Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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7 févr. 2009

Lépine des tranchées (II)

Fin janvier, le feu de l'artillerie allemande devient une réelle préoccupation au 36e régiment d'infanterie, tapi en contrebas du plateau de Californie, dans les bois de Beaumarais. La tâche du soldat Lagardère, visant à attirer les bombardements sur la ferme du Temple en faisant passer le site pour une redoute fortement occupée, n'a pas encore porté ses fruits. Pour concentrer les tirs ennemis sur la cote 120, située à une centaine de mètres du mont Hermel, le colonel Viennot préconise, avec son alacrité habituelle (lire le nota bene), la mise en place d'un petit dispositif d'"intoxication" à base de poudre noire et de boîtes de conserve. La débrouillardise et l'esprit inventif animent décidément le régiment !

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10ème brigade.
ETAT MAJOR

NOTE
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La pastille de poudre noir nécessaire à l'inflammation de la charge des cartouches de 37 produit au départ du coup une fumée telle que la pièce ne tarde pas à être repérée. Pour tromper l'ennemi sur la position réelle occupée par le canon il suffit de placer à 200 ou 250 m de la pièce un dispositif émettant à intervalles réguliers des nuages de fumée.
Ce dispositif très simple à organiser a été indiqué à l'Enseigne NEPVEU pour retarder le repérage des pièces que cet officier a mises en batterie sur le versant Est de la cote 120.
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Pour construire l'appareil il suffit d'une planche de 1 m 20 de longueur sur 0 m 10 de largeur, 12 vieilles boites de conserve, 12 crampillons en U et 2 m 70 de cordon Bickford. Fixer tangentiellement les 12 boîtes le long de la planche au moyen des crampillons, enfoncer incomplètement ces derniers et les laisser émerger de 0 m 01.
Passer le cordon Bickford dans l'arceau formé par les crampillons, fixer par une ligature une extrémité du cordon au crampillon de la dernière boîte, laisser l'autre extrémité pendre librement (voir la reproduction du schéma tel qu'il figure dans la note)
Placer l'appareil à l'endroit où l'on veut simuler le feu du canon et recouvrir chaque crampillon avec une cuillerée de poudre noire à mortier de 15 (30 grammes).
Au moment du tir enflammer l'extrémité libre du Bickford, la 1ère déflagration de la poudre se produit 2 minutes après, puis les différentes boîtes s'enflamment de 10 secondes en 10 secondes, le temps nécessaire à l'inflammation des 12 boîtes est de 2 minutes, durée normale d'un tir de 37.
L'emploi de poudre a un triple avantage :
1° Il rend difficile le repérage des pièces.
2° Il procure à l'adversaire le plaisir de concentrer son feu sur un point où il n'y a rien à battre, car l'homme chargé d'enflammer le Bickford a eu le temps de se mettre en lieu sûr.
3° La déflagration des tas de poudre se faisant sans bruit il n'y a pas superposition des détonations, la supercherie est donc plus difficile à dépister que si l'on employait des pétards.

N-B.- La présente note est adressée simplement à titre de compte-rendu et ne mérite pas les honneurs de la publicité, il y a déjà trop d'inventeurs donnant libre cours aux idées saugrenues qui leur congestionnent les méninges.

Pontavert, le 23 janvier 1915,
Le colonel commandant la 10ème brigade
(signé) VIENNOT

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