Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

30 sept. 2012

Pierre Masse : pour mémoire (II)

Septembre 1941, Pierre Masse, à droite de la photo, et quelques-uns des 40 avocats
transférés à Drancy (crédit : coll.  Bundesarchiv, Bild 183-S69244/CC-BY-SA)
C'est sous un ciel lumineux que fut lu, ce dimanche matin, au mémorial de la Shoah, à Paris, dans le cadre d'une cérémonie organisée pour honorer la mémoire des déportés juifs de France, le nom de Pierre Masse, parti de Drancy pour Auschwitz par le convoi n°39 du 30 septembre 1942.
Il y a soixante-dix ans jour pour jour, ce député, secrétaire d’État à la Guerre, maître incontesté du barreau parisien et ancien capitaine du 36e régiment d'infanterie, était en effet envoyé à la mort sur instruction d'un sergent SS de 22 ans, l'Unterscharführer Ernst Heinrichsohn, adjoint du conseiller SS du service des Affaires juives, Heinz Röthke. De cette journée, il ne reste qu'une lettre de Pierre Masse, aujourd'hui conservée au musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon. Une mot adressé à son épouse ─ conclu d'un "Je pars en déportation" guidé par une main où se lit encore aujourd'hui l'émotion ─ que Pierre Masse, alors employé aux écritures dans les bureaux de l'administration du camp de Drancy, eut à peine le temps d'achever avant de partir pour la mort.
Se doutait-il de son sort  ? En cet automne 1942, il se sait voué aux gémonies par les collaborationnistes. Arrêté le 22 août 1941 à son domicile, par trois policiers en civil, il a été incarcéré à Drancy, puis au camp de Compiègne, pour retourner à Drancy après un passage, de mai à septembre, à la prison de la Santé. Pétain a mollement intercédé en sa faveur, mais les Allemands se sont opposés à toute libération.  A la Santé, il a commencé de noter ses souvenirs de jeunesse. En juin, son frère, Roger, détenu à Compiègne, est parti dans un convoi, composé principalement de juifs polonais, vers les "camps de travail" de l'Est. C'est aussi la période où Maurice Ribet, bâtonnier de l'ordre des avocats, voit lors d'une visite dans sa cellule un sac tyrolien, bien sanglé. "C'est mon paquetage, lui répond Pierre Masse qui, peut-être se souvient de son barda qu'il transportait dans les bois de Beaumarais en 1915. Je crois que mon séjour ici ne sera plus bien long. Tout est prêt. Quand on viendra me chercher, je n'ai qu'à mettre ça sur le dos et en route." 
Pierre Masse, dans les bois de Beaumarais en 1915,
photographié par Fernand Le Bailly.
Mais le sac reviendra avec lui à Drancy, le 16 septembre. A son retour,  le vaste bâtiment en U dit "cité de la Muette" a changé de visage. De centre de représailles,  le grand ensemble est devenu lieu de transit pour les raflés et internés des camps progressivement vidés, en zone libre comme en zone occupée. Outre les hommes, des femmes et des enfants arrivent désormais. Ils sont consignés dans les logements en grande partie inachevés des immeubles, puis repartent rapidement vers une "destination inconnue". Lors de ces journées, Pierre Masse voit la noria des autobus de la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP) se poursuivre sans fin. Le 18 septembre, un millier de personnes quittent le camp. Des familles déchirées, quelquefois recomposées juste avant le départ. Le 23, un nouveau millier. Le 25, 1004 sont déportés, le 28, 904... Dans le camp de Drancy, sous la barre des immeubles, les journées sont pour tous "intenables, à en perdre la raison", le sentiment de vivre "comme un automate, un avenir qui n'est qu'un immense tunnel tout noir". Dans cette atmosphère, selon quelques rares témoignages, Masse, affecté à l'escalier 8,chambre 14, matricule 5814, essaie d'aider ceux qu'il considère comme ses frères de misère. Jusqu'au jour où son nom finit par être appelé.
Emporte-t-il, ce jour, comme le prévoit le règlement deux petits colis à main ? Ce 30 septembre, il monte à son tour dans les autobus de la STCRP qui mènent les déportés à la gare du Bourget. De tous les convois de déportation partis de France vers les camps nazis, le n° 39 est le moins densément peuplé : ils sont 210 à franchir les portes des wagon plombés portant l'inscription "hommes : 40, chevaux en long : 8". Il s’agit surtout de personnes âgées, de plus de 55 ans, des Belges, des Hollandais et des Luxembourgeois... Le voyage dure deux jours et l'arrivée à Auschwitz se fait alors que sévit la première grande épidémie de typhus. L'ouvrage Mémorial de la Déportation des Juifs de France, publié par Serge Klarsfeld en 1978, précise : "A l’arrivée de ce convoi à Auschwitz, 34 hommes ont été sélectionnés et ont reçu les matricules 66 983 à 67 016. Il en a été de même pour 22 femmes, qui reçurent les matricules 21 373 à 21 394." Aucun ne survivra.
Quant à Pierre Masse, à 62 ans, il ne fut bien évidemment pas choisi. Conduit à l'écart du camp de Birkenau avec ses compagnons, il fut vraisemblablement gazé dans le bunker 1, aussi appelé "ferme rouge", au bord d'une forêt de bouleaux, ou dans le bunker 2 ("ferme blanche"), après qu'il lui fut demandé de se déshabiller dans une baraque à proximité. Puis son corps fut sans doute enterré dans une fosse commune qui avait été creusée dans la journée à quelques centaines de mètres, dans la zone la plus boisée.
Selon le site des avocats de Paris, Pierre Masse se définissait en "soldat de la France et du Droit". Mais il était à notre sens plus que cela. Peut-être un de ces 36 justes qui, selon une tradition issue du Talmud, assurent secrètement et sans le savoir, à chaque génération, la survie et la continuité du monde. Ce qu'il avait fait tout au long de sa vie sous la robe d'avocat.

Le nom de Pierre Masse et de son frère Roger,
sur le "mur des noms", au mémorial de la Shoah, à Paris.
Sources : Thomas Fontaine, "Chronologie : Répression et persécution en France occupée 1940-1944", Encyclopédie en ligne des violences de masse ; Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon ; Annette Wieviorka et Michel Laffitte, "A l'intérieur du camp de Drancy", éd. Perrin ; "Pierre Masse", éd. Calmann Lévy, 1948.
(Lire aussi, sur ce blog, une des dernières lettres de Pierre Masse. A suivre...)

Note : Soixante-dix ans après le début de la déportation des Juifs de France vers les camps d'extermination nazis, le Mémorial de la Shoah a inauguré, le 23 septembre dernier, à Drancy un nouveau lieu d’histoire et d’éducation situé face à la Cité de la Muette.Conçu par l’architecte suisse Roger Diener, le Mémorial à Drancy permet au public scolaire comme au grand public de mieux connaître l’histoire de la Cité de la Muette et notamment le rôle central du camp de Drancy dans l’exclusion des Juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale et dans la mise en oeuvre de la "Solution finale" par les nazis depuis la France, avec la complicité du gouvernement de Vichy.


24 sept. 2012

La presse en revue, semaine 52

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour le mois de septembre 2012 & séance de rattrapage pour les non-abonnés au compte twitter @36regiment.

En France  ● Dans un document récent portant sur l'étude de sept régions du Nord et de l'Est de la France, l'association Robin des Bois dénonce "un manque criant d'information, une pollution des sols non contrôlée" par les munitions des guerres depuis 1870, rapporte L'Union-L'Ardennais, qui publie, dans la même édition, un inventaire vertigineux des déchets de guerre exhumés dans le département de l'Aisne. ● Premiers coups de pelleteuse pour le musée de la Grande Guerre de Fromelles, rapporte La Voix du Nord. Le bâtiment, "d'un coût global de 2,5 M€", devrait être achevé en 2013. ● Une historienne spécialisée dans l’histoire coloniale de la IIIe République.japonaise est venue visiter le champ de bataille de Verdun, raconte L'Est Républicain, qui a recueilli ses impressions. ● François-Marie Guidicelli, soldat corse, fusillé pour l’exemple, en 1915, à 21 ans, a été exhumé le 21 septembre dernier du cimetière de Caix, dans la Somme, pour être réinhumé dans son village natal. Récit de Corse Matin (photo) et reportage avec vidéos de France 3. ● Après le départ de Serge Barcellini de la mission Histoire du Conseil général de la Meuse, le directeur adjoint Antoine Rodriguez s'en va. L'occasion pour Christian Namy, sénateur, président du CG, de "réaffirmer sa volonté de préserver cette structure", dans un billet du site Verdun Meuse. ● Enfin, profitons de ce billet pour saluer la mémoire de Sylvie Genevoix, fille de Maurice Genevoix, disparue récemment. Elle était, entre autres, à l'origine de la création de l'association "Ceux de 14", dont la vocation est de constituer une grande bibliothèque numérique dédiée à la mémoire des combattants de 14.

En Angleterre, trois projets pour commémorer le centenaire ont obtenu leur financement, selon le site officiel First World War centenary, qui les détaille plus longuement: le projet de numérisation de la Bibliothèque nationale du Pays de Galles (voir RP du 7 septembre), celui du musée historique du Bishops Stortford, ayant pour thème la police, du musée de l'agriculture du Yorkshire (travail des femmes), et celui du musée de l'Oxfordshire (unités du comté). ● Outre-Manche, près de 90 000 £ (112 000 €) ont été versés par le fond financier de la loterie nationale anglaise, l'Heritage Lottery Fund, à un projet initié dans le comté du Sussex visant à étudier l'impact du conflit sur le comté du Sussex de l'Ouest, selon le Wscountytimes.  ●   Le comté du Highland a déclaré récemment ne pas disposer de suffisamment de fonds pour l'entretien de ses 165 mémoriaux, en prévision du centenaire, explique l'édition régionale de la BBC.  ●  Dans une interview parue sur Whatsonstage, l'écrivain Michael Morpugo (Cheval de guerre...) s'explique à l'occasion de la mise en scène pour le théâtre de son roman Private Peaceful, et parle de ce conflit qui continue de hanter ses histoires.  ●  Le biographe du poète de la Première Guerre mondiale Wilfred Owen, Dominic Hibberd, est mort à 70 ans il y a quelques jours. A lire, sa nécrologie dans The GuardianEn Belgique, "la région flamande a sérieusement pris les devants dans la préparation du centenaire", selon Lalibre.be qui a interviewé le vice-ministre président et responsable du tourisme dans le gouvernement flamand, Geert Bourgeois. Aux Etats-Unis, les partisans d'un monument national dédié aux soldats de la Première guerre mondiale ont abandonné leur projet de "nationaliser"  le petit monument du district de Columbia. Un nouvel emplacement est désormais recherché à Wahington, raconte le Huffington Post.  ●  Les interrogations persistent autour de l'épave du RMS Lusitania et de son torpillage le 7 mai 1915, rapporte le Belfasttelegraph. En Nouvelle-Zélande, un nouveau site officiel pour le centenaire a été mis en ligne à l'adresse : http://ww100.govt.nz/. Conçu comme outil de mise en relation dans un premier temps, il propose de découvrir les dernières informations concernant les futures commémorations.  ●  Selon le site néo-zélandais Stuff, un récent travail mené par une généalogiste sur une des plus vieilles familles du pays dévoile le (lourd) tribut payé au conflit par la fratrie.  Le Canada poursuit l'étude d'une page sombre de son histoire : l'internement des milliers d’Européens, citoyens de puissances ennemies, entre 1914 et 1920. Le Capebretonpost revient ainsi plus longuement sur ce sinistre épisode dans son édition du 21 septembre dernier.

Dans l'agenda...  ● Débat du centre international de recherche de Péronne le 5 octobre prochain, autour du thème : "20 ans de l'Historial de la Grande Guerre, 20 ans du Centre International de Recherche". Avec pléthore d'intervenants : Stéphane Audouin-Rouzeau, Nicolas Beaupré, Annette et Jean-Jacques Becker...
A voir, à lire et à écouter... ● A lire : au Grand Débat "l'enseignement de l'histoire au lycée est-il menacé", l'historienne Annette Wievorka signe la première contribution : "Le cours d’histoire devrait être l’occasion de se détacher de l’air du temps, de réfléchir, d’analyser".● Après le Nivelle, de Denis Rolland, nouvelle parution remarquée chez Imago : La folie au front. La grande bataille des névroses de guerre (1914-1918), de Julien Bogousslavsky et Laurent Tatu (20 €, à paraître le 26 sept.)  ● 1916, le troisième volume de la collection Grande Guerre proposée par L’Est Républicain en partenariat avec l’Éducation nationale et 14-18 : le Magazine de la Grande Guerre, vient de paraître, selon L'Est Républicain. ● A lire, la bande-dessinée Les Folies Bergère (éd. Dargaud, 16,45 €), "aux propos désespérés (...) et aux dialogues à l'os", ainsi que sa critique sur le site Sceneario. ● A lire, un billet de The Economist, à l'occasion de la parution aux Etats-Unis de la biographie du poète soldat Edward Thomas, signée Matthew Hollis, déjà saluée et récompensée par la critique anglaise, Now All Roads Lead to France: The Last Years of Edward Thomas. ● A lire, deux critiques de livres parus récemment sur le blog de l'historien Rémy Porte : la réédition de Enseignements et expérience vécue, d'Erwin Rommel et l'ouvrage Charleroi, 21-23 août 1914, de Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien. ● A voir, le site des Chemins de la mémoire a fait peau neuve. Le blog Sources de la Grande Guerre dresse l'inventaire des nouveautés dans un billet paru récemment.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

22 sept. 2012

La presse en revue, semaine 51

Isaac Rosenberg, autoportrait, 1915.
Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour le mois de septembre 2012 & séance de rattrapage pour les non-abonnés au compte twitter @36regiment.

En France ● Jusqu'en avril 2013, l'Historial de Péronne, dans la Somme, fête ses vingt ans, avec un programme chargé. Le quadri-hebdomadaire L'Aisne Nouvelle raconte ainsi la création de ce musée dont le choix des thématiques n'a été dicté par "aucun tabou". Et donne quelques informations sur deux expositions qui ont d'ores et déjà ouvert leurs portes : "La Grande Guerre à Péronne. 20 ans, 20 commerçants" et "Vingt ans d'acquisition". Enfin, sur le site du mensuel L'Histoire, l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, président du centre international de recherches de l’Historial, dresse le bilan de cette double décennie. ● A Metz, l'exposition "1917" se termine ces jours-ci, après avoir rassemblé plus de 200 000 visiteurs, comme le rapporte le Républicain Lorrain (dont la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti). A noter qu'un colloque consacré à la création en temps de guerre, qui préfigurait le cycle de manifestations du centenaire de la Première Guerre mondiale, s'est tenu hier au centre Pompidou-Metz. Il réunissait historiens et artistes. ● Le site de L'Union-L'Ardennais décrit dans son édition du 10 septembre les modalités du concours scolaire "Petits artistes de la mémoire", qui a pour but de "préserver et transmettre aux plus jeunes la mémoire des combattants de la Première Guerre mondiale". ● Le site du quotidien raconte ensuite comment une Américaine s'est penchée sur la vie des Soissonnais après la guerre de 14-18 à travers le témoignage d'une infirmière volontaire arrivée en France en 1920. Son travail fait l'objet d'un livre Au secours des enfants du Soissonnais, publié ce mois-ci.  ● Enfin, le quotidien régional explique pourquoi la visite des villages détruits pendant la Première Guerre mondiale du camp de Suippes, initialement programmée pour les 13 et 14 octobre, a été annulée en raison de garanties de sécurité insuffisantes. ● Fin août, le site web d'actualités "participatif" Agoravox rappelait cet "étonnant droit de visite" aux tombes de militaires des ascendants et descendants d’un militaire "mort pour la France" durant la Grande Guerre et la Deuxième Guerre mondiale. Un dispositif dont l'ampleur demeure encore "marginal", selon la Revue française de généalogie.

En Italie, les régions se mobilisent pour le centenaire de la Grande Guerre, et plus particulièrement autour du Trentin, selon l'Adigetto. D'ores et déjà, plusieurs dates semblent se dessiner dans l'agenda des célébrations, pour le site ilFriuli (en italien). En Angleterre, une statue du grand poète Isaac Rosenberg (photo), tué le 1er avril 1918, près d'Arras, sera érigée dans le centre de Londres. The Independent brosse l'histoire de cet homme, dont la mémoire n'était jusqu'à présent évoquée que par une plaque dans le Pas-de-Calais. ● A l'occasion de l'adaptation TV du roman Parade's End, Max Saunder's, biographe de Ford Madox Ford, revient dans The NewStatesman sur cet écrivain dont beaucoup de pans demeurent encore mystérieux.  ●  En Belgique les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie ont mis en place "un plan opérationnel" des commémorations du centenaire de la guerre 1914-1918. Ses modalités peuvent être consultées sur le site site officiel des commémorations : www.commemorer14-18.be ● En Australie, les récents travaux d'e l'historien Michael Durey, de l'université Murdoch, sur plus de 1500 officiers britanniques (à paraître dans un futur ouvrage) bousculent les idées reçues, selon le site The West. ● Au Canada le site Métro Montréal annonce une exposition sur les camps de prisonniers pendant la Première Guerre mondiale, qui se tiendra sur le site historique de Banff (Alberta) "à l'été prochain" et apportera un éclairage sur "la vie des prisonniers entre 1914 et 1920". La communauté ukrainienne du Canada a été particulièrement touchée par ce drame, comme le rapporte CTV News qui raconte l'histoire d'un prisonnier, Yuri Forchuck.

Dans l'agenda...  ● Pour sa troisième année consécutive, le séminaire "La Grande Guerre aujourd’hui. Territoires, Patrimoines, Tourisme" réunit chercheurs, doctorants et praticiens pour réfléchir aux modalités contemporaines de la patrimonialisation des traces de la Grande Guerre. Le programme est à découvrir sur le calendrier en lettres et sciences humaines et sociales en ligne Calenda. 
A voir, à lire et à écouter... ● A lire un long billet sur le blog du Parcours du combattant qui détaille la mobilisation des régiments d'infanterie d'active et de réserve en août 1914. ● A lire Le Midi, les Midis dans la IIIe République (1870-1940), Christian Amalvi , Alexandre Lafon , Céline Piot (dir.), Nérac, Edtions d’Albret, 2012, 16 € en souscription.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

7 sept. 2012

La presse en revue, semaine 47 à 50 (août 2012)

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour le mois d'août 2012 & séance de rattrapage pour les non-abonnés au compte twitter @36regiment.

En France, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a tranché : le projet de Maison de l'Histoire de France, dont l'installation était prévue en 2015 sur le site des Archives nationales à Paris, ne verra pas le jour, selon Le Monde. ● "Cinq grands axes" se dessinent aux Archives de France pour la commémoration du premier conflit mondial, rapporte le blog Sources de la Grande Guerre. ● La cérémonie commémorative de l'engagement de la "Force noire" en 1914-1918, à la nécropole nationale du Natus (Gironde) le 23 août dernier, a permis de rappeler le rôle de ces unités pendant la Grande Guerre et leur présence dans la région, rapporte Sud-Ouest. ● Dans une note publiée sur son site le 20 août dernier, la Ligue des droits de l'Homme a demandé qu’une "commission" pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple de la Première Guerre mondiale "soit installée par une loi (...), afin donner aux familles le maximum de renseignements sur les circonstances de la disparition de soldats qui étaient leurs aïeux et permette que les condamnations arbitraires soient effectivement cassées sans renvoi". ● A Comines (Nord), le chantier du centre d'interprétation Plugstreet 14-18, dédié à la Première Guerre mondiale et plus particulièrement au saillant d'Ypres, a démarré selon La Voix du Nord. ●  Un passionné d'histoire locale, Bernard Berthion, a entrepris d'établir la liste des tués ou disparus d'août 1914 dans les combats des Ardennes, rapporte L'Union.

En Belgique La 86e édition du Pèlerinage de l’Yser a mis à l’honneur, le 26 août, à Dixmude, un soldat wallon Amé Fiévez, tombé au front en 1917, selon le site de la RTBF. Les organisateurs avaient invité pour la première fois une délégation wallonne, histoire de se démarquer de la Veillée de l’Yser, à Ypres, où les nationalistes flamands les plus radicaux se réunissent désormais. ● Selon le site Freesun, la Flandre a démarré la promotion du centenaire de la Première Guerre au World Travel Market, le plus grand salon européen sur le tourisme. Avec pour objectif d'attirer jusqu'à deux millions de visiteurs le temps du centenaire (en anglais). ● En Angleterre Le Premier Ministre anglais, David Cameron, prévoit pour les cérémonies du centenaire, selon le Daily Mail, trois jours de commémoration nationale : le 4 août 2014 (date anniversaire de la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l'Allemagne), le 1er juillet 2016 (bataille de la Somme) et le 11 novembre 2018 (armistice). Ces trois journées seront placées sous le signe du "souvenir, de la jeunesse et de l'éducation"(en anglais). ● John Keegan, que certains considèrent comme l'"un des plus éminents historiens militaires du XXe siècle", est mort le 2 août dernier. Il restera célèbre pour son ouvrage Anatomie de la bataille, où il restitue, à travers l'analyse de trois batailles historiques (dont celle de la Somme), le combat tel qu’il fut vécu par les hommes de troupe. A lire, sa nécrologie sur le site du New York Times (en anglais). ● L'aérodrome historique de la Première Guerre de Stow Maries, situé dans le comté d'Essex, est en vente pour deux millions de livres, selon le site thisistotalessex (en anglais). ●  Dans le village d'Oswestry (comté de Shropshire), la mobilisation est lancée pour protéger la maison du célèbre poète Wilfred Owen d'un programme immobilier, rapporte le site de la BBC (en anglais). ● Début août, Carwyn Jones, Premier Ministre du Pays de Galles, s'est prononcé pour une large numérisation des registres des soldats de la région à l'occasion des commémarations du centenaire de la Première Guerre, selon NewsWales (en anglais). ● Depuis le 24 août, la chaîne BBC diffuse l'adaptation du roman de Ford Madox Ford Parade's End. Une transposition qui illustre la tension sociale en Angleterre de cette époque, selon le site du Socialistworker (en anglais). ● Aux Etats-Unis une base de données de toutes les bombes larguées par l'armée US depuis la Première guerre mondiale vient d'être créée par un officier de l'Air Force, selon le Boston Globe (en anglais). ● Brian Alexander, président du Mémorial de Kansas City, le musée national de la Première Guerre mondiale, a démissionné fin août, selon le Kansas City Star. Il était directeur de l'établissement depuis 2007 (en anglais). ● Au Canada, où des dizaines de milliers d'immigrés européens furent arrêtés et incarcérés dans une vingtaine de camps de prisonniers dès 1914, la ville de Montréal refuse de commémorer cette page de son histoire, raconte le site LaPresse. ● En France, le 8 août 1918 démarrait la bataille d'Amiens dans laquelle furent engagés, aux côtés des Anglais, des Canadiens. Le petits-fils d'un combattant témoigne sur le site lfpress.com. ● En Australie, un mémorial à la mémoire des soldats du premier conflit mondial, d'un coût de près de 80 millions de dollars, va être construit au coeur de la capitale  néo-zélandaise. Mais le parti Vert s'inquiète du montant des travaux, selon Nzherald. ● La collection Thuillier, riche de milliers de photos de "diggers" australiens qui se faisaient photographier dans le village de Vignacourt (Somme), continue de se dévoiler, et apporte son lot de surprises, raconte Thewest.  ●  "Thank you and goodbye" : Steve Gower, directeur du mémorial australien de la guerre s'en va après seize années de service. En Slovénie, le 29 juillet dernier, un rassemblement de Russes et Slovènes a été l'occasion de célébrer la mémoire des prisonniers de guerre russes morts dans le pays lors de la Première Guerre mondiale, rapporte The Voice of Russia (en anglais). ● 

Dans l'agenda...  ● L'exposition "La caricature de guerre, 1914-1918, La haine de l’autre" (jusqu'au 16 décembre, au centre Mondial de la paix, à Verdun) offre un regard croisé français-allemand-anglais, issu de la collection Diors (lire ici un article du Républicain Lorrain, photo)
A voir, à lire et à écouter... ● A écouter Jean Lebrun, dans son émission "La Marche de l'Histoire" sur France Inter, sur le thème "1917, les artistes et la guerre", avec l’historienne Annette Becker. ● A lire,  un article du NewObserver qui montre les limites auxquelles se heurtent les scientifiques dans leurs recherches sur les traumas des combattants de la Première Guerre (en anglais). ● A lire, un article de Libération qui explique comment les "monuments commémoratifs avec ou sans fonction muséale" ne cherchent plus la "grandiloquence", mais "désormais à susciter des émotions et à marquer le visiteur". ● A lire, une critique éloquente par The Australian du dernier livre de l'historien australien David Cameron sur la bataille de Lone Pine The Battle for Lone Pine: Four Days of Hell at the Heart of Gallipoli (éd. Penguin, 29,95 $, en anglais). ● A lire dans le JDD, un reportage qui raconte comment la mémoire de Jean Jaurès est évoquée au café du Croissant, où il fut assassiné le 31 juillet 1914. ● A lire, le retour du quotidien L'Union (épisode 1 et 2), avec l'auteur Gilles Déroche, sur l'"exploit" du sergent York, en Argonne, qui, un jour d'octobre 1918, captura 132 Allemands à lui tout seul. ● Quelques parutions à signaler. La petite Belgique dans la Grande Guerre : une icône, des images (Presses universitaires de Namur, 35 €), Charleroi, de Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien (éd. Tallandier, 18,50 €), Mémoires - Tome 2, La Bataille des Flandres, Les armées du Nord Octobre 1914-novembre 1916, de Ferdinand Foch (éd. Paléo, 35 €), De l'Artois aux Flandres - Souvenirs d'un officier au 158e R.I, de Pierre Riondet (éd. Giovanangeli, 15 €) et la BD Le Long Hiver, tome 2, 1918, de Patrick Mallet (éd. Casterman, 14 €) . Deux rééditions : À travers les lignes ennemies, trois années d’offensive contre le moral allemand par Hansi et Ernest Tonnelat (éd. Horyzon, 19 €, lire article L'Alsace), La France, la nation, la guerre - 1850-1920, de Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, (éd. Sedes, 20 €).

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

2 sept. 2012

La presse en revue, semaine 45 & 46 (juillet 2012)

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour fin juillet 2012, et séance de rattrapage pour les non-abonnés au compte twitter @36regiment.

En France ● Un centre d'interprétation autour "des grands épisodes de la Première Guerre en Artois et en Flandre" sera créé au bas de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, rapporte La Voix du Nord. Il comprendra un espace scénographique de 600 m² et un espace mémoriel. ● Neuf stèles nominatives ont été inaugurées à l'occasion du 96e anniversaire de la bataille de Fromelles, les 19 et 20 juillet 1916, correspondant à neuf combattants australiens dont les corps ont été découverts, parmi 250, dans des fosses communes près du Bois du Faisan, selon La Voix du Nord (photo ci-contre).  ● L'offre "culturelle" des Chemins de la mémoire de la Grande Guerre dans le Nord-Pas-de-Calais se dessine, selon le magazine Terre du Nord. ● La découverte de la galerie du Kilianstollen à Carspach, en Alsace, est "exceptionnelle pour l’archéologie de la Grande Guerre", rapporte le site des Dernières Nouvelles de l'Alsace. ● Une retraitée, Nicole Chassaing, revient sur l'histoire de ces Alsaciens-Mosellans qui sont morts sous l'uniforme allemand en combattant sur le front de l'Est, via le site L'Alsace. ● D'un coût estimé à 100 millions d'euros, la construction de l'usine de destruction d'armes chimiques de la guerre 14-18 par une filiale d'EADS débutera au second semestre 2013 sur le camp militaire de Mailly, selon Les Echos● "L’œil était dans la tombe et regardait Caïn" : Serge Barcellini, le directeur de la mission Histoire du conseil général de la Meuse, quitte ses fonctions et rejoint le cabinet du ministre délégué auprès du ministre de la Défense chargé des anciens combattants, Kader Arif. 

Hors de France  ● En Angleterre, selon ITV News, une arche de la mémoire sera construite à Folkestone, dans la Kent, pour commémorer les "millions" de soldats qui ont traversé la ville pour se rendre sur les champs de batailles de France et de Belgique. La construction de l'édifice sera achevée pour le centenaire (en anglais). ● Toujours outre-Manche, la première croix de Victoria à être vendue aux enchères (voir RP 44) a atteint la somme record de 230 000 £, selon le site Guardian Series, laissant la famille de son propriétaire "dévastée", selon le Telegraph (en anglais). ● La chaîne de TV anglaise BBC2 commande "Peaky Blinders", une saga sur une famille de gangsters au lendemain de la Première Guerre Mondiale, selon le site Braindamaged. ● Selon le portail Scoop, la loterie de Nouvelle-Zélande va verser 17 millions de dollars pour financer "un ou plusieurs projets d'envergue" qui commémoreront le débarquement des Anzacs à Gallipoli et le centenaire de la Première Guerre mondiale. Un projet raillé par le journaliste Brian Rudman (voir RP 37), sur le portail du site Nzherald, qui s'interroge sur la capacité de ces commémorations à rassembler les différentes composantes de la société néo-zélandaise. Mais selon Neill Atkinson, du ministère de la Culture et du Patrimoine, il s'agit d'un faux débat (en anglais).  ● Toujours en Nouvelle-Zélande, un nouveau volet émaille le projet commémoratif de la Nouvelle-Zélande pour le centenaire de la Première Guerre mondiale : il rassemblera, selon le site Scoop, les historiens autour de l'écriture d'un corpus sur le rôle du pays lors de la Première Guerre mondiale (en anglais). ● En Nouvelle-Zélande, selon le site Voxy,  près de 300 000 $ ont été alloués par le ministère de la Culture et du patrimoine pour financer un projet de création base de données électroniques et un mémorandum d'entente entre le musée d'Auckland et l'université néo-zélandais de Massey (en anglais). ● Selon le site C21, en Australie, deux mini-séries, dont une produite par l'acteur Sam Worthington (AvatarTerminator Renaissance...),  sont en préparation pour marquer le centenaire de la bataille de Gallipoli (en anglais). ● Fin juillet, raconte le Digitaljournal, les Sud-Africains ont célébré l'anniversaire de la bataille du bois Delville, situé près du village de Longueval (Somme), qui vit, du 15 au 20 juillet 1916, la perte de 2370 hommes (en anglais). ● En Irak, les vestiges de la Première Guerre disparaissent progressivement, raconte le site Warhistoryonline (en anglais). ● En Belgique, le programme des commémorations de la Bataille de la Sambre pour commémorer la guerre 14 a été présenté fin juillet, informe L'Avenir.net. Vingt-cinq spectacles, conférences ou encore concerts seront organisés sur les communes de Sambreville, Aiseau-Presles, Fosses-la-Ville et Mettet, sur les années 2013, 2014 et 2015.

Dans l'agenda, la programmation des vingt ans de l'Historial de Péronne jusqu'en avril 2013. ● Plusieurs articles sur des expositions en cours : "Le front intérieur" au mémorial de Dormans (L'Union) ; "Les animaux pendant la Grande Guerre" au Musée de la Mémoire de Belleau (site officiel) ; l'exposition temporaire du Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, "Un cadeau des Américains à la France", sur le monument de l'artiste Frederick William MacMonnies (série de reportages sur 77info).
A voir, à lire dans le "Chemin de la Mémoire" n° 227 (juin 2012), l'article "Douaumont prépare le centenaire de la Grande Guerre". ● A lire "Art forever changed by World War I" dans le quotidien LA Times, ou comment les diverses représentations du premier conflit mondial ont bousculé la création artistique (en anglais). ● Comment se positionner dans le champ de l’historiographie française de la première guerre mondiale ? La réponse d'un chercheur sur son blog Enklask/Enquête qui travaille sur les itinéraires de militants socialistes durant le conflit : "Consentement? Contrainte? Plutôt lassitude". ● A lire : un long portrait de Flora Sandes, sur le site EADT 24, "seule femme à avoir combattu" lors de la Première Guerre mondiale, à l'occasion de la sortie de sa biographie A Fine Brother: The Life of Captain Flora Sandes (éd. Alma Books Ltd, en anglais). ● A voir une présentation de l'ouvrage Picardie, poussières d'histoire, de David Delannoy et Jean-Marc Agricola, aux éditions Alain Sutton, sur le site de L'Union.