Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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4 mars 2011

Prélude à l'Artois (I)


Le bois de la Mine, aujourd'hui "bois d'Audréaux", vu du nord vers le sud. A gauche, l'ex-bois des Allemands,
d'où partit l'attaque du 10 mai 1915. A droite, le bois Marteau.
"Au début de mai, le 1er bataillon [du 36e RI] dut aller reprendre une tranchée que le 39e régiment avait perdue dans les environs, au bois des Mines ou bois Marteau. La nuit était noire et les Allemands lançaient des torpilles ; on n'avait jamais vu cela. ― Où est notre Beaumarais ? disaient les soldats du 1er bataillon. Après cela, le régiment descendit au grand repos à Fismes." (Jean Hugo, Le Regard de la Mémoire, Actes Sud, 1989)

"L'ennemi se trouve en quelques endroits à cinq mètres
 au plus de nos lignes". Source : BNF, 
département Estampes et photographie, 4-QE-1036
S'il fallait trouver un prélude aux combats de l'Artois, il faudrait sans nulle doute évoquer les féroces combats dans le bois de la Mine [aujourd'hui Bois d'Audréaux sur les cartes IGN], les 10 et 11 mai 1915, dans lesquels furent impliqués les régiments de la 5e division. Par leur sauvagerie et les pertes qu'ils vont entraîner, ils annoncent l'impitoyable affrontement qui se tiendra un mois plus tard dans le petit village de Neuville-Saint-Vaast, à 150 km de là.
Localisés à l'est de Beaumarais, le bois de la Mine appartient à un ensemble de petites bandes forestières bordant le sud du village de la Ville-aux-Bois. La guerre n'a pas épargné ces ilots, qui ont été transformés en bastions retranchés, ceinturés de tranchées et hérissés de mitrailleuses. Marcel Ricois, jeune soldat au 39e régiment, raconte : "Le régiment a pris la place devant et dans les bois Marteau [le même nom aujourd'hui], Franco-Allemand, Mine et Clausade [bois aujourd'hui disparu]. Certains sont occupés en partie par l'ennemi qui se trouve en quelques endroits à cinq mètres au plus de nos lignes. C'est un échange continuel de grenades et d'engueulades. Les compagnies occupant ces endroits doivent tirer toute la nuit, ordre formel du général Mangin. (…)" Jouxtant les lignes allemandes, le bois de la Mine est particulièrement défendu : trois réseaux de fil de fer en interdisent l'entrée, doublés de mitrailleuses et de mortiers cellerier. Dans les sous-sols, des rameaux de combat dans un but offensif, dirigés contre des postes d'écoute allemands, sont creusés, comme en témoigne le JMO du 3e régiment du génie. Mais les Français n'auront pas le temps de mettre leur menace à exécution.
La lisière, aujourd'hui, entre l'ex-bois de la Mine (à droite)
et ce qui fut le bois des Allemands.
Le 10 mai au matin, entre 5h30 et 11h00, selon le rapport établi par le général Tassin, commandant la 9e brigade, les lisières orientales du bois sont bombardées intensivement par des minenwerfers. L'artillerie française ne réplique pas, en raison de la proximité des tranchées des adversaires. Impressionnée par ce bombardement, une compagnie du 35e Territorial "se replie avant l'attaque dans l'intérieur du réduit, abandonnant la tranchée", dans laquelle l'ennemi prend pied. "Les Allemands, raconte Marcel Ricois, par l'entonnoir creusé par l'éclatement d'une mine surgissent ; se frayant un chemin à l'aide de grenades, pénètrent dans les bois ; les premiers armés seulement de couteaux. Un  corps à corps s'engage dans les boyaux. Ils avancent toujours et se battent à la grenade et au couteau. Le moment est critique." Les défenseurs, matraqués par ce poing d'acier, sont sous le choc. "En arrivant, raconte le lieutenant Julien Cauchy, du 39e RI, je rencontre quelques hommes et, auprès d'eux, un jeune sous-lieutenant revolver au poing, et la figure pleine de petites taches de sang. Mais je ne puis tirer d'eaux aucune parole, tellement le bombardement les a rendus sourds."Une première contre-attaque, menée par la 10e compagnie du 35 RIT, échoue. L'état-major, décide alors de jeter dans la bataille le 1er bataillon du 36e RI, en cantonnement à Chaudardes et Concevreux. Le commandant de l'unité, Craplet, reçoit l'ordre vers 13h00...

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