Selon sa citation, le futur capitaine Eugène-Victor
Girard (qui s'illustrera à Neuville-Saint-Vaast en juin 1915) "a par quatre fois repoussé à la baïonnette, en tête de sa compagnie, les 16 et 17 septembre, de violentes attaques allemandes" devant les bois de Soulains. |
Pour certains, qui n'ont pas connu Charleroi, ce fut la première expérience des bombardements, entre autres des terribles "marmites". Le soldat Auguste Cômes, natif de Mannevillette, grièvement blessé ce jour-là, racontera bien des années plus tard en quelques mots l'horreur absurde de ces moments : "Dès la blessure ressentie, je dis à mon copain juste à côté de moi: «Guette ma jambe»... Pas de réponse… Le copain avait eu la tête emportée… Il était décapité." Touché par un éclat d'obus à la jambe gauche et à la main droite, le soldat Cômes sera emmené sur une civière hors du champ de bataille, puis momentanément abandonné sur place par les brancardiers à cause des tirs allemands. Secouru de nouveau, il sera amené sur le parvis de la cathédrale de Reims, où, selon son récit, les blessés étaient "triés" en fonction de la nature et de la gravité de leurs blessures. Ils seront ainsi des dizaines à être acheminés à Reims, à dix kilomètres de là, et soignés sous les bombardements dans des structures sanitaires improvisés, sur des matelas, des paillasses, des canapés ou sur de la paille : à l'hôpital auxiliaire (HA) n°101, dans l'Ecole professionnelle de filles, 23, rue de l'université, où sera pansé Jules Champin et où mourra, parmi tant d'autres, Henri Osmont, originaire de Trouville ; à l'HA n°47, dans l'usine Sainte-Marie, rue Boudet, où décèdera Emile Aze, natif de Ryes ; à l'HA n° 59, dans la clinique Lardennois, 21, rue de Savoye, où Aimé Lemullois, né dans le petit village de Bazenville (à 5 km de Ryes…), rendra son dernier souffle…
Selon le commandant Bernard, qui rédigera un rapport le 21 septembre sur cet engagement, les pertes du régiment sur ces cinq journées seront, hormis le 2e bataillon, enfermé au château de Brimont, de 750 hommes. Sur cette même période, pour les trois départements de la Basse-Normandie, 89 soldats du 36e RI sont déclarés "morts pour la France" sur le site Mémoire des Hommes. Dix-neuf possèdent une sépulture dans une nécropole militaire : à Reims (7), Sillery (5), Sommepy-Tahure (4), Suippes (2) et Soupir (1).
Merci à Laurent Langlet pour le témoignage de son arrière-grand-père.
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