Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

18 févr. 2008

Cardron, un soldat un peu moins oublié

Légende accompagnant cette photo dans l'album de Fernand Le Bailly : "Le sergent Salvé.
Une tombe d'un camarade. 'Cavaliers de Courcy', près Reims, nov. 1914
".

"Croix de 1914, ornées de drapeaux d'enfants, qui ressembliez à des escadres en fête, croix coiffées de képis, croix casquées, croix des forêts d'Argonne qu'on couronnait de feuilles vertes, croix d'Artois dont la rigide armée suivait la nôtre, progressant avec nous de tranchée en tranchée, croix que l'Aisne grossie entraînait loin du canon, et vous, croix fraternelles de l'arrière, qui vous donniez, cachées dans le taillis, des airs verdoyants de charmille, pour rassurer ceux qui partaient. Combien sont encore debout, des croix que j'ai plantées ?
"Mes morts, mes pauvres morts, c'est maintenant que vous allez souffrir, sans croix pour vous garder, sans cœur où vous blottir. Je crois vous voir rôder, avec des gestes qui tâtonnent, et chercher dans la nuit éternelle tous ces vivants ingrats qui déjà vous oublient." (Les Croix de Bois, 1919)
Qu'il nous soit permis avec cette photo, à la veille de ce 11 novembre, de faire mentir Roland Dorgelès. Perdu au milieu de photographies de l'album de mon arrière-grand-père, prises entre la Neuvillette et les tranchées de Courcy, ce cliché est anodin en apparence. Seulement, il n'est que de scruter la croix et faire varier sa lumière et son contraste, pour que la pierre livre un nom: il s'agit de la tombe d'Alfred Cardron, né le 25 février 1889, à Colombes (Seine), employé de chemin de fer, tué le 24 octobre 1914. Le Journal de marche du 36e, à la même date, en dit un peu plus long sur cette mort tragique : devant la route nationale Laon-Reims, "dans la nuit, de nouvelles tranchées sont commencées un peu en avant des anciennes. Toujours quelques coups de feu de la part de l'ennemi. Un homme est tué par une balle perdue pendant qu'il enterrait un soldat trouvé dans le Cavalier de Courcy. Rien d'autre à signaler."
Cardron se fait tuer alors qu'il cantonne à la Neuvillette, à distance de la première ligne. Cette mort peut sembler bien anodine en apparence, elle témoigne de l'absurdité de cette guerre de position. En octobre 14, l'on meurt aussi d'une méprise, d'une balle perdue alors que les soldats tiraillent sans raison de tranchée à tranchée. Le 19 octobre, dans l'après-midi, un obus de 75 tiré par erreur par un régiment d'artillerie français tombe ainsi sur les lignes occupées par la 7e compagnie : cet accident tue 3 soldats et en blesse 6. Le lendemain, deux coups de canon tirés du sud de Saint-Thierry s'abattent à deux mètres de la tranchée du 1er bataillon. Personne n'est atteint... Cardron tombe pour avoir voulu donner une sépulture à l'un de ses camarades. En ultime hommage, des compagnons lui ont taillé une croix dans un bloc de craie blanche, symbole de pureté. Qu'est devenue sa dépouille ? Est-elle restée sur place ? Fut-elle exhumée et transportée ? A-t-elle été, avec le temps, regroupée dans un ossuaire avec d'autres dont on ignorait le nom ? On ne le sait. Son corps a sans doute été, comme la plupart, avalé par la terre. Mais cette photo permet à son souvenir de ne pas sombrer dans l'oubli.

Pour découvrir un blog qui s'intéresse à toutes les stèles qui ont été érigées après la guerre de 1914-1918... C'est ici.

2 commentaires:

  1. Bonjour

    Merci beaucoup pour le lien vers mon blog

    De votre côté, votre blog est impressionnant tellement il fourmille de détails, de documents d'époque.

    BRAVO

    RépondreSupprimer
  2. Merci queutchny. Je te rends la politesse, car ton blog est une idée en devenir bien intéressante !

    RépondreSupprimer