anglais). ● Selon The Telegraph, la BBC va porter à l'écran la vie de l'écrivain féministe Vera Brittain (photo), infirmière dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Fervente pacifiste, Vera demeure célèbre pour ses mémoires Testament of Youth, publiées en 1933, d'une grande singularité, selon Mark Bostridge, consultant sur le long-métrage (source : The Telegraph). ● Selon le tabloïd The Sun, les acteurs Daniel Radcliffe (Harry Potter) et Jon Hamm ("Mad Men") travailleront ensemble sur une mini-série historique, qui se penchera sur l'histoire de médecins russes pendant et après la Première Guerre mondiale. 

Dans l'agenda...  ● Du 31 mai au 2 juin, colloque "Colloque Pratiques militaires et globalisation, XIXe- XXe siècles, combattre, administrer, acculturer", à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. ● 6-7 juin : Colloque "Histoire et pensée stratégique", à l' auditorium Austerlitz du Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides. Organisé par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (Irsem) en partenariat avec le Musée de l’Armée, ce colloque consacrera une matinée autour des guerres mondiales. ● Mercredi 20 juin : dernière "séance du généalogiste", avec un volet d'initiation pratique à l'archéologie militaire, identification liées à des souvenirs de famille, au Service historique de la Défense, de 14 à 15h00. Accès gratuit sur inscription au 01.41.93.23.99. ● 21-24 juin : selon l'association L'Encrier du poilu la manifestation "Les 4 jours de Verdun", autour des commémorations organisées par l'association Ceux de Verdun, prendra pour thème : "Les sportifs dans la Grande Guerre". Au programme : colloque, concerts, randonnées.... ● Dans le cadre des journées de l'archéologie (22 au 24 juin), se tiendra, le 23 juin à 14 heures, au Mémorial de Verdun une conférence de Frédéric Adam et Michaël Landolt intitulée : "L'archéologie et l'identification des soldats disparus et une découverte exceptionnelle pour l'archéologie de la Grande Guerre : la fouille de la galerie allemande du Killianstollen à Carspach en Alsace". ● A paraître : Le traumatisme de la Grande Guerre, 1918-1932/33, de Nicolas Beaupré, éd. Septentrion dans la collection Histoire franco-allemande, "une lecture transnationale de cette «sortie de guerre franco-allemande»", selon le site de l'éditeur.
A voir, à lire et à écouter...  ● A lire, une nouvelle bande-dessinée sur les problèmes de réinsertion, le mal-être et la sexualité des "gueules cassées" de la Première Guerre mondiale : Gueule d'amour, d'Aurélien Ducoudray et Delphine Priet-Mahéo, éd. La Boîte à Bulles, 19 € (source Histoire pour Tous). ● A lire : Guerre aux civils-Guerre des civils dans les Ardennes envahies de 1914 à 1918, de Gérard Ponsinet, éd. L’Harmattan, 270 p. 28 euros (voir critique sur le site L'histoire en rafale). ● A lire une édition annotée et commentée par l'historien Rémy Porte des mémoires du général Maurice Sarrail: Mon commandement en Orient, Editions 14/18 Soteca, 25,40 € (source : L'histoire en rafale). ● A lire : Feu sur Paris ! L'histoire vraie de la Grosse Bertha (éd. Pierre de Taillac, 30 €), "un excellent livre" selon le journaliste et blogueur Jean-Dominique Merchet. ● A lire Lieux de mémoire européens, d'Étienne François et Thomas Serrier, éd. La Documentation Française n°8087, 11 €. ● A voir un reportage de France 2 sur la technique de la réalité augmentée, utilisée dans les musées (et bientôt sur les champs de bataille ?), sur le site Culturebox. ● A lire, un article sur "Les soldats guyanais dans la Première Guerre mondiale", de Virginie Brunelot, sur l'excellent site Le parcours du combattant.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

24 mai 2012

Fauché en août : Auguste Bouleis (1862-1914)

Aux côtés du capitaine Prieur, le chef du 3e bataillon du 36e RI, Auguste Bouleis (ci-contre en uniforme du 112e RI), trouvera la mort le 22 août 1914. Il repose aujourd'hui au cimetière du Montparnasse, à Paris, 19e division (à noter sur la gauche du tombeau, la plaque de son fils Jacques Bouleis, sous-lieutenant, tué au 36e également, le 22 mai 1916 sous Douaumont).

Merci à Olivier Gaget pour sa photo.

23 mai 2012

L'invité du 36e : Bruno Etévé, la guerre Somme toute

Août 2011. Fay, à 30 km d'Amiens. "Ici, la plus grosse activité, c'est betterave-pomme de terre. Après, ce sont les légumes. Mais c'est essentiellement de la pomme de terre", prévient Bruno Etévé, maire et agriculteur de ce petit village de 117 habitants au recensement de 2008. L’homme nous accueille dans la cour de sa ferme. L’oeil vif et malicieux, il entretient depuis longtemps un rapport particulier avec la Première Guerre mondiale. Un conflit qu’il vit au quotidien : la terre des champs ici a été pendant trois ans située sur la ligne de feu et le village de Fay, entièrement détruit, n’a pas été reconstruit au même emplacement.
Mais le combat de Bruno Etévé est ailleurs, dans une tâche immense à laquelle il s’est attelé discrètement et avec obstination : comprendre et retracer la spectaculaire bataille “française” de la Somme de 1916, celle de ces Bretons et Manchois, celle de ces Normands et coloniaux... de tous ces soldats “oubliés” de l’histoire, en regard des "Tommies" dont le culte est entretenu avec ferveur tout au long de l’année plus au nord, vers Albert, par les Britanniques.
Mais cette bataille attendra aussi... Car si Bruno Etévé nous reçoit aujourd’hui, c’est pour nous faire découvrir ce paysage foulé par les “gâs” du 36e régiment d’infanterie lors du terrible hiver 1915-1916, juste après les combats de l’Artois. Un “séjour” sur lequel nous avons peu de traces, sinon les quelques pages que Jean Hugo écrit à la fin de sa vie dans son autobiographie, où l'écrivain se rappelle d'un secteur où les "soldats ont l'aspect de bergers ou de chasseurs de phoques, (...) d'abris pleins de rats, où il pleuvait dedans comme dehors." Le bois commun, l’église de Fontaine-les-Cappy, la sucrerie de Dompierre... que l'écrivain évoque, tout ces lieux sont encore là. Et nous les découvrons dans l’air sec et poussiéreux, quelques jours après la récolte des blés.


Qu’est-ce qui vous lie à cette période de la Première Guerre et à ce village ?
Bruno Etévé : la famille du côté de ma mère est pour partie britannique : mon grand-père était Anglais et il est venu se battre en France en 1914-1918. La branche du côté de mon père est française ; elle est originaire d’Ablaincourt-Pressoir, dans la Somme. Mon grand-père a lui aussi fait la guerre. Il été blessé deux fois sur le Chemin des Dames, puis il en est ressorti. En redécouvrant son dossier aux archives départementales, par la suite, je me suis aperçu qu'il avait été laissé pour mort le 4 avril 1918 à Morisel (Somme) et fait prisonnier. Il a été interné au camp de Soltau (Basse-Saxe), en Allemagne, une “anecdote” que mon père ignorait complètement. Mais bien d’autres choses expliquent ma présence ici : mon grand-père maternel a été maire de Fay après-guerre, puis mon père a pris la succession. C'est un peu comme une histoire de famille... Enfin, la ferme dans laquelle je vis a été détruite pendant la Première Guerre. Elle a été reconstruite sur ses fondations, des traces que l'on peut voir lorsque l'on descend à la cave.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ce conflit ?
Elle découle essentiellement de la correspondance que je recevais en mairie. J'étais un peu frustré, en effet, que les gens me demandent des informations sur leurs aïeux morts à Fay pendant la guerre. Ils voulaient une indication de tombe, que je leur montre un emplacement de tranchée, le lieu exact où il avait été tué. Que sais-je encore... Cela m'énervait de ne pas pouvoir leur répondre. D'autant que beaucoup de ces personnes se déplaçaient pour venir sur place. Certaines faisaient même 700 km pour se recueillir... Beaucoup de régiments bretons sont ainsi venus se battre ici, mais on le mentionne peu... En 1915, ces régiments bretons étaient pour la plupart engagés dans l'Oise, mais vous en avez beaucoup ici en avril-mai 1916. Alors, on parle toujours des Britanniques – jamais des Français. J'en avais marre de ce non-dit. Je sais de quoi je parle : un de mes grand-père est Anglais. Alors j'ai décidé de chercher, de retrouver les noms des tranchées d'en savoir plus sur cette période de l'histoire. De fil en aiguille, j'ai commencé à me concentrer sur la bataille de la Somme, côté Français, du 25 juin à début août...

Cela a coïncidé avec votre installation professionnelle ?
Je me suis installé en 1984. A cette époque, je démarrais dans la vie et j'avais des responsabilités en qualité de président du Centre départemental des jeunes agriculteurs. Je faisais des recherches un peu au hasard. Puis j’ai adhéré à des associations sur la guerre. J'ai croisé des gens et tout s'est enchaîné. Depuis dix-quinze ans, j'ai une approche plus rigoureuse. Avec Marcel Queyrat, le président du Souvenir français de Chaulnes, nous essayons actuellement de remettre en avant ces régiments “oubliés” du front français de la Somme. Nous travaillons actuellement sur un officier, le capitaine Fontan, du 99e régiment d’infanterie, un ancien gendarme qui a arrêté la bande à Bonnot à Choisy-le-Roi, et qui a été blessé à Fay le 17 décembre 1914 d’une balle dans la tête. Il est mort le 18 décembre 1914 à 1h00 du matin, à Villers-Bretonneux.

[On sort du village et l’on oblique sur la gauche. Au sol, des pierres dessinent des formes géométriques. C’est le site initial du village de Fay, aménagé en promenade, et qui conserve les traces des fondations de certains bâtiments : église, maisons particulières...]

Le village de Fay, détail du plan du cadastre napoléonien de 1911 (source : archives départementales de la Somme)
Où sommes-nous ?
Là, on rentre dans l'ancien village de Fay. Ici, au milieu, c'était le presbytère. L'école était là de l'autre côté de la grande rue. Tout le village était rassemblé ici. L'ancienne église était plus loin. Les bois que l'on voit n'existaient pas, vous aviez ici une plaine. Tout Fay descendait vers le sud. La fameuse mine qui a explosé, en 1916, avec "son trou de 39 mètres de profondeurcomme disent les cartes postales, était là [Bruno Etévé désigne le bois du Bouquet, vers le Nord], juste derrière. Elle a été comblée dans les années 90 par un exploitant agricole lorsque la sucrerie a arrêté de fabriquer. Mon père s'est battu pour conserver cette mine. Mais personne n'a compris l'intérêt de garder ce site... En revanche, on a conservé les vestiges de l'ancien village. C'est le conseil général qui a fait mettre ces panneaux d'indication.

Pourquoi le village n’a pas été reconstruit au même endroit ?
Tout le village a été détruit pendant la guerre. Il n'a pas été démoli, comme l'a été Dompierre, mais anéanti, pulvérisé... Par la suite, Fay s'est retrouvé en zone rouge. Il était donc interdit aux habitants de revenir. Mes grands-parents sont revenus en cachette pendant les années 1919-1920. Avec d'autres habitants, ils se sont battus auprès de l'État lorsqu'il s'est agi de tout reconstruire. Mais l'architecte de l'époque les a mis en garde sur le terrain qui était à son sens trop bouleversé. Ils ont donc décidé de construire l'église un peu plus loin, au milieu d'un champ. La mairie et l'école ont été érigées par la suite... Elles ont été en partie financées par les dommages de guerre. Le canton de Montfort-sur-Risle, situé dans le département de l'Eure, s'est occupé des travaux d'adduction d'eau. J'ai cherché à retrouver trace de cette aide, mais je n'y suis pas arrivé. Tous les villages ici ont reçu de l'argent, qui venait de grandes villes de France, de communes, voire d’autre pays. La commune d'Estrées a reçu ainsi un financement du sud de la France, Péronne a reçu de l'argent des Britanniques, Bouchavesne d'une ville de Norvège, Bergen, pour monter un château d'eau, d’où le nom de Bouchavesne-Bergen...

A quoi ressemblait le Fay de 1914 ?
Tout le paysage que vous avez devant vous aujourd'hui, il faut l'enlever de votre tête. Regardez : vous avez devant vous une surélévation. Cette petite bute est en réalité une zone plate en 1914. Elle a été formée par la suite par les eaux de décantation des sucreries, des eaux chargées de terre, qui se sont accumulées entre 1920 et 1940. Otez également de votre tête la ligne TGV, l'autoroute, qui n’existaient pas en 1914... En revanche, rajoutez des boqueteaux : lorsque démarre la guerre, vous aviez ici plein de bosquets. J'en veux pour preuve le "bois commun" dont parle Jean Hugo, quand il porte l'uniforme du 36e régiment d’infanterie, ou le bois Foster, où il y a eu un combat acharné, en juillet 1916, dans lequel a été impliqué le 264e RI. Il est très difficile de retrouver ces lieux aujourd'hui, sinon sur des cartes. Prenez le lieu où a été tué le légionnaire Alan Seeger (photo ci-dessus), le 4 juillet 1916, devant Belloy-en-Santerre. Je peux vous dire où il a été blessé, avant que des brancardiers le trouvent, en pleine nuit, avec sa terrible blessure. Mais ce sera à quelques mètres près... C'était un grand glacis de 300 mètres de long qu'il fallait traverser face à des mitrailleuses allemandes. Rien à voir avec le paysage que vous avez aujourd'hui.

[A la sortie de Fay, on marche vers le sud. Sur la gauche se tiennent les bois d'Estrées.]

La Somme est très agricole en 1914 ?
Oui. Il y a beaucoup d'exploitation de betteraves, de céréales, de pommes de terre aussi. Il y a de nombreux petits villages disséminés, qui ont été conservés aujourd'hui, à l'exception de ceux qui étaient dans la zone de feu, et dont certains, comme Fay, ont été déplacés après l’Armistice. Avant 14, le village de Fay était très important, car il y avait de l'eau dans le fond de la vallée de Fontaine, qui descend vers Fontaine-les-Cappy. Il y avait aussi une cure avec un prêtre. Celui-ci allait à cheval ou à pied dire la messe à Foucaucourt, Fontaine-les-Cappy et Assevillers. Il y enfin un château à Fay. Leurs propriétaires étaient, à l’époque, banquiers, chambellans. On les retrouvait à la cour du roi.

L’une des particularités de ce secteur du front, c’est que les lignes ne bougent pas pendant plusieurs années...
Après la bataille de la Marne, les Allemands font retraite vers le nord et dépassent Péronne, talonnés par les Français. Mais ces derniers n'occupent pas la ville, si bien que les Allemands reviennent s'installer à Péronne... Fay aurait donc pu être en deuxième ligne, mais ça n'a pas été le cas. À partir de là, la situation ne bouge pas jusqu'en 1916. Les lignes sont à ce point figées que les Allemands considèrent d'ailleurs que la Somme appartient désormais à l'Allemagne. Ils mettent ainsi un poteau dans la plaine, en décembre 1914, pas très loin de Fay, qui indique : "Ici commence l'Allemagne". Un soldat français, le soldat Nolin du 99e RI, est allé couper ce poteau lors d'une nuit.

Il ne s’est donc rien passé à Fay avant 1916 ?
Non, cela ne veut pas dire qu'il ne s'est rien passé. Très souvent vous avez ici des coups de mains. Le plus gros se déroule, en novembre 1914, pas loin de ce bâtiment, sous les arbres (voir photo ci-contre) dans une ferme qui s'appelle la Ferme des Belges, une habitation aujourd’hui disparue. Le 205e régiment d'infanterie, le régiment de Falaise, est impliqué : il s'agit alors de déloger un nid de mitrailleuses qui est installé à l'intérieur de la maison. C’est un massacre... Un massacre inutile : lorsqu'il revient en1916, le régime retrouve les mêmes lignes qu'il a laissées deux ans plus tôt.


A quel moment se situe la venue du 36e RI ?
Le 36e régiment d'infanterie arrive dans la Somme en décembre 15. Il en part en février 1916. L’époque où il arrive ici, c’est celle où les coloniaux sont progressivement désengagés pour partir en Orient. Par la suite, d'autres régiments vont arriver, notamment des bataillons de chasseurs pour essayer d'avancer.

Mangin parle dans ses lettres de guerre du froid de l'hiver 15. Cet hiver à été rigoureux ?
Ça a été terrible. Cela peut paraître bizarre, mais il ne fait pas très froid ici, hormis lors de l'hiver 57. Mais l'hiver 15 à été glacial, et le mois de juillet 16 à été très pluvieux...

Il y a aussi des cas de soldats de soldats ensevelis par la boue en hiver...
La terre de la Somme est très glaiseuse. Pas tellement à Fay, où il y a encore une forte proportion d'argile. Vous ne trouvez pas de craie ici, mais à force de piétinements, le sol devient liquide. Lorsqu'il pleut très fort, la terre est tout de suite détrempée. Si vous la prenez en main, vous pouvez même faire des boulettes. Je cultive certaines parcelles de pommes de terre dans la petite vallée attenante à Fay, et, certaines années, je ne peux pas passer le tracteur car l'eau remonte et rend les labours impraticables.

En outre, cette guerre ne se fait pas seulement de tranchée à tranchée, mais également dans le sol. C’est ce qu’on appelle la guerre des mines...
La guerre des mines démarre immédiatement ici, en 1915. Avec le 1er régiment et le 3e régiment du génie, qui dès février, font sauter des mines sur Estrées. Ces hommes n'étaient pas forcément issus du monde de la mine, comme l'écrit Jean Hugo dans son livre. Ceux que j'ai retrouvés venaient du sud de la France.

Paradoxalement, à cette période, on trouve quelques soldats du 36e RI qui sont enterrés dans des nécropoles du côté d’Amiens, soit à 50 km d'ici. Comment peuvent-ils mourir aussi loin de leur régiment ?
C’est le cas des soldats blessés qui passent par le village de Foucaucourt, à l'arrière de la zone de front. Le village servait d'infirmerie... Les blessés y étaient triés. Les blessés les plus graves sont envoyés à l’hôpital de Villers-Bretonneux. Les autres sur Bray-sur-Somme, via Chuignes et Cappy. A Chuignes, ils étaient mis dans des trains, mais ils n'étaient pas sauvés pour autant, car la voie de chemin de fer n'était pas toujours abrités des yeux allemands et parfois elle était bombardée à un endroit particulier : c'est ce que les soldats appelaient "la vallée de la mort". A Bray, en revanche, les soldats étaient souvent transportés sur des péniches-hôpitaux jusqu'à Amiens. On trouve ainsi souvent des soldats qui décèdent à Amiens soit par maladie, soit par suite de blessures [voir ici le cas de Hyacinthe Schubenel, du 36e RI, ou de Stanislas Proux, déclarés "morts à l'hôpital" NDR], et qui sont enterrés au cimetière de Saint-Acheul ou à la nécropole de Saint-Pierre.

Il y aussi les lieux où les hommes se retrouvent pour oublier les tranchées... Jean Hugo évoque ainsi, dans son autobiographie, “la maison Normand”...
La maison Normand était une très grosse ferme. Elle appartenait à une famille très connue, le maître de sucrerie vivait ici. Autour de la maison, vous aviez une activité. C'était aussi un relais de poste. La maison est restée dans la famille. Je l'ai toujours connue comme ça.

Hugo évoque également l’église de Fontaine-les-Cappy...
L'église de Fontaine-les-Cappy était en arrière de la zone de front. Autour de l'église était enterré une grosse partie du 329e. Il n'y a plus personne aujourd'hui, mais j'ai retrouvé un plan avec l'emplacement exact des tombes des soldats du 329e, avec leur chef, le lieutenant-colonel Puntous, dit «Barca» (stèle du lieutenant-colonel ci-contre), qui a été enterré provisoirement ici, après qu’un éclat d’obus l’ait cueilli le 4 juillet 1916. La stèle au 329e RI a été érigée à Estrées-Deniécourt.

Et puis, il y a, plus loin dans le paysage de ces hommes, la sucrerie de Dompierre, qui a vu, en décembre 1914, des actes de fraternisation massifs : 300 hommes qui sortent des tranchées ennemies le 30 décembre... Hugo la mentionne aussi cette sucrerie...
Avant 1914, la sucrerie de Dompierre existait. Elle appartenait à un arrière-grand-oncle et à M. Normand. Ils étaient tous deux sucriers. Puis la guerre a été déclarée, et elle a cessé son activité. Elle n’a pas pour autant été rasée. Pendant la guerre, il y avait encore dans ses murs, à la déclaration de la guerre, du charbon, de l’eau... Les soldats venaient se servir et faisaient la paix le temps de leur réapprovisionnement. Aujourd'hui, la sucrerie n'est plus en activité. Il y a un silo de dépôt pour une coopérative et un entrepreneur a racheté l'ensemble.

Y a-t-il eu beaucoup de témoignages sur ce secteur ?
Non, vous avez très peu de témoignages qui concernent le secteur de Fay, comme les autres secteurs “français” du front de la Somme. Les soldats n’ont pas beaucoup écrit. Il y a, bien sûr, entre Fay et Fontaine-les-Cappy, le témoignage de Jean Hugo, au 36e RI, qui m’a un peu déçu, car il ne donne pas beaucoup d’informations... Vous avez ce qu'écrit Jacques Meyer, du 329e RI, à propos des combats autour d'Estrées. Et puis, il y a le témoignage d’un soldat du 265e RI, que j’ai retrouvé depuis. Mais tout cela est insignifiant par rapport à l’abondance de matériaux que vous avez pour des secteurs comme Verdun ou le Chemin des Dames.

Ça a été enterré...
Oui. Vous trouverez très peu de documents sur la bataille de la Somme côté français. Tout cela découle, à mon avis, d’une autocensure que les combattants ont entretenue longtemps après le conflit. Très peu de pèlerins se sont rendus ici après-guerre. Les anciens du 329e ne sont venus, selon moi, qu’une fois. Alors que combien de fois certains sont repartis à Verdun ? J’ai rencontré ainsi plusieurs personnes qui m’ont confié que leur grand-père était malheureux d’avoir fait la Somme et de ne pas avoir été à Verdun.

A quoi attribuez-vous ce déséquilibre ?
Aller à Verdun, c'était glorieux. La Somme, beaucoup moins... Vous retrouvez ce décalage dans la production éditoriale actuelle. Vous avez très peu de livres consacrés à la bataille de la Somme côté français. La présence de Blaise Cendrars, à Frise, au 1er régiment de marche de la légion étrangère, a été à l'origine de quelques recherches, mais rien de significatif. La bataille de la Somme intéresse peu en France. Regardez : peu de recherches sont entamées, il n'y a pas de regroupements. J'ai été à une époque membre de l'Historial de Péronne, j'ai essayé de faire aboutir quelques travaux... Mais cela n'a pas marché malheureusement. Qui sait, peut-être un jour ?

Interview réalisée en août 2011, merci à Bruno Etévé pour son accueil et sa patience.

16 mai 2012

La presse en revue, semaine 38

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

Dans les régions ● Le site Guerres & Histoire fait le point avec Serge Barcellini sur le projet de classement au patrimoine mondial de l'humanité des champs de bataille de la Grande Guerre ● La Voix du Nord revient sur l'exposition sur les femmes et la Grande Guerre, au musée d'archéologie Quentovic (Pas-de-Calais, jusqu'au 17 septembre). ● Foncquevillers (Pas-de-Calais) a reçu la visite du maire de Derby, ville britannique des Midlands de l'Est qui a contribué financièrement à la reconstruction de la commune artésienne après la Première Guerre mondiale, raconte La Voix du Nord. ● Petit à petit, le futur musée de Fromelles (Nord) fait son nid, raconte La Voix du Nord. Le lieu, qui coûtera 3 M€ et qui doit ouvrir en juillet 2013, sera un "musée sur les gens qui ont fait cette guerre", selon Richard Reid, historien du ministère des Anciens combattants australien. ● Le Courrier Picard brosse le portrait du nouveau directeur du musée de Péronne, Hervé François, et de ses trois orientations pour le musée.  ●  Deux squelettes de soldats français mis au jour au Glory Hole de la Boisselle (Somme) par une équipe d'archéologues franco-britanniques, selon Le Courrier Picard. ● Le lancement d'un projet de restauration du fort de la Pompelle, près de Reims, a été voté, selon le site de L'Union-L'Ardennais. Les travaux engagés porteront sur plus de 8 M€.

Hors de France ● A Liège, une cérémonie d'installation d'un Comité d'Honneur en charge de la Commémoration du Centenaire de la guerre 1914-1918 a été organisée au Palais Provincial.  RTC Télé fait le point sur les grands rendez-vous dans la région. ● A la septième édition du salon des passions à Hondschoote, la Grande Guerre inspire les collectionneurs, selon Le Réveil de Berck. ● Un Anglais démarre une longue mission : dire d'ici à 2014 les 750 000 noms des monuments aux morts de France et de Belgique, raconte le Daily Post. ● L'Italie et l'Autriche coopèrent dans la perspective du centenaire, selon L'Adigetto.it (en italien).

Dans l'agenda...  ● A l’occasion de la Nuit européenne des musées, le Musée de la Grande Guerre, à Meaux, ouvre gratuitement ses portes au public le samedi 19 mai prochain de 19h00 à 00h30 et propose des visites guidées et des animations musicales exceptionnelles. De son côté, le Mémorial de Verdun et le Centre Mondial de la Paix ouvriront également leurs portes, selon le site Verdun-Meuse. Dans la Somme, l'Historial de Péronne offrira une entrée libre dans le musée et à l'exposition temporaire "Missing of the Somme. Le tourisme de mémoire britannique". ● Les premières cérémonies du Memorial Day se tiendront dès le 27 mai prochain dans l'Aisne, selon le calendrier de l'ABMC. ● Jusqu'au 16 septembre, le musée de l’artillerie de Draguignan, dans le Var, consacre son exposition d’été aux animaux dans la guerre. ● Mardi 13 novembre 2012, une journée d’étude portant sur l'approche régionale de la Grande Guerre se tiendra à l'Université de Rennes 2 Haute-Bretagne. A lire sur ce sujet un billet du blog Sources de la Grande Guerre. ●  Le 22 mai, café de la Concorde, 239, boulevard Saint-Germain, rencontre avec Rémy Porte, spécialiste de la Première Guerre mondiale, et Denis Rolland auteur de son ouvrage sur Nivelle.
A voir, à lire et à écouter...  ● En huit articles paru entre le 29 avril et le 5 mai, l'historien Michel Goya revient sur son blog sur la "petite guerre" des "corsaires des tranchées" : tireurs d'élite, corps francs, patrouilles... ● Le n°199 de la Revue française de généalogie (avril-mai 2012) consacre un article aux fiches du site Mémoire des hommes (lire à cette adresse). A noter que dans les mois à venir, le site proposera une nouvelle interface qui agrégera les données du site "Sépultures de guerre" et proposera un formulaire unique de recherche, selon ce communiqué SGA. ● Selon le blog TV News, Arte va diffuser un docu-fiction élaboré à partir de documents et journaux intimes de civils et militaires méconnus, mêlant archives et reconstitutions. Cette série, intitulée "La Grande Guerre, écrits quotidiens", sera tournée l'année prochaine. ● "Les crimes et délits jugés par les tribunaux de guerre", une interview vidéo d’Emmanuel Saint-Fuscien, enseignant et chercheur, à voir sur le site du CNDP. ● A lire sur le blog Guerres et Conflits : une critique et une interview de Claude Franc, auteur du livre Le haut-commandement français sur le front occidental (éd. Soteca, 27,30 €) ● Parution du n°225 des Chemins de la mémoire, avec un article sur la bataille du Chemin des Dames à l'occasion de la sortie du livre de Denis Rolland sur le général Nivelle. ● Théophile Maupas, figure emblématique des fusillés de Souain et manchois du mois sur le site des archives de la Manche. ● A lire le journal illustré du fantassin Pierre Perrin, poilu de la Grande-Guerre au 27e RI, sorti le mois dernier (photo)Le Journal de Saône-et-Loire rapporte l'histoire de la découverte de ce témoignage.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

10 mai 2012

La presse en revue, semaine 37

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...


Dans les régions ● Déjà retardé pour des questions budgétaires, le projet de réalisation à l'identique du monument à la mémoire de la "Force Noire" se complique à cause de l'instabilité politique au Mali, selon L'Union (voir infra agenda et photo ci-contre). ● L'Union-L'Ardennais a rencontré Vincent Treu, "artiste monumentale" qui a conçu pour Paris une animation "Arc de triomphe 2014-2018" pour les cérémonies du centenaire. ● Le 9 mai dernier s'est déroulée une commémoration pour les soldats polonais qui ont participé à la prise de la colline de Lorette en mai 1915. L'occasion de faire le point sur une plus grande commémoration attendue dans trois ans, raconte La Voix du Nord. ● Les esprits s'échauffent autour de la destruction possible du monument allemand dans le cimetière Saint-Charles (voir RP n°32 et 28). "Sedan sur les dents pour son monument aux morts allemands", titre Libération. ● Le Mémorial de Verdun vient de mettre en ligne le catalogue des ouvrages de son fonds documentaire. Il est consultable à cette adresse

Hors de France ● La Voix du Nord revient sur le lieu de mémoire-centre d'interprétation Plugstreet 14-18, dont la construction sera achevée en juin 2013 et dont le"coût total devrait s'élever à environ 2,2 millions d'euros".   ● Un monument à la mémoire d'Harry Patch, le dernier "Tommy" anglais, a été inauguré le 7 mai dernier dans la ville de Wells (Somerset) rapporte en photos le Daily Mail (en anglais). L'Imperial War Museum entame sa mue : quelques détails à glaner sur le portail London se1.● Le Loughborough Carillon War Memorial Museum a démarré le 6 avril dernier la retranscription sous forme de "tweets" du témoignage de William Grudgings, un soldat anglais du 8e bataillon du Leicestershire Regiment, raconte le Sunderland Echo. Compte à suivre : william Grudgings@williams_war (en anglais). ● A l'occasion d'une journée de collecte de témoignages sur la Grande Guerre dans le cadre de l'opération Europeana, une carte postale signée de la main d'Hitler en 1916 a été découverte, rapporte le site de l'université d'Oxford. ● Dans The Australian, l'éditorialiste politique Denis Shanahan revient sur la cérémonie de l'Anzac Day et milite pour une révision du rituel avant le centenaire (en anglais).● Le centenaire à Auckland, en Nouvelle-Zélande, commence à se dessiner, selon le portail Stuff (en anglais). ● Dans le NZHerald, le journaliste Brian Rudman morigène le gouvernement néo-zélandais pour les commémorations du centenaire, trop nombreuses et trop éloignées, et s'interroge sur leurs motivations (en anglais). ● Le lancement du nouveau billet de 20 $ au Canada a déconcerté nombre d'habitants, qui ont confondu la représentation du monument de Vimy avec les... Twin Towers de New York, selon le Daily Mail

Dans l'agenda...  ● Du 7 mai au 3 juin 2012, le centre Ipousteguy de Doulcon accueille une exposition intitulée "La Force Noire" en dix panneaux complétée d'un documentaire de 30 minutes, à travers des documents d'archives rares et souvent inédites des fonds du Ministère de la défense et de la collection privée d'Eric Deroo, cinéaste et chercheur au CNRS (voir cette revue rubrique "Dans les régions"). ● Du 26 mai au 24 septembre 2012, l'exposition "1917" au Centre Pompidou-Metz questionnera la création artistique en temps de guerre et ouvrira le cycle des manifestations culturelles consacrées à la Grande Guerre dans le cadre de la préfiguration des commémorations internationales du centenaire de la Première Guerre mondiale. ● Le 23 juin 2012, colloque international sur le sujet "Le sport et la Grande Guerre" au centre mondial de la paix, avec de nombreux intervenants qui réagiront à plusieurs thèmes tels que "Le sport de guerre", "Des armées de sportsmen ? Le sport dans les corps expéditionnaires britannique et américain", "Les conséquences sportives de la guerre"...
A voir, à lire et à écouter...  ● Au sommaire de 14-18 magazine n°57 (mai-juin-juillet 2012) : un dossier sur L’Alpenkorps "pion tactique, outils stratégique", avec un texte général de Jean-Claude Laparra. ● A lire : 1914-1919, Ceux qui protestaient, de Gallit Haddad (éd. Les Belles Lettres, 35,50 €) qui analyse la "protestation en tant que phénomène culturel, à travers une analyse du discours des contestataires, combattants et civils, hommes ou femmes". ● A lire une critique du livre La Première Guerre d'Hitler, de Thomas Weber (ed. Perrin, 25 €) paru en mars dernier, critique signée Frédéric Le Moal sur le site Littéraire.com. ● A lire également, une recension de l'ouvrage À vos ordres ? La relation d’autorité dans l’armée française de la Grande Guerre (d'Emmanuel Saint-Fuscien, éd. de l’EHESS, 23 €) sur le site Idées.fr ● Un des Prix du Canada, qui récompensent des travaux de recherche en sciences humaines et sociales, a été remis cette année à Susan Fisher pour son travail sur les enfants et l'effort de guerre dans son livre Boys and Girls in No Man’s Land: English-Canadian Children and the First World War (éd. University of Toronto Press). A voir ici, une courte vidéo qui présente l'auteur et, sur le même sujet, cette conférence qui s'est tenue cette semaine à Niagara et Toronto (en anglais). ● Le site Sources de la Grande Guerre revient sur l'histoire et la conservation des registres matricules en France. Pour l'occasion, le site recense les 29 départements qui ont mis en ligne les tables et les fiches matricules et les 14 qui ne diffusent que les tables. Rassurez-vous : le département du Calvados, qui conserve les registres du 36e RI, ne fait partie d'aucun de ces résultats. ● Le dossier thématique du mois de mai de l'ECPAD est consacré à Jacques Tournadour d’Albay (1885-1963), médecin auxiliaire affecté au 11e régiment du génie. Port-folio à découvrir sur le site.
 
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6 mai 2012

La presse en revue, semaine 36

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

Les cérémonies annuelles de l’Anzac Day, qui célèbrent chaque année les sacrifices des deux corps expéditionnaires des armées australienne et néo-zélandais au cours des principaux conflits du vingtième siècle (écouter le podcast du musée impérial de la guerre, retraçant les combats de Gallipoli), se sont déroulées le 25 avril dernier dans le monde entier, selon Tahiti infos, et ce, avec une ferveur renouvelée (ci-contre port-folio du Guardian). En Nouvelle-Zélande, la participation aux cérémonies a atteint des niveaux records, et, côté australien, une quarantaine de cérémonies ont eu lieu à travers tout le pays. Particulièrement dans la ville portuaire d'Albany, en Australie-Occidentale, qui vit partir le corps expéditionnaire en novembre 1914, et qui est en passe de devenir le deuxième lieu de pélerinage après la petite crique d'Anzac Cove, sur la presqu'île de Gallipoli, selon le portail Ninenews. Le Premier ministre australien, Julia Gillard, à cette occasion, a rappelé à quel point cette journée de recueillement va bien au-delà de la sphère militaire et se voit désormais  l'expression de la nation australienne toute entière (source : Sydney Morning Herald). Pour le centenaire, Gillard a ainsi annoncé un plan de près de 8,5 M$ AUD pour financer plusieurs projets et manifestations d'ici à 2018, selon le Herald Sun (voir revue de presse 35,33 et 23)
En France, d'importantes manifestations ont eu lieu traditionnellement à Villers-Bretonneux (Somme), où des milliers d'Australiens étaient présents, selon Europe 1. Mais également dans le Pas-de-Calais, à Bullecourt (reportage France 3), où le musée créé par Jean Letaille (lire ce récit de la Voix du Nord) consacré aux combats des Australiens dans le village en 1917 a vu le jour. L'aménagement des lieux a été, selon La Voix du Nord, particulièrement applaudi, "dans l'esprit de Jean Letaille", poursuit le quotidien. Le site devient ainsi la première étape en service d'un "chemin de mémoire australien sur le front occidental", selon Nord Eclair, auquel Jean-Marie Prestaux, président du Conseil de développement du pays d'Artois (ici interviewé par la VDN), n'est sans doute pas étranger. Le public, qui assistait à l'inauguration, était également ému, selon Nord Eclair, tel ce romancier, rencontré par la Voix du Nord qui termine un récit historique sur les batailles qui se sont déroulées à Bullecourt en 1917, au terme d'une enquête menée entre autres en Allemagne. Ou encore ce guide australien local qui guide ses compatriotes sur les pas des "Aussies" tombés au combat lors de la Grande Guerre (source : Voix du Nord).

Dans les régions ● C'est arrivé un 21 avril : la mort du "Baron Rouge", dans les environs de Vaux-sur-Somme, racontée par Le Point. ● La réhabilitation "collective" des fusillés pour l'exemple de la Première guerre mondiale transcende les étiquettes politiques dans les Ardennes si l'on en croit un travail mené par la Ligue des droits de l'homme et la Libre Pensée, rendu public la semaine dernière, rapporte L'Union-L'Ardennais.

Hors de France ● Le traditionnel pèlerinage de l'Yser, le rassemblement nationaliste flamand, aura lieu le 11 novembre, jour de la signature de l'Armistice de la Grande Guerre, dès l'année prochaine, selon le site de la RTBF. ● L'Italie se penche sur le problème de la préservation de ses fortifications et de ses vestiges montagneux, rapporte le site World War I Bridges en se faisant l'écho d'une conférence tenue le 20 avril dernier à Gorizia (Frioul-Vénétie Julienne).

Dans l'agenda...  ● Du 16 mai au 31 août, se tiendra à l'abri-mémoire Uffholtz (Haut-Rhin) le projet-exposition "L'Histoire avec une grande hache" , sur le thème du quotidien des soldats durant la Grande guerre. Elle présentera les planches originales d’une bande dessinée créée par Aranthell, artiste en résidence à l’Abri-Mémoire qui a travaillé avec la classe de CM1-CM2 de l’école de Steinbach, ainsi qu'une sélection des meilleurs ouvrages de bande dessinée traitant de la Guerre 14-18. Dossier de presse à télécharger à cette adresse. ●  Jusqu'au 2 juin , l'exposition "Pershing et ses boys" aux Archives départementales de la Haute-Marne
A voir, à lire et à écouter...  ● A lire L'alimentation du soldat en 14-18, du singe et du pain KK, de Jean-Jacques Dupuich, aux éditions Ysec (20 €).

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3 mai 2012

Prieur, un baroud puis les barreaux

Au débouché du bois du Châtelet en direction de Charleroi, sur la gauche de la N573 :
la plaine où s'est battu le 3e bataillon du 36e RI. C'est là que Prieur fut fait prisonnier.
Un nouveau mail d'un descendant d'officier du 36e RI nous est parvenu le mois dernier. Il émane de Jean-Pierre Prieur, petit-fils du capitaine Prieur, de la 9e compagnie, engagée dans la sanglante bataille de Charleroi le 22 août 1914. Entre les lignes de ce courrier, on pourra deviner tout le désarroi d'un officier qui va voir disparaître sa compagnie en une journée.
Selon Georges Gay, dans son ouvrage consacré à cette bataille (La Bataille de Charleroi, Payot, 1937), le 3e bataillon, auquel appartient l'unité de Prieur, est en effet lancé en première ligne sur la "cote 170" le 22 août, face aux mitrailleuses allemandes (lire ce récit). "Bondissant de moyettes en moyettes le bataillon continue son mouvement malgré un feu d'enfer, de front et dans son flanc gauche découvert (...). Les 9e et 11 compagnies sont à 250 mètres de l'ennemi ; il est près de midi. Le commandant Bouleis donne alors un coup de corne et les compagnies s'élancent à l'assaut à la baïonnette, le chef de bataillon en tête sous un feu qui redouble d'intensité", raconte le professeur de Charleroi. Auguste Bouleis est immédiatement tué, ce qui brise l'élan des compagnies. En quelques minutes, Prieur se retrouve isolé sur le champ de bataille avec les débris de son unité, dont la section du sous-lieutenant Amar, mort d'une balle dans la tête, et celles des sous-lieutenants Leflécher et Chaulieu, tous deux tués à ses côtés. Blessé, l'officier sera par la suite capturé. Il sera envoyé dans un camp pour officier : à la forteresse de Magdebourg (Saxe), puis au camp de représailles de Beeskov (Brandebourg), avant d'être acheminé à Stuttgart et à Ellwagen (Wurtemberg). Si vous avez des informations sur ce soldat, n'hésitez pas nous les faire parvenir.
Merci à Jean-Pierre Prieur pour cet envoi.

1 mai 2012

La presse en revue, semaine 35

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

Dans les régions ● Un avenant au partenariat qui lie le département de l'Aisne à la région Picardie vient d'être signé pour le développement des sites de mémoire du Chemin des Dames, selon L'Union. ● La sixième "marche du souvenir", la randonnée matinale qui commémore les premiers heures de l'offensive du Chemin des Dames, a fait le plein selon L'Union-L'Ardennais. ● Dans la Somme et dans l'Aisne, les grandes lignes du centenaire se dessinent, selon Le Courrier Picard (photo ci-contre)... ● ... et les associations du sud-ouest marnais se mobilisent en vue des commémorations de 2014, selon L'Union.  ● Le musée de la Résistance de Bondues (Nord) a inauguré la semaine dernière l'exposition itinérante "Les malles ont une mémoire", un projet à l'initiative de l'association de l'Alloeu Terre de Batailles 1914-1918, à Laventie, qui s'est donnée pour objectif de présenter des objets, carnet de notes personnel, casques, cartes postales... de militaires et civils ayant connu la Première Guerre mondiale. Nord Eclair a rencontré Claire Crétel, chargée de conservation et d'animation (voir aussi cet article de La Voix du Nord). ● Un particulier cherche à faire aboutir un travail de mémoire sur près de 4000 noms de soldats du génie, répertoriés sur les murs de la chapelle Saint-Louis, de la citadelle d'Arras, raconte La Voix du Nord. ● Les États-Unis se préparent à "un centenaire exceptionnel", selon L'Est Républicain, qui a rencontré Jerry Hester, futur président du comité national américain du centenaire de la Grande Guerre. ● Un arrêté du 12 avril 2012 (paru au Journal Officiel du 15/4/2012) cite les membres du conseil d'administration du groupement d'intérêt public "Mission centenaire de la Première Guerre mondiale 1914-2014", qui comprendre quatre parlementaires. ● Dans La Dépêche du Midi, une tribune appelant à la réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple a été publiée le 15 avril dernier. ● Sur le blog le cinéma des villages de France, la société de production Bandes de Vie et l'entreprise "patrimoniale" Perles d'Histoire, en partenariat avec l’Onac (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) proposent aux maires de France de réaliser un documentaire sur la vie de leur commune pendant la Grande Guerre. ● Selon le site TV Mag Le Figaro, l'animateur Jean-Claude Narcy devrait présider le comité des mécènes du centenaire.

Hors de France ● Le gouvernement australien a engagé 27 M$ pour que  mémorial australien de le guerre, situé à Canberra, rénove ses collections et modernise ses infrastructures, selon le Canberra Times. La première exposition devrait être terminée à temps pour l'Anzac Day de 2015. Dans le même temps, le Premier ministre australien, Julia Gillard (qui s'est rendue en Turquie pour commémorer l'Anzac Day), a annoncé une rallonge de 5 M$ pour le centre Anzacs qui sera construit dans la ville d'Albany, rapporte The Australian (en anglais). ● Dans un long article du Sydney Morning Herald, le journaliste australien Ian Mylchreest questionne la mémoire Anzac dans la société australienne (en anglais). ● Le prince William et son épouse Kate Middleton ont participé au gala de charité pour aider au financement des nouvelles galeries du musée impérial de la guerre, à Londres (source : Artlyst, en anglais). ● Toujours outre-Manche, selon The Telegraph, en prévision du centenaire, une base de données en ligne va recenser les 100 000 monuments aux morts, afin entre autres de mieux les sauvegarder (en anglais). ● En Angleterre, une nouvelle émission "War Hero in my Family", associant généalogie et histoire militaire, va être lancée sur Channel 5 (en anglais). ● En Californie, raconte La Croix, des croix érigées à la mémoire des soldats de la Grande guerre sur un site du parc naturel de Mojave (Californie) pourront rester en place. ● Le musée In Flanders Fields, à Ypres, actuellement en travaux de rénovation, rouvrira ses portes le 11 juin 2012.

Dans l'agenda...  ●  Conférence le 3 mai au musée de Meaux sur le thème "La figure du soldat de 14 à aujourd'hui dans la bande-dessinée" par Luc Révillon, auteur de l'ouvrage 14-18 dans la BD, images de la Grande Guerre de Forton à Tardi (éd. Cheminements). ● Le 12 et 13 mai,  "Le printemps du Grand Meaulnes", le salon du livre autour des écrivains-combattants de Saint-Rémy-la Calonne, rendra hommage cette année, selon le site Verdun Meuse, à Louis Pergaud, l’auteur du roman La Guerre des boutons, disparu en Meuse en avril 1915. Accessible librement au grand public, cette manifestation s’articulera autour de plusieurs animations.
A voir, à lire et à écouter...  ● A lire Les Grandes Guerres (1914-1945), de Nicolas Beaupré, éd. Belin, 56 €.  ●  A voir, "The Great War 100", une nouvelle application android qui  décortique en chiffres l'histoire de la Première Guerre mondiale à travers plusieurs infographies. Cette mini-encyclopédie sera progressivement enrichie. ● A voir, le site de l'exposition virtuelle "Sur les chemins de la Grande Guerre" pour lequel le musée In Flanders Fields, le musée départemental de Flandre, l’Historial de la Grande Guerre, la Caverne du Dragon-musée du Chemin des Dames, les départements du Pas-de-Calais et du Nord se sont associés.  ●  A voir, la présentation sur le site du Telegraph du carnet de peintures naïves d'un soldat britannique du 5th Gloucesters, Henry Buckle. ● A lire sur le site du Huffington Post, une chronique de la scénariste Amy Waddell sur son travail d'adaptation à l'écran de la "croisade" de la sculptrice américaine Anna Coleman Ladd, qui voulait que les "gueules cassées" retrouvent leur visage. ● A voir et à écouter sur le site FranceTV, Frédérick Hadley, attaché de conservation à l'Historial de la Grande Guerre à Amiens, nous parle de l'influence de la Première Guerre mondiale sur la musique et notamment sur les groupes de hard-rock.

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