Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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15 sept. 2009

Jours tranquilles à Courcy

Les cavaliers de Courcy hier et aujourd'hui (Photo-carte, DR).

Signe de la nervosité qui gagne le secteur de la plaine de Courcy en cette fin d'année 1914, la journée du dimanche 8 au lundi 9 novembre 1914 est émaillée de plusieurs incidents. En fin de journée, le soldat Hamon se distingue lors d'une patrouille sur les cavaliers (photo), le long du canal. A l'approche d'une tranchée allemande, note le colonel Bernard, commandant du 36e, dans un compte rendu, Hamon est "arrêté par les fils de fer au moment où il allait se précipiter en avant avec le reste de la patrouille sur les Allemands endormis dans la tranchée. Il ouvrit le feu, mit hors de combat plusieurs allemands fut lui même blessé à l'épaule. La patrouille put se retirer sans être inquiétée."
Le régiment n'est pas pour si peu composé de têtes brûlées. Quelques heures plus tard après ce coup de main, sans raison, la panique gagne toute la 10e brigade. Vers 23 heures, les Allemands lancent une attaque dans la direction du bois de Chauffour tout en esquissant une attaque peu poussée vers la ligne du 129e RI, devant la route nationale 44, à la gauche du 36e RI. Etienne Tanty, soldat au 129e, raconte dans une de ses lettres : "Je m'éveille tout à coup. Partout des coups de fusil ; mes voisins s'éveillent aussi et bouclent les sacs en vitesse et mettent bidon et musettes. Les Boches attaquent : les balles sifflent. Visages ahuris et inquiets. Silhouettes qui passent sur la route en courant et en se baissant. On va renforcer la tranchée, à quelques pas ; je me fous par terre dans du fil de fer coupé et d'autres aussi ; le sac monté à la diable ballote, les musettes battent les jambes (...) et l'on se précipite dans les trous de tranchée n'importe comment, on se terre au fond, assez inquiets." De nombreux obus tombent devant les tranchées de gauche du secteur du 36e. Quelques compagnies tirent (ce soir-là, trois compagnies du 1er et 2e bataillons du 36e sont aux tranchées ; le 3e bataillon est en réserve à Courcelles), la compagnie du centre se dit même attaquée par une ligne allemande qui se serait avancée jusqu'aux fils de fer. Bernard prescrit de faire rechercher les blessés Allemands devant les lignes. Sans résultat... Les patrouilles envoyées au-delà du front le jour suivant ne trouvent ni morts ni blessés. "Il se peut que les Allemands les aient enlevés en se retirant, comme c'est leur habitude. J'ai prescrit d'envoyer ce jour, à la faveur du brouillard, des patrouilles qui constateront s'il y a des flaques de sang par terre, en avant du front...", note Bernard, à 5 heures du matin.
Quelques jours plus tard, Tanty donnera son explication de l'histoire dans une de ses lettres : "Lundi soir, fusillade ; c'était d'ailleurs une méprise : une patrouille qui a eu peur et s'est mise à tirer sur le génie qui travaillait devant nous, les Boches se croyant attaqués ont riposté, et nous, croyant à notre tour à une attaque, voilà comment se déchaînent les combats. Déjà l'artillerie était prête à entrer en jeu. Tout cela pour quelque bonhomme nerveux ou affolé qui aura tiré comme un imbécile, sans savoir, malgré toutes les recommandations des officiers."

Merci à Gilles Saucier et à son remarquable travail de recensement des soldats du 36e RI morts pour la France. Sur cette anecdote, lire les lignes du soldat Paul Chevalier, du 36e RI.

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