Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

23 nov. 2010

La mort au fond du bois

Après Marcel Felser, d'autres soldats du 36e régiment d'infanterie photographient la mort dans les bois de Beaumarais, pendant l'hiver 1914-1915. Paul Chevalier, dans un cliché non légendé (ici à droite), montre un tumulus surmonté d'une croix entouré d'eau. Quant à Fernand Le Bailly (à gauche), il saisit sous son objectif "Herman", un homme de sa liaison, se recueillant devant un tertre. Plus tard, il légendera la photo : "Tombes de nos camarades au milieu de nos gourbis. Fév. 1915". Au fur et à mesure des mois, des cimetières provisoires vont être créés dans le bois de Beaumarais, dont le cimetière de Monaco (ici photographié en 1917), à proximité de la route de Cary à Craonnelle, sera certainement le plus vaste. Ils seront pas la suite regroupés dans les nécropoles, comme celle de Pontavert.

16 nov. 2010

Vers l'inconnu et l'au-delà

"Sous l’enchevêtrement de fils de fer, des pins arrachés, des dalles écrasantes, c’est un long alignement de croix ; chacune est doublée d’une ombre qui la caricature, et chacune porte le même mot, souvent tronqué là où l’obus brisa le bois : “inconnu”, – “inconnu”, – “inc…” Quand Alain sortit de ce passage, dans la tranchée retrouvée, ce mot, comme une chanson funèbre, hante encore son esprit." (Philippe Barrès, La Guerre à vingt ans, Plon, 1924.)


Les combats autour de Charleroi, en septembre 1914 ont laissé nombre de soldats non identifiés, dont certains appartenaient au 36e  régiment d'infanterie. Après la retraite des Français, les Allemands se sont chargés d'inhumer ces combattants. Ils sont aujourd'hui regroupés dans quelques nécropoles, comme ici en Belgique, à la Belle-Motte. Le 10 et le 11 novembre 1920, il y a quatre-vingt dix ans, était transféré de Verdun à Paris la dépouille du Soldat Inconnu. Pour commémorer cet événement, une exposition de photos vient d'ouvrir ses portes aujourd'hui, à l'arc de triomphe de l'Etoile, à Paris. Pour télécharger le dossier de presse de cet anniversaire, sur le site Verdun Meuse, cliquez ici


11 nov. 2010

Le flâneur du 36e : commémorons sous la pluie

11 novembre 2010, place de l'Etoile, Paris.
Quelques jours après l'hommage au général de Gaulle, Nicolas Sarkozy est venu s'incliner
devant le tombeau du soldat inconnu.

5 nov. 2010

Le mystère Felser

Un halo de mystère entoure encore le travail de Marcel Felser. Ce soldat, jeune ingénieur électricien, qui connaîtra la guerre des tranchées pendant quatre ans sur le front alsacien, a laissé derrière lui une collection de près de 400 clichés sur plaques de verre et négatifs, qui ont fait l'objet d'un livre paru en 2002 (ci-contre). Des prises de vues non légendées, étonnantes de pudeur, où la violence est proscrite. Des photos qui disent la destruction de la forêt vosgienne, et où la guerre se lit sur les visages de ses camarades, cadrés comme autant de paysages.
Marcel Felser fit l'essentiel de la guerre au 1er régiment du génie. Mais selon sa fiche matricule (fiche reproduite en ouverture de l'ouvrage qui lui est consacré), il fut affecté dans les premiers mois du conflit au 36e régiment d'infanterie. Après s'être présenté au dépôt de Caen, il fut envoyé sur le front, alors que le régiment stationnait dans les bois de Beaumarais. C'est là sans doute qu'il reçut sa formation militaire. Par une froide journée d'hiver, il saisit une scène avec son objectif montrant un soldat se recueillant devant une sépulture, sur laquelle on peut lire "J.B. Duval, 36e d'Inf, 3e Cie" (photo ci-dessous) Il s'agit de la tombe du manchois Jean Baptiste Duval, natif du petit village de Digulleville, tué le 27 janvier 1915 au soir dans un bombardement du mont Hermel.
Une photo de Marcel Felser réalisée dans les bois de Beaumarais
pendant l'hiver 1915 (© Laurent Felser)
Cette photo est la seule identifiable, à ma connaissance, réalisée par le jeune garçon de 21 ans dans les bois de Beaumarais. Il photographiera bien d'autres cimetières, de plus en plus vastes au fur et à mesure des années. Son objectif capturera aussi des images de ruines, de tranchées, de la gare de Thann, de sa future femme… Des images d'une grande modestie, dont l'homme ne semble s'être jamais départi tout au long de sa vie. Démobilisé en 1919, Marcel Felser vivra dans l'Yonne, où il sera directeur régional de l'Urbaine Electrique, à Auxerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il s'engagera dans la Résistance, mais il sera arrêté le 15 octobre 1943, à la suite sans doute d'une dénonciation (lire le bulletin n°11 de l'Arory). Déporté en janvier 1944 à Buchenwald, il y mourra le 17 décembre de la même année. Selon son petit-fils, Laurent Felser-Martinelli, sa dernière lettre se terminera par ses quelques mots : "Foi, Courage, Espérance, Confiance."

A lire : Un regard sur la Grande Guerre : photographies inédites de Marcel Felser, de Stéphane Audouin-Rouzeau, éd. Larousse, 2002.

2 nov. 2010

Le flâneur du 36e : le jour des morts

2 novembre. Après la Toussaint, où l'on honore les saints, vient la commémoration des fidèles défunts. Photo : la sépulture d'Emile Martin, soldat du 36e RI, natif d'Arques, dans le Pas-de-Calais, tué le 28 janvier 1916 près de Foucaucourt (80). Peinture : Le Jour des morts, peint par William Adolphe Bouguereau (1859).