Suite de notre billet consacré aux combats dans et autour du château de
Brimont en septembre 1914.
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Deux vues de l'aile ouest du château de Brimont après les bombardements. Au premier plan, le chemin est celui qui reliait
le village de Brimont à Courcy. |
Le
17 septembre, aux première lueurs du jour, les Normands du château de Brimont observent des renforts français envoyés pour reprendre le bois Soulains s'avancer le long de la route de Reims vers les bois de Soulains, s'arrêter puis enfin se replier. Plus près d'eux, ils aperçoivent des groupes d'Allemands aller à la voie de chemin de fer et en revenir. La mâchoire allemande semble bien s'être refermée sur eux... De fait, la fusillade avec les Allemands redémarre avec encore plus d'intensité. Les compagnies retranchées à la sortie du parc, sous les feux plongeants des soldats de Guillaume et prises à revers, ne peuvent se maintenir. Elles sont obligées de se réfugier derrière le grillage du jardin au fond du vallon. Meunier, du 36e, est témoin alors d'actes de bravoure désespérés :
"Le mouvement de terrain qui sur la droite (vers le nord-est du château, NDR)
masque notre vue à environ 200 m est fort gênant, aussi le commandant décide-t-il d'envoyer reconnaître et qui se passe derrière. Une demi-section sous les ordres du sergent Champetier de Ribes (du 129e régiment d'infanterie, NDR)
rampe jusqu'à une meule de paille qui se trouve à la crête et y rencontre une vingtaine d'Allemands au repos. Ceux-ci sont tués par nos hommes mais le mouvement a été vu par l'ennemi qui ouvre un violent feu qui tue ou blesse la plupart des nôtres ; le chef de détachement mortellement blessé peut encore revenir avec quelques hommes." Les mitrailleuses ennemies arrosent les toits, les greniers, cinglent l'intérieur des cours. "
Un obus tombe dans le puits qui est démoli, nous n'avons plus d'eau", raconte Meunier.
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La chapelle du château de Brimont était située
à l'arrière de la ferme. Sur la gauche, les serres. |
Vers midi, une brèche est ouverte dans le mur nord-est de la ferme par l'artillerie allemande, mais elle n'est pas exploitée par les soldats de Guillaume. Les blessés français s'accumulent. Ils sont 200 vers 14h00. En début d'après-midi, l'artillerie allemande augmente d'intensité : aux batteries de 77 s'ajoute désormais une batterie lourde de 210 qui écrase méthodiquement tous les bâtiments. Après l'édifice principal, les obus s'abattent sur la ferme et l'enceinte du parc. Une deuxième trouée est pratiquée par un projectile dans le mur nord-est. L'ennemi s'en rapproche, mais il est repoussé par la 3e compagnie du 129e qui ouvre un feu meurtrier à bout portant. Les Allemands concentrent alors leur attaque vers le parc, et notamment, vers les jardins français et l'épais bois qui bordent le parc au sud. Le terrain est difficile à défendre : les arbres abattus par les obus limitent le champ de tir des Normands. Ceux-ci sont rapidement dépassés, et se laissent désarmer.
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Le toit de la ferme du château, où s'est retranché le 36e régiment d'infanterie
lors des combats du 16 et du 17 septembre 1914. |
Le soldat Joseph Pirot, du 129e, fait prisonnier ce jour-là et qui réussira à s'évader quelques jours plus tard, racontera lors de son interrogatoire ces dernières heures au château de Brimont : "
Tout le monde disait que le commandant (Duchemin, NDR)
qui était au château avait fait sonner le "Cessez le feu" et hisser le drapeau blanc. C'est alors que plusieurs soldats ont mis leur mouchoir au bout de leur baïonnette pour laisser avancer les Allemands sans tirer. Quand on a sonné le "Cessez le feu", je suis resté dans la tranchée avec un camarade Leboucher et nous y sommes restés tant que les Allemands n'ont été arrivés dans le château. J'ai tiré 2 ou 3 cartouches pendant qu'ils venaient sur nous et comme les camarades ont insisté pour que je ne tire plus, je n'ai plus tiré. C'est les Allemands qui m'ont donné ordre de sortir, de laisser mon équipement et mes armes où j'étais (...). Quand notre section a été prise, tous les hommes qui étaient cachés dans le château sont venus nous rejoindre en criant : «Ne tirez plus, nous nous rendons.»
Dans ces hommes, il y en avait quelques uns qui avaient laissé leur équipement dans le château et les autres se sont amenés tout équipés ; de là, les Allemands les ont fait déséquiper comme tous les autres."
(A suivre…)
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