tel que les Allemands pouvaient le contempler en 1914.
Le 36e ne le sait pas encore, mais les bois de Beaumarais sont, selon l'expression en usage, un "bon filon". Aux violents combats en septembre a succédé un calme relatif. Les Allemands, repliés sur le plateau de Californie, se sont solidement retranchés dans l'ancien village de Craonne, bâti à 140 m d'altitude à flanc de coteaux et qui offre une vue imprenable sur les villages de Pontavert, Chaudardes, Craonnelle, et, plus loin, sur les vallées de l'Aisne et de l'Ailette, Face à eux, en contrebas, dans le grand manteau forestier, le régiment français va pouvoir se dissimuler. Devant Craonne, sur la gauche, la ligne de tranchée suit la lisière du bois puis oblique à travers champs vers la zone, tenue par le 129e régiment d'infanterie, de La-Ville-aux-Bois (où Guillaume Apollinaire sera blessé en mars 1916). Plus à droite, en direction des bois de Neuville, les Bat'd'Af', aussi appelés "les Joyeux", sont retranchés. Les bois de Beaumarais sont étroits (2 km de large) et ne présentent qu'un peu de relief dans la partie orientale de la forêt, avec le mont Hermel. Ils sont également marécageux : l'eau sourd dès que l'on creuse, et les trous ne tardent pas à se remplir d'eau. C'est pourtant dans cette forêt que le régiment va rester 5 mois.
Le 10 décembre, le régiment s'achemine à Prouilly et rejoint son secteur dans la nuit du 11 au 12. Selon le Journal de marche et d'opérations (11/12/1914) "le premier bataillon occupe le premier sous-secteur. Le troisième bataillon occupe le deuxième sous-secteur. Le deuxième est réservé à Chaudardes et Concevreux. Poste de commandement du colonel : bois de Beau Marais."
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