Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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26 sept. 2008

La 7e compagnie au clair de lune

Photo panorama : la plaine, au nord des bois de Beaumarais, où se tenait le petit poste de la meule de paille, attaqué par la 7e compagnie le 12 janvier 1915. La ferme de la Renaissance, à gauche, a été construite après guerre.

A peine installé dans les bois de Beaumarais, en décembre 1914, le 36e régiment d'infanterie s'enquiert de l'invisible frontière qui le sépare de son adversaire. Dans le froid, la pluie ou le brouillard, aux premières reconnaissances succèdent d'incessantes patrouilles du no man's land. Cet espace – le "bled" comme l'appelle les combattants – court de la plaine, à l'ouest des bois, aux terres marécageuses au bas du village de Craonne, et va se perdre dans la grande platitude orientale en direction de la Ville-aux-Bois. Plusieurs sites aménagés en poste d'écoute dans cette zone font l'objet d'une constante observation des Allemands comme des Français: les meules de la route de Craonne à Craonnelle, le jardin potager au pied du mont Hermel, les bois de Chevreux et, plus à l'est, la petite bande boisée du Bonnet Persan, au-delà de la route de Corbény.
Et puis il y a le petit poste de la meule de paille, construit par les Allemands 200 m en avant de leurs tranchées, dans un champ en friche, le long de la route de Ville-aux-bois à Chevreux. Cette position avancée s'organise autour d'un gros tas de foin, entouré par une ceinture de barbelés de plusieurs mètres d'épaisseur. Son effectif est estimé à une quinzaine d'hommes. Le 11 janvier, l'ordre tombe de s'en emparer et de l'occuper. C'est la 7e compagnie qui est désignée, le chef de bataillon Craplet souhaitant tester la valeur de ses hommes. Le sous-lieutenent Charles Osmond est chargé de la mission. Ce dernier, comptable à la Société Générale de Saint-Lô dans le civil, parti comme sergent et promu le 2 octobre, est loué par les officiers supérieurs pour son "énergie" et son "calme parfait". Avec le capitaine Le Rasle (déjà évoqué), il met l'opération au point dans ses moindres détails.
Et le 12 janvier, à 2 heures du matin, il s'enfonce dans la nuit accompagné d'une section de 40 hommes. La suite de ce coup de main est racontée par Le Rasle dans son rapport daté du même jour : "(La patrouille) a pu arriver à environ 40 m de la meule sans être éventée. Un sergent et 2 patrouilleurs purent s'avancer jusqu'à quelques mètres et rendre compte que le poste n'était pas couvert par des fils de fer. Le reconnaissance fut éventée à ce moment, et le poste ennemi ouvrit un feu assez nourri qui, heureusement, était dirigé un peu à gauche de la section. Le sous-lieutenant Osmond fit mettre baïonnette au canon pour s'élancer sur le poste. Au bruit que l'ennemi entendit sur sa gauche, le poste allemand s'enfuit en se dispersant au galop dans la direction du bois de Chevreux (ils étaient une douzaine). La section, occupa immédiatement l'emplacement et commença à aménager le fossé de la route et quelques trous de tirailleurs existant." Après avoir laissé en poste un sergent et douze hommes, la section du sous-lieutenant Osmond revient dans les bois de Beaumarais. Puis, dans les jours qui suivent cette petite incursion, des travaux d'aménagement sont entrepris. Une sape, longue de 200 m, conduisant au petit poste est creusée par les Français, et une occupation du poste "sans dicontinuer" est décidée. Enfin, Charles Osmond est cité à l'ordre du jour et a même droit aux honneurs de la presse, sous la forme d'un entrefilet dans Le Moniteur du Calavdos, qui paraît dans la semaine du 4 au 11 février 1915 !

A lire sur ce blog, la mort de Charles Osmond

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