Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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16 oct. 2007

"Brimont, grondant et fumant..." (I)

La plaine de Courcy, vue depuis la colline de Brimont. Au centre, le château de Brimont et, derrière, les bois de Soulains. La ville de Reims est à droite.

Quel paysage contemplent les "forçats de Courcy" ? A l'avant et à l'arrière de la ligne des tranchées, leur horizon est borné par les douces collines crayeuses champenoises, qui ondulent entre Vesle et Aisne. Au bas de ces monts, aux cimes parfois boisées, la plaine alterne terrains pierreux et marais. Mais dès la fin septembre 14, sur la ligne de front, tout est dévasté. Henri Dutheil, secrétaire d'état-major sous les ordres de Mangin, basé au Chenay, derrière Merfy, raconte : "Les vapeurs d'automne flottaient là-dessus et se mêlaient dans l'air calme aux fumées des bivouacs. L'unique rue du village de Chenay, montante et sinueuse, est bordée de façades blanches, dont quelques-unes s'enguirlandent de vignes où se fleurissent de roses ; il y a aussi des murs de jardins, d'où dépassent des feuillages rougis et jaunis, de hautes portes cochères s'ouvrant ça et là sur des perspectives de parcs… Du village suivant, à 2 km de celui-ci, il ne reste plus grand'chose, et du suivant, il ne reste plus rien… des ruines sous les pampres : Saint-Thierry, Merfy ; en face, Brimont, grondant et fumant… en arrière du front, bossuée de tombes, enveloppée de brouillards épais, la vallée de la Vesle et ses saules, ses oseraies, les coteaux champenois, les vignes qu'on vendange, la montagne de Reims, bleue au loin, couronnée de forêts que les premières gelées éclaircissent et roussissent."
Le réseau qu'occupe le 36e RI s'étend des Cavaliers, qui bordent le canal de l'Aisne, aux abords de la RN 44. Derrière la ligne de tranchées, à quelques kilomètres, s'étend la ville de Reims, dominée par les deux flèches gothiques de la cathédrale. A la mi septembre démarre le bombardement quasi régulier de la ville, lancé à partir des forts de Brimont, Fresne, Witry… aux mains des allemands. Ce déluge de feu incessant fera aussi partie du "paysage" de ces soldats.
Plus au nord, la ligne française de tranchée continue de tracer son sillon dans la craie rémoise et serpente le long de la route. Elle passe devant Hermonville, où cantonne Drieu la Rochelle et Dorgelès en octobre 14, puis le Godat, où Ernst Junger connaîtra ses premiers combats, en décembre de la même année. Cette nouvelle frontière qui s'esquisse, le second l'évoque telle une "longue ligne lumineuse, un boulevard en fête. Partout des fusées blanches éclataient, jets d'eau lumineux retombant en étoiles, un perpétuel feu d'artifice qui mourait ici pour renaître là. Et de cette chimérique clarté, aucune rumeur ne montait ; pas de voix, pas de vie ; rien qu'un crépitement continu, un tragique roulement de coups secs qui s'enfonçaient dans le vaste silence comme des clous."

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