Suite et fin du billet consacré à l'attaque du bois de la Mine, le 10 mai 1915.
Entre trous d'obus et vestiges de tranchées, la lisière nord du bois de la Mine aujourd'hui. |
A 17h00, l'artillerie exécute une violente préparation de trois minutes. La compagnie Trinité du 36e RI (4e Cie) s'élance dans la partie sud du bois, pendant que le compagnie commandée par Venclin (2e Cie) cherche déborder la tranchée ennemie par le nord. Mais le combat progresse lentement… Les Normands ne possèdent pas, en effet, de grenades et sont sous le feu de mitrailleuses qui balayent le terrain. Les Allemands ont, de plus, barré les boyaux, et les bois très serrés et déchiquetés par l'artillerie constituent un obstacle très difficile à franchir. Les Français réussissent toutefois à repousser de cent mètres la ligne de feu. A 19h00, une troisième compagnie du 36e est engagée à son tour et l'assaut est répété : la compagnie Trinitée est à nouveau lancée en avant, appuyée à droite et à gauche par deux sections de la 3e compagnie opérant cette fois en plaine, de chaque côté du bois (au sud le sous-lieutenant Tahot, au nord le lieutenant Hélouis et le capitaine Vivien). Mais cette charge est stoppée par un feu violent de grenades et torpilles. Tahot, qui il y a peu patrouillait au bois du Bonnet-Persan, réussit toutefois à atteindre la lisière des arbres, mais il est arrêté par du fil de fer posé en lisière. Il doit alors creuser un trou de tirailleur en urgence pour s'accrocher au terrain.
Le 74e dans les tranchées du Mont-Doyen. De gauche à droite, le sous-lieutenant Le Gall, tué à Verdun, et le sous-lieutenant Seynaeve (4e Cie). Dans l'abri, inconnu. (Photo coll. Agosto). |
Le 11 mai, la journée se passe dans une attente interminable. Français et Allemands se font face. Certains blessés de la veille, restés dans des entonnoirs d'obus du no man's land, essaient d'échapper à la capture. A 19h50, rapporte le chef de bataillon Craplet, deux fusées partant de la tranchée ennemie donnent le signal pour un bombardement "d'une violence inouïe. Balles, grenades, torpilles, obus de gros calibres, les Allemands s'efforcent de sortir de leur tranchée". Mais les soldats de Guillaume ne peuvent progresser d'un seul pas tant la riposte des Français est vive. Le bataillon du 36e compte toutefois dix nouveaux blessés.A proximité de la zone de mort, la nuit est cauchemardesque. "Hier, raconte Roland Dorgelès, alors mitrailleur au 39e dans une correspondance datée du 13 mai, toute la nuit, on entendait les blessés appeler : «Un tel, tel régiment. Ne me laissez pas. Je suis blessé. Je vais mourir.» Et les autres qui râlaient : «Maman.» Atroce ! Et impossible d'y aller : les fusées et les projecteurs donnaient, et les balles sifflaient dru."
Enfin, le lendemain, le combat cesse. La journée est consacrée à l'organisation défensive du bois de la Mine et, tout au plus, faut-il compter sur l'initiative d'une patrouille menée par l'aspirant Lucas, du régiment calvadosien, pour repousser, dans le boyau central, la ligne de combat de 50 m dans les lignes allemandes. Relevés par le 3e bataillon du 74e, les compagnies du 36e, au terme de ces 48 heures repartent vers les bois de Beaumarais.
Le bois de la Mine, au sud. Au centre, les restes de la carrière où se réfugie le sous-lieutenant Tahot le 11 mai. |
* A noter que sur le site Mémoire des Hommes, on compte douze hommes tués au 36e RI et non onze : le sergent Maurice Kéro, qui s'était illustré sous Brimont, le caporal Edgar Michel, et les soldats Georges Nicolas, Georges Micouin, Edmond Anquet, Joseph Nicolle, Ferdinand Ramé, Léon Huet, Georges Le Bréquier, Félix Bretagne, Georges Véron et Armand David, qui ne connaîtra plus les coulinages dans son village la veille de Noël.
Merci à "Manu" pour les photos et à Stéphan, pour son travail sur le 74e.
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