Pourquoi ce blog et comment le lire ?
Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.
Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.
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29 nov. 2009
Roger Couturier, la plume brisée
(Ci-contre : le jeune Roger Couturier. Merci à Victor, Emmanuel et Stéphan Agosto qui ont rendu ce billet possible).
La mémoire de Roger Couturier, soldat du 36e régiment d'infanterie, ne se découvre plus aujourd'hui que par bribes. Son épitaphe* figure encore peu ou prou sur son tombeau, dans le petit cimetière parisien de Passy (divison 8), à quelques pas de la tombe de Maurice Genevoix et du colossal monument de Paul Landowski sur la Grande Guerre. Et son patronyme orne enfin une des plaques qui évoque les 546 écrivains "représentants de la pensée française morts pour la patrie", apposées de chaque côté du choeur du Panthéon de Paris. Autant dire que le souvenir de ce jeune garçon est bien ténu. Et sans le travail de sa mère, Geneviève Couturier, qui, en 1915, entreprit de recueillir et publier le journal et les lettres que son fils lui adressa de la fournaise, dans un petit ouvrage intitulé Un soldat de la Grande Guerre, on serait bien en peine d'invoquer ce jeune garçon, mort à dix-sept ans à Neuville-Saint-Vaast.
Né le 15 octobre 1897, Roger Couturier appartient à une famille aisée. Il grandit dans l'ouest parisien et, à l'âge de 8 ans, se voit admis au collège des pères maristes de Passy. "D'une grande timidité, d'une extrême sensibilité", selon sa mère, l'enfant se tient à l'écart des autres. Sa mauvaise santé contraint ses parents à l'éloigner de la capitale. En 1907, il est placé à l'institut Saint-Vincent de Senlis, où l'adolescent reste deux ans. De retour à Paris, il passe la première partie du bac philosophie. Profondément croyant, grand admirateur d'Albert de Mun, il est tenté par le sacerdoce, mais la déclaration de guerre bouleverse ses plans. Il veut s'engager. Son père mobilisé, il se retrouve seul avec sa mère.
Les premiers jours de la guerre l'emplissent d'une profonde inquiétude. Le 4 août, lors de l'enterrement de Jaurès, il stigmatise dans son journal "les discours pseudo-idéalistes" et les "utopies" du tribun socialiste. Il accueille la victoire sur la Marne avec soulagement et souhaite mourir pour son pays - "Mourir pour une telle cause, ce n'est pas mourir, c'est se continuer." Le 16 octobre, contre l'avis de sa mère, il se présente au bureau de recrutement, mais est refusé. Il obtient de passer le conseil de révision en décembre, où il est enfin déclaré apte. Dès lors, il choisit l'infanterie - "l'arme la plus belle, car elle donne tout sans compter sur d'autres forces que la sienne, l'arme des héros" - et le régiment du Calvados : le 36e RI.
Il part le 9 janvier à Caen, et après quelques jours passés au dépôt du régiment, il est envoyé à Potigny, où la classe 1915 a déjà commencé son instruction. Elève caporal, il passe les épreuves et repart pour le dépôt le 19 avril, où il endure la vie de caserne. Il fait mettre son nom sur la liste des partants pour le bataillon de marche, mais celui-ci est retiré, au prétexte qu'il est trop jeune. Enfin, le 18 mai, il apprend son départ pour le front. Lors de son voyage, le 20 ami, il se lie d'amitié avec le "lieutenant E..." (Roland Engerand, fils de Fernand Engerand - député du Calvados -, qui a été blessé au mois de septembre, à l'attaque du fort de Brimont, près de Reims).
* "Ici repose Roger Marie Couturier, engagé volontaire au 36e d'infanterie, tombé glorieusement à Neuville-Saint-Vaast, le 23 juillet 1915 à l'âge de 17 ans et demi. Médaille militaire et croix de guerre."
(A suivre...)
La mémoire de Roger Couturier, soldat du 36e régiment d'infanterie, ne se découvre plus aujourd'hui que par bribes. Son épitaphe* figure encore peu ou prou sur son tombeau, dans le petit cimetière parisien de Passy (divison 8), à quelques pas de la tombe de Maurice Genevoix et du colossal monument de Paul Landowski sur la Grande Guerre. Et son patronyme orne enfin une des plaques qui évoque les 546 écrivains "représentants de la pensée française morts pour la patrie", apposées de chaque côté du choeur du Panthéon de Paris. Autant dire que le souvenir de ce jeune garçon est bien ténu. Et sans le travail de sa mère, Geneviève Couturier, qui, en 1915, entreprit de recueillir et publier le journal et les lettres que son fils lui adressa de la fournaise, dans un petit ouvrage intitulé Un soldat de la Grande Guerre, on serait bien en peine d'invoquer ce jeune garçon, mort à dix-sept ans à Neuville-Saint-Vaast.
Né le 15 octobre 1897, Roger Couturier appartient à une famille aisée. Il grandit dans l'ouest parisien et, à l'âge de 8 ans, se voit admis au collège des pères maristes de Passy. "D'une grande timidité, d'une extrême sensibilité", selon sa mère, l'enfant se tient à l'écart des autres. Sa mauvaise santé contraint ses parents à l'éloigner de la capitale. En 1907, il est placé à l'institut Saint-Vincent de Senlis, où l'adolescent reste deux ans. De retour à Paris, il passe la première partie du bac philosophie. Profondément croyant, grand admirateur d'Albert de Mun, il est tenté par le sacerdoce, mais la déclaration de guerre bouleverse ses plans. Il veut s'engager. Son père mobilisé, il se retrouve seul avec sa mère.
Les premiers jours de la guerre l'emplissent d'une profonde inquiétude. Le 4 août, lors de l'enterrement de Jaurès, il stigmatise dans son journal "les discours pseudo-idéalistes" et les "utopies" du tribun socialiste. Il accueille la victoire sur la Marne avec soulagement et souhaite mourir pour son pays - "Mourir pour une telle cause, ce n'est pas mourir, c'est se continuer." Le 16 octobre, contre l'avis de sa mère, il se présente au bureau de recrutement, mais est refusé. Il obtient de passer le conseil de révision en décembre, où il est enfin déclaré apte. Dès lors, il choisit l'infanterie - "l'arme la plus belle, car elle donne tout sans compter sur d'autres forces que la sienne, l'arme des héros" - et le régiment du Calvados : le 36e RI.
Il part le 9 janvier à Caen, et après quelques jours passés au dépôt du régiment, il est envoyé à Potigny, où la classe 1915 a déjà commencé son instruction. Elève caporal, il passe les épreuves et repart pour le dépôt le 19 avril, où il endure la vie de caserne. Il fait mettre son nom sur la liste des partants pour le bataillon de marche, mais celui-ci est retiré, au prétexte qu'il est trop jeune. Enfin, le 18 mai, il apprend son départ pour le front. Lors de son voyage, le 20 ami, il se lie d'amitié avec le "lieutenant E..." (Roland Engerand, fils de Fernand Engerand - député du Calvados -, qui a été blessé au mois de septembre, à l'attaque du fort de Brimont, près de Reims).
* "Ici repose Roger Marie Couturier, engagé volontaire au 36e d'infanterie, tombé glorieusement à Neuville-Saint-Vaast, le 23 juillet 1915 à l'âge de 17 ans et demi. Médaille militaire et croix de guerre."
(A suivre...)
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