Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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3 oct. 2008

Un anniversaire sous les bombes

Reprenons le fil du témoignage de Fernand Le Bailly ce samedi 5 septembre 1914, à la veille de la bataille de la Marne. Une journée bien spéciale pour mon arrière-grand-père : versé dans le 36e régiment d'infanterie, il vient d'entendre la lecture de l'appel de Joffre, il a vu un soldat fusillé pour pillage, et un bombardement se rapproche... Voici comment ces quelques heures seront par la suite relatées dans son carnet :

"Nous restâmes là quatre heures, sans bouger, blottis dans des trous creusés à la hâte avec nos outils portatifs. Puis… le soir vint, les obus tombaient toujours mais s'éloignaient de nous et c'est alors que dans une pensée rapide je revis tous ceux que j'aime et je me souviens que ce jour là… était mon anniversaire de naissance (le 5/09/1880, NDLC).
En face de nous, un tableau saisissant s'offrait : une quinzaine de villages flambaient ; c'est alors que 16 canons de 75 vinrent se mettre derrière nous, à environ 200 mètres et qu'à raison de 14 coups à la minute chacun… Ils préparèrent l'action que nous devions commencer le lendemain au petit jour sur le village de Courgivaux (en réalité, le 36e attaque Courgivaux le 7 septembre).
Nous fîmes le café et nous nous étendîmes.
Dire que j'ai dormi : non. Dire que j'ai eu peur aux premiers obus : non. Un pincement violent au cœur qui se mit à battre à outrance pendant une minute à peine, telle est la sensation que j'ai ressentie en recevant le baptême des « marmites ».

Il est vrai que le capitaine Malfre nous avait de suite rassurés en se promenant tranquillement au milieu de tous ces éclatements, la cigarette aux lèvres, les mains derrière le dos et quand l'un de nous était inquiet… je l'entends encore «
Mais mon gars, ce n'est rien… ce ne sont que des petits obus, ceux-là ne peuvent qu'à peine te blesser »…"

Au même moment, deux autre régiments de la 5e DI, le 74e régiment d'infanterie et le 129e, sont engagés dans la reprise du village de Courgivaux. Le combat dure la journée entière et reste inscrit au panthéon de la division : la défense des sections de mitrailleuses Thorel et Jougla, du 74e, le petit cimetière transformé en fortin, le tir à bout portant des batteries du 43e régiment d'artillerie de campagne, le général Mangin, selon la légende, faisant le coup de feu pipe à la bouche et bottes cirées... Au soir, le petit bourg reste néanmoins aux mains des Allemands. Le 36e RI est alors jeté dans la fournaise avec l'ordre de s'en emparer.

(Photo : le monument aux morts au centre de la nécropole de Courgivaux, créée en septembre 1914)

2 commentaires:

  1. Salut Jérôme,

    Ahhh ! Courgivaux...
    Juste quelques petites corrections concernant le 74e R.I. Les sections de mitrailleuses évoquées étaient celle de Thorel et de Jougla. Bonal, quant à lui, était à la tête de la 10e Cie. L'historique du régiment est assez imprécis - je sais - et surtout émaillé de quelques approximations et erreurs de ce type... Bonne continuation !
    Stéphan

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  2. Par Thorel, mais c'est bien sûr. Merci de tes précisions. Jérôme

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