Pas de légende (mon arrière grand-père Fernand Le Bailly devant une des portes de la caserne Lefebvre, à Caen, du 36e RI).
Tout au long de la guerre, le 36e régiment d'infanterie a compté dans ses rangs une majorité de Normands et de Parisiens. Aux "gâs" ("garçons" en normand) du Calvados, de la Manche, de l'Eure et de la "Seine inférieure" se mêlaient des jeunes de Versailles, des titis de Courbevoie, des gaillards de Puteaux, d'Asnières ou de Clichy (sans compter des hommes de Mantes, Boulogne, Levallois-Perret et des 1er, 7, 9, 15, 16, 17 et 18e arrondissements de Paris). Et pour cause : au moment où la guerre éclate, la région fait partie de la 3ème région militaire, instituée par la loi d'organisation générale de l'armée de juillet 1873, qui recouvre tous ces circonscriptions administratives.
Le casernement du 36e est à Caen, et s'effectue à la caserne Lefebvre, dans le château érigé par Guillaume le Conquérant, et dans la vieille caserne Hamelin, construite en 1735 plus bas dans la ville, place Alexandre III (aujourd'hui place du 36e RI). Mais la ville rassemble d'autres casernes, telles celle de Beaulieu, située dans le quartier de la Maladrerie, ou la caserne du 43e régiment d'artillerie de campagne, dans le quartier Claude Decaen.
Après avoir reçu sa feuille de route, Jean Hugo nous raconte son arrivée à la caserne Lefebvre le 6 septembre 1914 dans la nuit : "Par la ville endormie je gagnai le château, je passai le pont-levis et j'entrai au corps de garde. Douze hommes dormaient sur un bat-flanc, d'autres sur des paillasses. L'un d'eux, étendu près du falot, bailla, s'étira, jura et dit :
- Couchez-vous là.
Le bras qui me montrait la dalle nue était galloné d'or. Je m'allongeai par terre, la tête sous les pieds des hommes couchés sur le bat-flanc ; c'était la première fois que je sentais l'odeur des pieds.(...) Les Parisiens étaient des mecs de Belleville, d'Argenteuil et de Nanterre. L'un d'eux, Lagarde, me proposa aussitôt de faire mon lit, de cirer mes chaussures, d'astiquer mon équipement, de polir mes boutons dans l'instrument appelé patience et de nettoyer mon fusil. Un autre, Bleuzé - qui disait de Lagarde : "Il est de ma rue" - traversait la chambre sur les mains après avoir retourné ses paupières avec la pointe de son couteau à cran d''arrêt. Il portait les cheveux en frange sur le front et, autour des reins, une large taillole noire. La race française était alors fort petite. J'étais le plus grand de la compagnie. Les Normands me demandaient :
- Es-tu parent du géant Hugo ?
Ce géant, en long manteau noir et coiffé d'un chapeau haut-de-forme, se montrait dans les foires et était célèbre dans toute la Normandie."
Pour retrouver des photos de Caen et de ses casernes, rendez-vous sur le site d'un collectionneur de cartes postales de la ville à la Belle-Epoque : http://www.piganl.net/ A lire enfin, un article un article sur le recrutement en France de 1873 à 1923 sur le site de l'institut de stratégie comparée.
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