Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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15 juin 2012

Août 14 : la guerre vue des sanitaires

Poursuivons notre évocation des combats du Châtelet, en août 1914, en reprenant deux témoignages qui nous sont parvenus. Le premier, déjà évoqué, émane du médecin Louis Levasseur, du service de santé du 11e régiment d'artillerie de campagne (RAC). Rappelons que le 11e RAC, en garnison à Rouen, constitue l'artillerie de corps du 3e CA. Il est transporté à partir du 5 août dans les Ardennes, au nord de Rethel. D'après son historique régimentaire, il entre le 17 en Belgique, après quelques étapes "longues et pénibles".

"(...) 22 août.

L'église de Gerpinnes.
Départ de Thy-le-Château à 2h30 pour aller prendre une position d'attente entre Presles et Tarcienne. Vers 8 heures départ précipité vers Gerpinnes, passage à Acoz et Villers-Poterie, où nous arrivons vers midi. Vers 13 heures, le groupe se porte en avant, les batteries de tir cherchent une position en avant d'un petit bois situé entre Bouffioulx et Presles*. Une section de la 4e batterie peut seule prendre position. Le groupe des échelons reste en colonne dans le bois, sur le côté gauche de la route, à droite des groupes d'échelons du 4e groupe du 11e régiment et du 43e régiment d'artillerie. Le milieu de la route est occupé par un régiment de tirailleurs algériens (le 9e ?) qui se porte en avant. Le combat fait rage, les obus éclatent au-dessus des bois, les balles perdues passant pour la plupart très bas, blessent les chevaux de l'échelon. L'encombrement est tel qu'il est impossible de faire déboîter la voiture médicale et que nous devons nous contenter de donner des soins aux nombreux fantassins blessés qui s'éloignent du champ de bataille. Une heure à peine se passe, que l'ordre de repli est donné, le mouvement de demi-tour est fait à bras dans un ordre parfait. Des blessés se hissent sur les coffres, d'autres sont emportés sur des brancards, un sous-lieutenant de tirailleurs et un sergent-fourrier sont hissés sur la voiture médicale et une véritable grappe de tirailleurs blessés s'accroche à cette voiture. Nous traversons le village de la Figotterie rempli de blessés ; nous installons le plus grand nombre de blessés sur de la paille le long des maisons et les confions aux médecins d'une ambulance qui déjà donnent leurs soins à de nombreux autres. Je fais donner un brancard pour le transport du commandant Kahn, du 36e régiment d'infanterie très grièvement blessé**, que des hommes de son régiment s'efforcent de transporter à l'ambulance. Pendant l'arrêt, les tirailleurs s'emparent malgré nous de nos brancards et nous ne pouvons en conserver que deux. A ce moment le groupe des échelons s'est éloigné, nous sommes restés seuls de notre corps dans le village et nous n'avons aucun renseignement sur la direction prise par les batteries. Nous avons toujours les blessés des tirailleurs montés sur la voiture médicale et nous avons recueilli en route, au milieu de nombreux autres, cinq blessés appartenant au 4e groupe du régiment (…) Nous décidons de les transporter à l'ambulance installée dans l'église de Gerpinnes, malheureusement celle-ci est déjà très encombrée et la place qui l'environne est entièrement couverte de blessés couchés ; une maison portant un drapeau de la Croix-Rouge où des blessés sont soignés par des sœurs de charité est également encombrée ; nous pensons alors à utiliser la gare et ses dépendances pour y installer provisoirement un poste de secours. Au moment où nous arrivons à la station vers 16h30, un train de voyageurs entre en gare ; il est occupé seulement par une dizaine de civils. Le chef de gare interrogé nous apprend que ce train se dirige vers Givet*** où il demandera les instructions utiles au commissaire de gare. Les blessés nouvellement venus sont ensuite installés dans les locaux de la gare. L'heure passe et nous avons hâte de rejoindre notre unité si faire se peut. Sur la foi de quelques vagues renseignements, nous prenons la direction de Tarcienne****. Vers 20h00, nous parvenons à retrouver l'échelon de la 6e batterie, nous le suivons dans le mouvement de retraite qu'il opère pour rejoindre les autres échelons, dans la direction de Somzée (…) Nous prenons place derrière l'échelon de la 4e batterie qui ferme la marche, mais cet échelon s'égare de nouveau à Laneffe et nous rejoignons seuls Chastrès***** qui nous a été indiqué comme lieu de rassemblement. Nous y arrivons le 23 vers 1 heure. (…)"

* Il s'agit du bois du Châtelet.
** Selon l'historique du 36e RI, Kahn a été frappé de 22 balles de mitrailleuses...
*** A 37 km au sud-est de Gerpinnes
**** A 4 km au sud-ouest de Gerpinnes
***** A 10 km au sud-ouest de Gerpinnes

Source : Rapport du médecin Louis Levasseur, 11e régiment d'artillerie de campagne (Service de santé du 2e groupe : J.M.O., cote 26 N 924/36)

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