Une barricade à Neuville-Saint-Vaast. Album Mangin,
(Source : bibliothèque nationale de France, département
Estampes et photographies, 4-QE-1036).
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"Le dernier jour, c’est-à-dire le 10 juin, où nous nous sommes emparés complètement du village, fut terrible. Un bombardement intense et sans arrêt. Avec cela, la pluie a fait son apparition. Les tranchées bouleversées par les obus donnaient aux hommes une situation pénible. Nous étions complètement couverts de boue, et malgré cela il fallait avancer sous la mitraille. Des milliers d’hommes luttaient, marchant sur les cadavres, les blessés dont j’entends encore les râles effrayants. Partout, du sang, la boucherie sans discontinuer.
"On visita certaines caves, les unes semblaient encore remplies de fumées ; impossible d’y parvenir, d’autres, à moitié enfoncées par les obus, étaient remplies de cadavres. Celles où l’on peut pénétrer, on s’y cache pour se mettre à l’abri des obus qui tombent toujours. Le travail que les Allemands ont fait dans ces caves pour résister au bombardement est formidable. D’abord elles sont recouvertes d’une épaisse couche de béton étayée avec d’énormes poutres de bois. Dans l’intérieur, on trouve toutes sortes d’effets militaires allemands. Certaines ont en plus une autre cave creusée au dessous de la première. Ce devait être celle des officiers. Des lits sont aménagés, lits volés dans le pays. Partout on sent une connaissance complète du système militaire. Ils avaient aménagés jusqu’à un petit train pour le ravitaillement. Dans le village, on ne peut reconnaître aucune rue. Toutefois, la rue principale donne par endroit la forme d’une rue. Elle est presque tous les 20 mètres barrée par une barricade où la lutte a été vive, car il en reste des traces. Nos obus ont fait un travail épouvantable : des trous où une maison avec une cave se trouvaient il ne reste plus qu’un immense tas de débris de toutes sortes. Je n’ai rencontré que des chats qui ont résisté à cet enfer, car on a le cœur serré devant tant de ruines et malgré soi on a, en fixant de quelques côtés que l’on se tourne, on a envie de pleurer. Il y avait une église, je n’ai pu en trouver la place. Partout au milieu des maisons on a construit des tranchées. De temps à autre, on aperçoit les restes d’un intérieur, les meubles sont éventrés, la vaisselle cassée, tout est brisé, quelques tableaux restent accrochés après des pans de murs, des inscriptions allemandes forment le décor de cette triste vision.
Neuville-Saint-Vaast, juin 1915, dans l'album Mangin,
(Source : bibliothèque nationale de France, département
Estampes et photographies, 4-QE-1036).
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"Je garderai toute ma vie le souvenir de ces jours pénibles car c’est dans l’horreur que nous avons vécu, aussi je prie Dieu de faire cesser toutes ces choses."
(1) Compte-rendu des événements de la journée du 10 au 11 juin, signé par Vallières, chef d'état-major : "Les Allemands (...) ont laissé un nombreux matériel, dont une douzaine de mitrailleuses, 3 lance-bombes, des milliers de grenades, des outils de parc en très grand nombre, 800 000 cartouches, un millier de fusils, 2 appareils incendiaires et trois canons de 77". (AFGG, tome III, Annexe 564)
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