Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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19 juin 2008

"Soit le front ou le coeur"

(Illustration : panneau central du tryptique de Tardi, à voir à la mairie de Craonne, photo DR)

Avant de continuer le récit des événements qui ont démarré la bataille de la Marne, arrêtons-nous un moment sur le récit que fait Jules Champin, dans les premiers jours de septembre 1914, de l'exécution du soldat français (rapportée aussi par mon arrière grand-père, Fernand Le Bailly). Ce récit s'étend sur trois pages du carnet de Jules Champin et décrit le déroulement par le détail. "Samedi 5 septembre. Réveil à 4h1/2. Nous traversons le village, puis le régiment se rassemble par compagnie dans le milieu d'un champ. On forme les faisceaux et nous recevons des renforts du 329e régiment d'infanterie de réserve. Pour une fois nous avons eu le temps de faire le jus que nous buvons ensemble pour les accueillir parmi nous. A peine si nous avions eu le temps de boire notre café que le lieutenant Vivien nous appelle : la 1ère compagnie aux faisceaux. Il fait sortir du rang 12 hommes et le sergent Jounet, dans lequel le 1er en titre j'étais du nombre. Je voyais que de préférence il choisissait ses meilleurs tireurs. On se demandait bien tous ce qui allait encore se passer, on croyait bien que c'était pour partir en patrouille. Puis on voit arriver entre deux gendarmes un artilleur du 11e régiment d'artillerie de Rouen qui avait les menottes aux mains. Le lieutenant nous réunis et nous donne ses instructions nous faisant un petit discours, puis il nous annonce que c'est lui que nous allons fusiller, c'est un pillard et un voleur, il est condamné à mort. On se regarde tous, nous ne sommes pas fiers, pour ma part il me semble que c'était un crime que j'allais accomplir. Il nous semblait que tous nos cheveux se dressaient sur la tête tellement cette besogne nous semblait difficile à exécuter. Enfin nous partons sur le lieu de l'éxécution, nous nous plaçons sur deux rangs 6 devant, 6 derrière. Notre lieutenant est à côté de nous, et c'est le sergent Jounet qui va exécuter les commandements. Le condamné est placé devant une meule de paille, un sous-off vient le dégrader en lui arrachant tous les boutons toutes les insignes du 20e régiment (corrigé sur la copie par "11e régiment d'artillerie"). Les gendarmes sont toujours à côté de lui. Toutes les Cies du régiment, et je crois qu'il y a d'autres régiments de la brigade, forment un grand carré et vont assister à l'exécution. A ce moment précis un prêtre soldat se détache d'une Cie et vient demander au condamné je crois s'il a besoin des secours de la religion ce qu'il refuse méchamment et catégoriquement, ce qui a pour effet de bien nous remonter le moral, ceci nous prouvait que nous avions affaire à un véritable bandit. Les gendarmes lui attachent les mains derrière le dos et le placent juste devant la meule de paille et à genoux. Nous sommes placés à une trentaine de mètres. Le sergent Jounet nous commande : garde à vous, en joue, feu ! Et le condamné tombe la tête en avant frappé à mort sous les balles françaises. Un chef de bataillon arrive à cheval, descend et lui donnne le coup de grâce de trois coups de revolver dans la tête à bout portant. Tous ce spectacle n'est pas beau à voir. Des brancardiers arrivent avec une civière, et l'emmène, ils le place sur le bord de la route, le long du fossé, avec une pancarte attaché à une croix faite avec deux bouts de bois sur laquel est écrit : "Pillard et Voleur". Ensuite toutes les compagnies présentes défilent devant, baïonnette au canon. "Moi je lui ai visé le coeur, parce que le lieutenant Vivien nous l'avait bien recommandé dans son petit discours où il avait cherché à nous préparer (soit le front ou le coeur)." (Pour lire la suite du témoignage de Jules Champin, c'est ici)

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