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Le bois de la Mine, aujourd'hui "bois d'Audréaux", vu du nord vers le sud. A gauche, l'ex-bois des Allemands,
d'où partit l'attaque du 10 mai 1915. A droite, le bois Marteau. |
"Au début de mai, le 1er bataillon [du 36e RI] dut aller
reprendre une tranchée que le 39e régiment avait perdue dans les environs, au
bois des Mines ou bois Marteau. La nuit était noire et les Allemands lançaient
des torpilles ; on n'avait jamais vu cela. ― Où est notre
Beaumarais ? disaient les soldats du 1er bataillon. Après cela, le régiment
descendit au grand repos à Fismes." (Jean Hugo, Le
Regard de la Mémoire, Actes Sud, 1989)
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"L'ennemi se trouve en quelques endroits à cinq mètres
au plus de nos lignes". Source : BNF,
département Estampes et photographie, 4-QE-1036
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S'il fallait trouver un prélude aux combats de l'Artois, il
faudrait sans nulle doute évoquer les féroces combats dans le bois de la Mine
[aujourd'hui Bois d'Audréaux sur les cartes IGN],
les 10 et 11 mai 1915, dans lesquels furent impliqués les régiments de la 5e
division. Par leur sauvagerie et les pertes qu'ils vont entraîner, ils
annoncent l'impitoyable affrontement qui se tiendra un mois plus tard dans le
petit village de Neuville-Saint-Vaast, à 150 km de là.
Localisés à l'est de Beaumarais, le bois de la Mine
appartient à un ensemble de petites bandes forestières bordant le sud du
village de la Ville-aux-Bois. La guerre n'a pas épargné ces ilots, qui ont été
transformés en bastions retranchés, ceinturés de tranchées et hérissés de
mitrailleuses. Marcel Ricois, jeune soldat au 39e régiment, raconte :
"Le
régiment a pris la place devant et dans les bois Marteau [le même nom
aujourd'hui]
, Franco-Allemand, Mine et Clausade [bois aujourd'hui disparu]
. Certains
sont occupés en partie par l'ennemi qui se trouve en quelques endroits à cinq
mètres au plus de nos lignes. C'est un échange continuel de grenades et
d'engueulades. Les compagnies occupant ces endroits doivent tirer toute la
nuit, ordre formel du général Mangin. (…)" Jouxtant les lignes
allemandes, le bois de la Mine est particulièrement défendu : trois réseaux de
fil de fer en interdisent l'entrée, doublés de mitrailleuses et de mortiers
cellerier. Dans les sous-sols, des rameaux de combat dans un but offensif,
dirigés contre des postes d'écoute allemands, sont creusés, comme en témoigne
le JMO du 3e régiment du génie. Mais les Français n'auront pas le temps de
mettre leur menace à exécution.
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La lisière, aujourd'hui, entre l'ex-bois de la Mine (à droite)
et ce qui fut le bois des Allemands. |
Le 10 mai au matin, entre 5h30 et 11h00, selon le rapport
établi par le général Tassin, commandant la 9e brigade, les lisières orientales du
bois sont bombardées intensivement par des minenwerfers. L'artillerie française
ne réplique pas, en raison de la proximité des tranchées des adversaires.
Impressionnée par ce bombardement, une compagnie du 35e Territorial "
se
replie avant l'attaque dans l'intérieur du réduit, abandonnant la
tranchée", dans laquelle l'ennemi prend pied.
"Les Allemands,
raconte Marcel Ricois,
par l'entonnoir creusé par l'éclatement d'une mine
surgissent ; se frayant un chemin à l'aide de grenades, pénètrent dans les bois
; les premiers armés seulement de couteaux. Un
corps à corps s'engage dans les boyaux. Ils avancent toujours et se
battent à la grenade et au couteau. Le moment est critique." Les
défenseurs, matraqués par ce poing d'acier, sont sous le choc.
"En
arrivant, raconte le lieutenant Julien Cauchy, du 39e RI,
je rencontre
quelques hommes et, auprès d'eux, un jeune sous-lieutenant revolver au poing,
et la figure pleine de petites taches de sang. Mais je ne puis tirer d'eaux
aucune parole, tellement le bombardement les a rendus sourds."Une
première contre-attaque, menée par la 10e compagnie du 35 RIT, échoue. L'état-major,
décide alors de jeter dans la bataille le 1er bataillon du 36e RI, en
cantonnement à Chaudardes et Concevreux. Le commandant de l'unité, Craplet,
reçoit l'ordre vers 13h00...
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